P. BARTON (600 000), ou ont péri dans les camps.» Ceux-là aussi avaient dévoué leur vie entière au communisme et au régime soviétique. Sakharov dit encore, dans son epoch-making « Essai» que le Monde et le Figaro ont eu bien soin d'escamoter:« Au moins dix à quinze millions de gens ont péri dans les chambres de tortures du N.K.V.D., soit de tortures, soit d'exécutions, dans les camps de koulaks déportés, de prétendus demi-koulaks et membres de leurs familles (...), camps qui furent en fait les prototypes des camps fascistes [nazis] de la mort et où, par exemple, des milliers de prisonniers ont été tués à la mitrailleuse sous prétexte de surpeuplement ou par suite d'ordres spéciaux ...» Ces chiffres effrayants sont encore au-dessous de la sinistre réalité, mais ne confirment-ils pas ce que le Contrat social a essayé, en vain, de faire connaître en France où la mode littéraire, journalistique, radiophonique, télévisuelle, théâtrale, cinématographique et politicienne de « l'Occident pourri» exalte toutes les variantes du stalinisme, qu'elles se réclament de Mao, de Castro, de Guevara ou d'Ho Chi Minh? En vérité, le plus étonnant est encore l'étonnement de Dubcek et sans doute de ses compagnons d'infortune. Pour comble de dégoût, il faut subir maintenant les« réprobations» hypocrites de gens, de partis et de journaux qui ont approuvé ou excusé jusqu'à présent les pires stalineries et font semblant aujourd'hui de regretter l'agression soviétique contre la Tchécoslovaquie, les uns sans rompre pour autant leur complicité foncière avec les agresseurs, les autres sans renoncer à leurs complaisances envers un pouvoir si riche et puissant. Déjà on avait dû supporter, après le discours secret de Khrouchtchev en 1956, les simagrées des« crapules staliniennes» qui, du bout des lèvres ou de la plume, s'étaient prudemment désolidarisées des menues « erreurs » de Staline. On aura tout vu, et le contraire de tout. Il est clair que le Politbureau soviétique spécule sur la félonie des uns, la facuité d'oubli des autres, l'indifférence ou la lassitude du plus grand nombre. Il n'a pas tort de se référer au précédent de la Hongrie pour penser que l'affaire tchécoslovaque sera vite considérée comme de l'histoire ancienne et que ceux qui persisteront à la prendre au sérieux seront derechef regardés comme des fauteurs de guerre atomique, voire des responsables de la guerre froide (le Monde n'y manquera pas, non plus que ses satellites). En outre l'impérialisme soviétique a des moyens de diversion et tient en réserve plus d'un mauvais coup qui détournerait de l,aTchécoslovaquie l'attention universelle. Déjà il alimente plusieurs guerres atroces, tant au Proche et Moyen-Orient qu'en Afrique; il a armé l'Irak contre les Kurdes (par sympathie pour l'Islam?}, l'Egypte contre le Yémen (pour l'amour des Arabes?), l'Inde contre le Pakistan (et vice BibliotecaGino Bianco 103 versa), il arme l'Algérie (contre qui?), il arme le Nigéria contre les Ibos du Biafra, il arme enfin tous les Etats arabes ou musulmans contre Israël. C'est de Moscou que doit partir le signal de la ruée dévastatrice et exterminatrice promise au minuscule Etat hébreu par les nazis du Caire et de Damas, de Bagdad et d'Alger, que le Monde et ses pareils font passer pour des « marxistes ». Il est notoire que des équipes hitlériennes et staliniennes collaborent intimement au Caire avec les nazis du panarabisme pour en finir avec Israël, le rayer de la carte et en anéantir la population. Un armement soviétique formidable, en partie d'origine tchèque, s'accumule à cet effet tout autour de la Méditerranée orientale et méridionale. La dérision nuisible dénommée par antiphrase Nations Unies, qui abrite les manigances soviétiques et couvre les agissements arabes, ne sait que condamner d'avance la victime de la prochaine agression impérialiste soviéto-panarabe. Feu la Société des Nations, au moins, avait exclu le gouvernement de Staline après son attaque perfide contre la Finlande. Fait significatif, parmi les rares approbations du deuxième mauvais coup de Prague figurent, outre celle de l'inévitable Ho Chi Minh, stalinien indécrottable, celles de trois Etats « arabes», Egypte, Irak et Syrie, étroitement liés à_ l'Union soviétique contre Israël. Ce que nous avons ici toujours dit se confirme encore à la lecture du mémorable« Essai» de Sakharov qui non seulement apparente Staline à Hitler, les communistes aux nazis, mais quoique mal informé sur ce point de politique extérieure dénonce, pour qui sait lire, la responsabilité directe de Moscou dans l'état des choses au Proche-Orient. L'absolution accordée par les démocraties séniles aux assassins d' Imre Nagy et de Maleter, aux massacreurs des ouvriers et des étudiants de Budapest, a prédéterminé le sort de Dubcek et de la Tchécoslovaquie. Selon la réaction occidentale au malheur tchécoslovaque, le destin de l'Etat d'Israël sera mis en question par l'impérialisme auquel sont permises toutes les initiatives, tant par les Nations Unies que par les « puissances » impuissantes. On ne méconnaît pas dans notre revue, de Budapest en 1956 à Prague en 1968, les différences de temps et de circonstances, non plus que l'évolution des données internationales. Il n'y a pas eu d'insurrection en Tchécoslovaquie, ni même de tendances séparatrices décelables par rapport au domaine colonial de l'Empire soviétique. V ne soixantaine de divisions dépassent largement la mesure éventuellement nécessaire à dissuader de tou le résistance un peuple pris à l'improviste, dépourvu d'organisation pour combattre et peu enclin à se sacrifier sans objectif accessible. Un bain de sang
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