E. ANDERSON président Liou Chao-Chi) 30 • De même, les anciens cadres supérieurs sont encouragés à oublier leurs griefs et à réassumer leurs fonctions - mais se voient rappeler les conditions préalables à remplir : confession publique des erreurs commises, interdiction de s'y soustraire sous prétexte de n'avoir pas d'erreurs à avouer, enfin et surtout défense de se plaindre des sévices subis ou de mettre en cause leurs auteurs. Bref, à condition de se repentir, ils seront les bienvenus, quel que soit leur retard à rejoindre le camp maoïste :n. Le résultat de cette ambivalence est que les choses n'avancent guère. Aussi le Comité révolutionnaire de Changhaï se félicite-t-il de recevoir une nouvelle directive de Pékin tendant à la concentration des efforts sur la lutte contre le « Khrouchtchev chinois » et la fameuse « poignée » de ses agents. Indépendamment de cet objet avoué, la campagne semble également conçue pour mettre fin aux « guerres civiles sans principes » qui n'ont nullement cessé et pour rétablir un minimum d'unité à la faveur d'une offensive concertée contre un ennemi commun. A Changhaï, la campagne va donc prendre des proportions exceptionnelles. A partir du début d'avril a lieu sur l'initiative du Comité révolutionnaire une série interminable de manifestations monstres et de meetings télévisés « de combat et de répudiation » dirigés contre les prétendus agents du « Khrouchtchev chinois » dans la ville 32 • Mais cet effort frénétique semble ne mener nulle part. Tout se passe comme si, au début de tété 1967, l'autorité effective du Comité de Changhaï, loin de s'affirmer, ait faibli. Cette impression est notamment confirmée par la résolution sur « La lutte pour renforcer la dictature prolétarienne » que le Comité adopte au début de juin, et s'emploie à faire connaître avec une énergie particulière 33 • Ce texte révèle que de tous les grands problèmes « résolus » par la révolution de janvier, aucun n'a disparu ; il traduit de manière presque 30. CD, 18 avril 1967. 31. Ibid., 16 mars 1967; WJJP, 5 el 9 mai 1967. 32. Les • principaux agents ~ de Liou à Changhaï n'étaient pas encore désignés par leur nom à cette époque, mais ont été officiellement identifiés depuis lors (CN, 7 oclobre 1967) comme étant Chen Pei-hsien, ancien premier secrétaire du Comité municipal du Parti el secrétaire du bureau du Parti pour la Chine orientale, el Tsao Ti-chiou, ancien maire de Changhaï. Chen avait déjà disparu au début de 1966, soit qu'il ail été discrèlemenl expulsé, soit qu'il ait pris une prudente retraite. On continua de l'attaquer sans révéler son nom Jusqu'en mai 1967, date à laquelle l'agence Japonaise J<yodo annonça qu'il avait (·l(· à Chunghaï le principal objectif d'une • réunion d(' lui le • lflévisée. Après la disparition de Chen, ses fonctions furcn 1, semble-1-il, a,ummécs par le maire Tsao Ti-chiou, mols C('lui-cl, r\ l'automne 1966, devint à son tour la cible clef! uthHfll<'S de gnrd<•s rouges et disparut également cil' la srl'n(' polillq11C'. 33. HC, :l Juin 1967. BibliotecaGino Bianco 169 pathétique l'impuissance des nouveaux dirigeants. Les révolutionnaires prolétariens sont appelés une fois de plus à dépister, dénoncer, répudier et combattre résolument tous les « vents néfastes » dans les zones urbaines aussi bien que rurales, et plus particulièrement l' « économisme », l'individualisme, la spéculation, le marché noir, le vol, le pillage, le sabotage de la propriété d'Etat, les tentatives de révision des procès de contre-révolutionnaires et autres « droitistes » condamnés, la fomentation de la discorde entre civils et militaires, les attaques contre les institutions de Ja dictature prolétarienne et les plaidoyers en faveur du libéralisme bourgeois. Il faut dissoudre les « organisations corporatives économistiques », autrement dit les syndicats ouvriers, et empêcher la reconstitution de celles qui sont déjà interdites. Il faut faire la chasse à ceux qui abandonnent leurs postes de travail, aux tire-au-flanc, aux mauvaises têtes qui ralentissent le travail ou sapent la discipline. Le texte laisse même entendre que pour certains suppôts du diable, plus grand le chaos et plus énorme le trouble, mieux cela vaut pour l'avenir de Changhaï. Mais là encore, le Comité n'arrive à rien. Il va multiplier les directives et les injonctions, sans cesse plus urgentes et plus violentes. Au mois de juillet, les éditoriaux et les orateurs publics dénoncent à plusieurs reprises un complot des « ennemis de classe » visant à provoquer un second « soulèvement massif » et le « chaos général ». Ces mêmes éléments s'efforceraient une fois de plus de dresser les travailleurs contre les étudiants et de tromper les masses avec les slogans pseudo-révolutionnaires de l' « économisme » : Dans la grande révolution de janvier, les révolutionnaires prolétariens de Changhaï ont constitué une puissante union et ont lancé un appel urgent, d'une grande portée historique, pour en nnir avec !'économisme contre-révolutionnaire. Pourtant, l'influence très répandue et très pénétrante de celui-ci n'a pas été complètement éliminée. Il est récemment parvenu à reprendre pied. Une poignée d'ennemis de classe ont incité un certain nombre de gens à réclamer une modification arbitraire des relations du travail, ainsi que l'augmentation des salaires et des prestations sociales ; ils vont même jusqu'à faire pression sur le nouvel ordre révolutionnaire en menaçant de ralentir le travail ou de se refuser à certains travaux 3 '. Au cours de cette période, on relève toute une série de mises en garde et d'appels analogues:{", ce qui n'empêche pas le conflit de s'aggraver pendant tout l'été. :l,t. W/11', 1:-l juiJl('I 196ï. :l5. HC, 6 juilll'l 1967; en. 7 j11ilJ('I 1967; \\'Il/>, 5, 16 cl :lO julll<'I 1967.
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