Le Contrat Social - anno XII - n. 2-3 - apr.-set. 1968

L. EMERY les ouvriers. Lui-même, quand il écrit sans la moindre concession à l'histoire et à la biographie sur ceux qui lui furent de grands compagnons, Homère,- Beethoven, Balzac, Stendhal, Valéry, va toujours à ce qui est trésor universel et, Valéry mis à part, il est clair qu'il choisit de préférence ce qui est en accord avec l'âme du monde, du monde tel qu'il le voit et le conçoit. Faire d'Alain une idole, ce serait le trahir ; aussi avons-nous pu marquer ses limites, mais sa gloire posthume est maintenant telle qu'elle équivaut à une sorte de popularité. Il paraît que les Propos sur le bonheur ont été tirés à plus de deux cent mille exemplaires. Comme on n'y peut chercher la moindre recette charlatanesque en dehors d'une présentation très rafraîchie de la sagesse stoïcienne, il est clair qu'on s'adresse souvent à Alain comme à un BibliotecaGino Bianco 115 maître dont on attend plus de santé morale ; voilà qui est fort bien. En un temps où l'art est souvent démentiel, où foisonnent les sophistes qui prônent l'angoisse et le recours à l'absurde, où une philosophie à la mode ne dissimule pas son intention d'en finir avec l'humanisme et de nous débarrasser enfin de l'âme et de l'esprit, il reste une énergie salubre et claire, un des piliers de l'optimisme. Si tant est qu'il soit besoin de le dire encore pour mieux justifier la présence de cet article en cette revue, les idées politiques d'Alain sont évidemment contraires à n'importe quelle forme de totalitarisme, donc au communisme qui est de beaucoup la plus menaçante. Il pourra figurer à bon droit parmi les clercs qui n'ont pas trahi, ni désespéré de l'homme. LÉON EMERY.

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