Le Contrat Social - anno XII - n. 2-3 - apr.-set. 1968

.. 122 point par Staline.) Or les usufruitiers actuels du système ne peuvent ou ne veulent recourir à une terreur comparable. Pour eux le problème est donc nouveau, et grave. Ils ne sont plus à même de contenir la désaffection, voire l'opposition. Mais la manière soviétique de gouverner ne leur fournit aucun moyen rationnel d'intégrer ces courants de contestation dans la vie du pays, comme c'est le cas dans toute cité sainement constituée. Les voici donc condamnés à ce va-et-vient entre l'impuissance et de soudains sursauts de vigueur répressive auquel nous assistons aujourd'hui. Ce qui manque toujours au régime bolchévique, c'est ce qui manquait déjà au régime des tsars et a causé sa perte : une saine collaboration entre Etat et société. · BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Si ce coude-à-coude, condition essentielle de toute politique équilibrée, n'existe toujours pas en Union soviétique, la faute en incombe incontestablement en partie à Lénine. Peut-être est-ce le temps qui lui a manqué. Mais il est plus vraisemblable que Lénine demeura jusqu'à la fin prisonnier de son expérience révolutionnaire et n'accomplit jamais son adaptation au rôle d'homme d'Etat. Or c'est là une métamorphose que doit subir tout révolutionnaire soucieux de servir utilement son pays après la révolution. Lénine fut sans doute le plus grand révolutionnaire de tous les temps. A mon sens, il n'est toujours pas établi qu'il fut aussi un grand homme d'Etat. LEONARD ScHAPIRO. (Traduit de l'anglais)

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==