LE CONTRAT SOCIAL est du~·pour l'essentiel aux armes soviétiques, lés fournitures chinoises étant relativement minimes. Cependant on se félicite constamment, à Washington, de la« modération» dont les élèves de Staline font preuve. En fait de modération, Brejnev et Kossyguine, ainsi que les maréchaux à leurs ordres, ne- cessent de proférer injures, menaces et sommations à l'adresse des EtatsUnis; loin de faire mystère de l'aide matérielle croissante qu'ils fournissent aux Vietnamiens communistes, et que les Américains constatent ou ressentent, ils s'en vantent à cor et à cri. Ils ne· relâchent pas leur odieux chantage à la guerre mondiale, auquel font écho des millions de choristes, dupes ou complices. On est fondé à trouver singulier que les tenants américains de l' « équilibre de la terreur », théorie qui ne laisse place qu'à des guerres politiques, s'abstiennent de guetre· politique pour ne raisonner et n'agir qu'en termes de guerre conventionnelle ou nucléaire. Post-scriptum L'attitude américaine de non-résistance intellectuelle et morale au communisme, tandis qu~au Vietnam un enchaînement imprévu de causes et d'effets a engagé les Américains malgré eux dans une guerre physique et matérielle, cette attitude a des conséquences qui dépassent de beaucoup l'enjeu sud-est-asiatique. Elle a permis aux communistes de tromper, d'exciter, de dresser partout dans le monde, contre les Etats-Unis, des masses innombrables de protestataires qui influent obliquement sur la politique américaine et par conséquent sur le cours de la guerre. C'est exactement sur quoi spéculent les meneurs de la stratégie communiste pour gagner la partie. Depuis longtemps, le Vietnam est devenu prétexte, l'hostilité haineuse envers les EtatsUnis ·.étant le thème principal, hostilité durable quï se manifeste et doit se perpétuer indépend_amment du Vietnam. Les répercussions s'en font sentir de plus en plus sur des secteurs actifs de l'opinion américaine qui, à leur tour, désorientent le comportement de dirigeants trop embarrassés en politique intérieure pour mettre en ~uvre efficace .leur politique extérieure. Dans l'espoir d'amorcer des pourparlers de paix, Washington a déjà tenté de multiples dé:- marches dont la nomenclature emplirait dix pages de la présente revue : elles n'ont fait que confirmer les agresseurs communistes dans leur intransigeance et dans la conviction de tenir le bon bout. Quatre fois, le président Johnson a suspendu les bombardements aériens, pourtant respectueux des« sanctuaires» et des« objectifs interdits », bombardements dont l'ennemi prétend qu'ils empêchent seuls d'ouvrir des négociaBiblioteca Gino Bianco 91 ti~ns : ce n'est ja~~is assez pour les communistes (au sens stalinien du terme) qui en réalité ne veulent nullement la paix, qui veulent au contraire la guerre jusqu'à défaite américaine pr~uvant que. les Etats-Unis ne sont qu'un « tigre de papier». Tous les gestes conciliants de Washington sont interprétés à Hanoï, à Moscou, à Pékin, à Belgrade, à La Havane, au Caire, comme des signes de faiblesse, des prodromes de capitulation. Pour avoir jusqu'à présent renoncé à gagner« les esprits et les cœurs», les Etats-Unis ont accepté, acceptent encore, d'être stigmatisés comme« agresseurs» et ont laissé croire aux agresseurs réels que ceux-ci auront le dernier mot à la faveur d'une péripétie électorale plausible dans le désarroi de la population américaine. Or, comme l'a dit M. McGeorge Bundy à Harvard (cf. Boston Herald du 12 mars), il n'y a pas de perspective de paix au Vietnam, « excepté au prix d'une victoire complète des communistes». Quelque tournure que prennent d'éventuelles négociations entre Washington et Hanoï, puisqu'il en est tant question, les agresseurs communistes ne cesseront pas leur entreprise de conquête : on ne connaît point d'exemple qu'ils aient respecté un traité, qu'il~ aient tenu parole. Au mépris de tout compromis apparent signé par eux, ils poursuivront leur agression par toutes sortes de moyens, anciens et nouveaux. En matière de clandestinité, de corruption, de chantage et de terrorisme, ils surclassent aisément leurs adversaires empêtrés de traditions et de principes. L' Economist de Londres avait raison de dire (20 août 1966) qu'une troisième guerre mondiale est en cours, laquelle ne ressemble pas aux précédentes (cf. notre article« La troisième guerre mondiale », in Contrat social, n° 6 de 1966), et James Burnham a également raison d'intituler« The Third World War» sa rubrique régulière de la National Review. La guerre du Vietnam n'est qu'un long épisode, ou qu'une phase, de cette troisième guerre mondiale dont Moscou prépare d'autres épisodes, d'autres phases, et d'abord au Proche-Orient, nonobstant les propos rassurants des aveugles et des sourds. Que les principaux rivaux politiques aux Etats-Unis, obsédés de mesquines considérations électorales, refusent de se rendre aux évidences, cela interdit d'approuver leur modus operandi tout en justifiant leur doctrine d'opposition à l'impérialisme communiste, comme le Contrat social l'a fait jusqu'à ce jour. Quiconque a vécu en Amérique a vu et entendu citer maintes et maintes fois, assez mal à propos, la parole évangélique attribuée à Jean l'apôtre : « •.• Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Sur un rlan temporel plus modeste, la vérité qui s impose à l'observateur attentif et impartial est que la Constitution américaine, les institutions amé-
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