110 coup d'arrêt qui peut résulter des menaces rus# ses la nouvelle direction aurait certaines chan- ' ces de restaurer dans la suite l'appareil aujourd'hui paralysé. Entre ces deux interprétations - lès seules qui soient rationnelles - nombreuses sont celles qui demeurent possibles. C'est le moment de ne pas oublier .que le raisonnement d'un communiste comportè bien des éléments absurdes. Il est par exemple parfaitement imaginable que Dubcek et ses associés n'aient en vue que le salut du Parti que Novotny était en train de ruiner par son obstination et sa mesquinerie. Peut-être sont-ils sincères dans leurs efforts pour convaincre Moscou qu'ils sont les meilleurs médecins du régime. Dans cet ordre d'idées, l'attention doit se porter sur ce qui se passe à l'Union des écrivains. Celle-ci, dont la direction se compose presque exclusivement de membres du Parti, a longtemps défié Novotny. Elle alla jusqu'à créer un fonds de secours pour les écrivains mis à l'index et privés ainsi de la possibilité de gagner leur vie. Edouard Goldstucker, président de l'Union, est un communiste de longue date ; président de l'Organisation. des étudiants communistes avant la guerre, il purgea ensuite des années de prison sous le stalinisme triomphant. Maintenant que l'aspiration à la liberté éclate de toutes parts, il devient évident que ces intellectuels révoltés ne se sont. nullement émancipés de la mystique _du Paru. Leur mépris des fonctionnaires, leurs supérieurs hiérarchiques les amène à s'opposer vigoureusement à ' la dictature. Une « conscience de classe » passablement aristocratique, nous l'avons ~' les dresse contr~ les brimades et persécutions infligées aux écrivains non corn- · BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL munistes dont ils publient les écrits, voire le5 essais à caractère politique; en même temps, ils veillent avec vigilance à ce que leurs protégés soient tenus à l'écart des postes de responsabilité à l'intérieur de l'Union. Il n'est pas exclu qu'un Dubcek, tacticien de talent, ne se révèle guère moins « confusionniste » que tels de ces hommes de lettres ... Tableau des plus obscurs, donc, pour ce qui est des intentions et des objectifs des nouveaux dirigeants, lesquels risquent fort, au reste, de diverger dans l'opinion qu'ils ont les uns des autres. Après tout, ne s'agit-il pas d'hommes qui, hier encore, ne se faisaien~. pas scr:upule d'affirmer le contraire de ce qu ils pensaient ? On a vu combien il est difficile d'interpréter leur langage actuel : il est douteux qu'ils s'expriment en toute franchise, même quand ils délibèrent à huis clos. Il reste que toutes ces ambiguïtés ne semblent pas, pour l'instant, entraver sérieusement le mouvement en cours. Ce qui se passe en Tchécoslovaquie ne correspond pas à une révolution dirigée d'en haut. Par suite, la population n'attache pas une importance excessive aux objectifs du pouvoir. Nulle équivoque dans ses aspirations à elle. Le professeur Ivan Svitak, socialiste connu, a pu affirmer que ce que veut le peuple ce n'est pas une quelconque démocratisation, mais bel et bien la démocratie. L'essentiel, pour le peuple tchécoslovaque, est que les hommes au pouvoir n'entreprennent rien contre la révolution en marche et que celle-ci se poursuive sans violences ni désordres, en sorte que soit écarté, si faire se peut, le cauchemar de l'intervention militaire. PAUL BARTON. ,
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