90 péninsule indochinoise au despotisme oriental. C~r s'il n'est pas douteux que les Américains fassent honneur à leur signature, il n'y a pas d'exemple que les.commu1listes staliniens aient tenu parole. Les séides d'Ho Chi Minh ne s·e mesureront. jamais avec leurs adversaires dans des élections libres, quoi qu'en pensent certains sénateurs américains stupides; ils ne renonceront jamais à leur besogne de sape et de mine non plus qu'à leurs pratiq:ues terroristes jusqu'à la prise du pouvoir accompagnée et suivie de bains de sang qui scelleraient le destin de ce malheureux pays. Il va de soi qu'après cela, et les Américains ayant ainsi perdu la face, le Sud-Est· asiatique ne serait plus défendable.· Il ne semble pas que les politiciens de Washington ·aient jusqu'à présent compris à quelle sorte d'ennemis ils ont affaire. On répugne ici à employer, même entre guillemets, le mot « escalade » à la 1node, qui décèle une méconnaissance étonnante du communisme stalinien d'Ho Chi Minh et consorts, car ce vocable sousentend l'idée de les amener à résipiscence en graduant comme à regret des coups supposés propres ·à les mettre enfin à la raison. Rien de plus contraire à la- nature du danger auquel il importe de faire face, et lequel exige d'opérer vite et fort là où l' « escalade» consiste à opérer crescendo avec lenteur et retenue. En la circonstance, le temps favorise les agresseurs, non les défenseurs, cependant que les uns et les autres ne font pas la même guerre. Sans s'immiscer dans la critique spécifiquement militaire qui relève de spécialistes, mais en commentant la politique que la guerre continue par d'autres moyens, on a déjà observé ici que les Américains ont toujours évité d'atteindre l'ennemi dans ses œuvres vives, se bor-· nant à viser des voies de communication, de$ positions avancées, des dépôts de matériel que Moscou· et Pékin remplacent sans retard. Ils n'ont jamais osé l'équivalent de ce que firent en. 1946 les Français bombardant Haiphong et faisant là quelque six mille morts. Ils respectent des zones dites « sanctuaires » où les communistes se regroupent,_ s'entraînent, accumulent des moyens ~e combattre. Ils tolèrent ·le passage des hommes et des armes du Nord au Sud par le Laos et le Cambodge, ils permettent le trafic intense du port d'Haïphong (67 des 78 cargos qui ont ravitaillé ces derniers mois les· ports nord.:.vietnamiens battent pavillon britannique, note le Bulletin de Paris du 16 février). On ne conçoit pas pourquoi tel ou tel objectif militaire est bombardé avec deux ou trois ans ·de retard,_ pourquoi est encore épar-. gné tel ou tel autre, à moins d'interpréter l' << escalade >> de la façon la plus dérisoire. Il s'agit de politique tout autant que de guerre .. :Les Etats-Unis n'ont pas fini de payer à un prix exorbitant la fati.te. désastreuse commise LE CONTRAT SOCIAL par Truman en avril 1951 quand il ;a· rappelé MacArthur et renoncé à donner. une leçon aux Chinois en Corée. De toute ,évidence, ils:· oe pourront mener à bien la. mission que -la· con~ joncture historique leur assigne s~ilss' pbstinent à .faire la guerre sans- -vouloir la gagner, s;'ils ménagent les positions essentielles· de. l'ennemi; s~ils.admettent l'anar.chie, et ·.la corruption· il l'arrière, s'ils respectent .chez eux l'incivisme et le défaitisme, s'ils tolèreµt. la .tra:hiso_n au nom de la démocratie, s'ils se laissent bafo~er dans le monde entier sans défen.dre leur-.bon~ neur ni tenir compte des solidarités-nécessalres ... Le président Johnson a parlé le 20 ·mar,s -des :< responsabilités mondiales». des· Etats-Unis· et a dit : « L' enn_emi a entrepris maintenant de combattre dans les cœurs et dans .lés.,esprits américains. » En réalité cela ne dat_e pas -de « maintenant » et il y a très longtemps_ q:ue l'ennemi combat « dans les cœurs et dans-~le~ esprits », mais pas seulement en Amérique. Faut-il encore s'indigner de vo_ir4~ns _up{. )af.s en guerre les personnages officiels, les pnnc1paux leaders politiques, les journaux influents, des généraux et des ambassadeuJTsdivulguer les secrets militaires, dévoiler les plans et les .incertitudes du commandement, révéler les inten- Ç t..- tions, les désaccords et contradictions :au- sein du gouvernement, étaler sur la place ·publique tout ce qui devrait rester confidentiel? · Le 26 février, à Saigon, l' état-..major américain re'.,, nonçait en public à diffuser d~s· informations « ·de grande valeur pour l'ennemi»; on .croit rêver ·en lisant un tel aveu, qui ne justifie qu~ tro.p la présente Chronique (cf. note 1) .et .d'ail~ leurs demeure lettre morte (les. informations révélatrices circulent de plus belle). Le--~2mars M. Dean Rusk, secrétaire d'Etat, refû.se enfin . devant une commission. du .Sénat .de répondre en public à des questions qui intéres~ent par tr?p l'enn~mi (mais les renseignements .. ~ p;i;!i-: taires continuent de ~ltrer de toutes parts)~ L·~ 15 mars, la presse publie une v_ue~ériemie·-lrès nette, très détaillée, de Khe Sanh-, pôsitîon:.clef assiégée par l'armée communiste; le g~itféral Giap peut se la procurer pour 80 centimes ?.· ~: . . - A la Maison Blanche et· aû State l:)ep*rt..: ment, les «policy·makers» ne savent pas encore que J. ennemi ·principal des Etats-Unis à_· son quai ·l..1..:-r général à Moscou et leur _faitune·gue}?"e à outrance par Vietnamiens interposés qu'il soutient à fond, qu'il arme, ravitaille et finanee au maximum de ses capacités. Si les Américains ont perdu près de 3.500 avions (inforrtiatitin américairre du 16 mars), c·'est à l'iritérvention soviétique qu'ils en sont redevables. Si les perlés américaines en .hommes_d. épassent, déjà -20.000 tués (dépêche américaine «::I1u4.mars),.leur'.inqrt ,. . .. . ' . . .7. Cf. Herald Tribu_ne et autres journaux du 1.5 mars.
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