152 jusqu'à supprimer purement et simplement le parti communiste polonais après avoir fait disparaître la plupart de ses dirigeants, lesquels avaient imprudemment accepté son hospitalité. C'est également avec l' « approbation sans vergogne » du « prolétariat mondial » qu'il s'associa avec Hitler pour perpétrer le quatrième partage de la Pologne. Comme disait Molotov devant le Soviet suprême, le 31 octobre 1939, « il a suffi d'un coup rapide porté à la Pologne d'abord par l'armée allemande, puis par l'armée rouge, et il ne resta plus rien de cette monstrueuse création du traité de Versailles ». La Pologne fut de surcroît accusée d'avoir provoqué la guerre mondiale et l'on a pu lire dans la Petite Encyclopédie soviétique ( édition de 1941) qu' « à l'automne de 1939, les dirigeants mal avisés de la Pologne féodale déclenchèrent la guerre contre l'Allemagne sur l'ordre des in1périalistes anglais et français ». C'est sans doute pour punir ces féodaux fauteurs de guerre que les provinces orientales de la Pologne furent annexées et vidées de leur population polonaise (quinze cent mille personnes) « transférée » vers l'intérieur de l'U .R.S.S. entre septembre 1939 et juin 1941 5 ••• On se souvient de temps en temps de ces épisodes de la période du « culte de la personnalité », mais qui pense aux Baltes ? En juin 1940, l'U.R.S.S. prétendit que dans les Pays baltes - avec qui elle était pourtant liée par des traités d'assistance - des « éléments ennemis » menaçaient sa « sécurité ». C'est alors, comme on le sait de moins en moins, que des coups d'Etats imposèrent à la Lituanie, à l'Estonie et à la Lettonie un changement de régime. Les nouveaux gouvernements « organisèrent » des élections et sollicitèrent leur admission dans la « grande famille des peuples soviétiques ». . L'opération avait été préparée par Jdanov, plus tard l'inoubliable promoteur des oukases « culturels », Vychinski, le mémorable animateur des procès de Moscou, et le « général » Sérov, ancien commandant de la garde du Kremlin, promu commissaire adjoint à la Sécurité d'Etat. C'est à ce dernier que fut confiée la tâche hautement « socialiste » de vider les Pays baltes des « éléments réactionnaires », c'est-à-dire de la quasi-totalité de leurs élites. Les arrestations commencèrent en juin 1941 ; la nuit du 13 au 14 juin devait demeurer tristement célèbre. C'est par dizaines de milliers 5. On ignore le nombre exact de Polonais • transférés • en U.R.S.S. Il a fallu attendre 1956 pour que la question du rapatriement füt débattue en public. On sait, d'autre part, qu'un des principaux titres de gloire de Khrouchtchev fut d'avoir dirigé les opérations de << transfert • entre 1939 et 1941. BibliotecaGino Bianco DÉBATS ET RECHERCHES que se chiffrent les déportés en Sibérie et autres territoires de l'U .R.S.S. Les policiers avaient pour mission d'arrêter les membres des anciens groupements politiques et les communistes exclus du Parti, les magistrats, les ministres des cultes, les journalistes, les intellectuels, etc., jusqu'aux espérantistes et aux philatélistes, suspects en raison de leurs relations avec l ' ,, etranger ... Mais revenons à la Pologne. Après l'écrasement de la révolution de 1863, le curateur de l'instruction Apoukhtine, qui supprima plusieurs centaines d'écoles, espérait que « les mères polonaises finiront par bercer leurs enfants avec des chansons russes ». Staline, lui, manqua réaliser ce rêve - mais à l'échelle du monde entier. Il russifia l'Internationale, puis, après la victoire sur le Reich, le tiers de l'Europe. Dans les démocraties dites populaires, il plaça des officiers soviétiques à la tête des armées nationales ; il obligea l'armée polonaise, si fière de ses traditions, à obéir à un renégat à sa patrie d'origine. Sur un signe de lui, Biérut, chef des communistes polonais, fit son deuil des provinces de l'Est, allant jusqu'à proclamer à Moscou : « Nous sommes ici pour demander, au nom de la Pologne, que Lvov soit attribué à !'U.R.S.S. » De même, ainsi que le rappelait récemment le premier secrétaire du P.C. de la « République soviétique » de Moldavie (Bessarabie), « le Comité central roumain avait salué en 1940 la libération [annexion] de la Bessarabie et sa réunion à la grande famille des peuples soviétiques comme une victoire de la justice historique qui comblait les aspirations du peuple moldave 6 » ... Non contents d'applaudir « avec enthousiasme » aux annexions russes, ces lointains « disciples » de Karl Marx ont partout édifié des monuments éléphantesques à la gloire de l'armée rouge et de colossales statues à celle de Staline; allant jusqu'à faire de l'anniversaire de celui-ci (21 décembre), un ersatz du Noël traditionnel. Ayant érigé la reconnaissance de l' « incommensurable préexcellence » de la culture russe en critère suprême de l'orthodoxie « mar~ xiste », ils ont imposé l'étude du russe, devenu en fait langue obligatoire pour accéder à toute fonction tant soit peu importante. Dans tous les pays, ils ont créé des associations « culturelles » d' « amitié avec l'Union soviétique » et, par toutes sortes de pressions, ils en ont grossi artificiellement les effectifs, les moyens financiers et les pouvoirs, obligeant les généra6. Sovietskaïa Moldavia, 16 fév. 1967. Tout autre est l'opinion qui prévaut actuellement dans le P. C. roumain.
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