104 en Bohême n'est pas indispensable aux« sansscrupules conscients» de Moscou pour dévoiler leur volonté dominatrice sur l'héritage de Staline. Mais quelque tournure finale que prennent les événements de cet été en Tchécoslovaquie, le communisme international même diversifié en sortira discrédité davantage aux yeux du monde plus ou moins civilisé pour s'être réafP OUR L'HEURE, aucune prévision n'est encore permise quant à l'issue des bouleversements dont la Tchécoslovaquie ne cesse d'être le théâtre. La poussée démocratique court à tout moment les pires dangers ; à mesure que s'affirme le mouvement révolutionnaire, le Kremlin se fait plus rn_enaçant. Certes, l'armée soviétique n'est pas intervenue lorsque les dirigeants ·roumains s'employèrent à réduire la domination russe sur leu1;pays, mais le précédent n'a pas valeur de preuve. La différence de traitement réservé à l'un et l'autre client va de soi. Ses efforts en vue d'obtenir tin peu d'indépendance ont laissé intact le régime totalitaire en Roumanie ; en dépit d'incontestables désagréments, l'Empire soviétique n'en a pas été ébranlé. En revanche, la réapparition de certaines formes de liberté en Tchécoslovaquie risque d'être contagieuse. En effet, celle-ci ne peut que stimuler les profondes aspirations à la démocratie et au progrès qui n'ont cessé d'exister parmi les populations du monde communiste, en Russie comme dans les pays satellites. En Roumanie, il s'agit d'un mouvement centrifuge; les événements de Tchécoslovaquie ~morcent une révolution antitotalitaire qui est centripète de par sa nature même. Son succès finirait par mettre en péril le sys- , . terne tout entler. Personne ne peut dire dans quelle mesure les maîtres du Kremlin sont prêts à sacrifier la paix en Europe centrale et orientale pour mettre un terme à ce· danger. Peut-être se contenteront-ils de ces menaces militaires réitérées qui sont de règle dans la guerre des nerfs qu'ils pratiquent systématiquement. Cependant, il ne saurait être exclu que pareilles menaces soient utilisées pour mettre à l'épreuve l'opinion monBibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL firmé, dans son incarnation soviétique, en tant qu'État essentiellement policier et militariste, incapable de tenir sous le joug un peuple sans défense autrement que par le mensonge, la corruption, la violence, et au besoin la terreur. B. S. diale qu'il s'agirait d'ébranler avant de déclencher une invasion. Révolution dans le calme L'ABSENCEde violence et de désordre constitue le trait saillant de la révolution tchécoslovaque. L'expérience tragique des Hongrois, qui avait d'abord plongé les populations de l'empire soviétique dans la stupeur, puis la résignation, a constitué en fin de compte une leçon qui ne· sera pas oubliée de sitôt. Peu à peu, le désespoir a cédé la place à une résistance de tous les instants, laquelle érode patiemment l'appareil totalitaire sans jamais essayer de l'affronter. La discipline que la population a su s'imposer est largement justifiée aujourd'hui par les progrès rapides de la cause de la liberté. Ce qui reste surprenant, c'est que le pouvoir se soit effondré, durant l'hiver 1967-1968, sans qu'il fût nécessaire de recourir à la violence. L'objectif qui, en Hongrie, n'avait été provisoirement· entrevu qu'au prix d'une insurrection héroïque, après l'échec des soulèvements de Pilsen, de Berlin et de Poznan, cet objectif a été atteint par les Tchèques et les Slovaques sans que persot?-neau-dehors s'en soit aperçu. Le monde extérieur n'a commencé à prendre la situation en Tchécoslovaquie au sérieux que lorsque Alexandre Dubcek eut remplacé Antonin Novotny au poste de premier secrétaire du parti communiste. Quelle que fût l'importance de l'événement, celui-ci a été la conséquence, non la cause, de l'écroulement de la direction du Parti. Bénéficiant jusqu'au bout du soutien sans réserve de Moscou, ayant placé ses hommes de confiance à tous les postes-dés, Novotny
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