Le Contrat Social - anno XII - n. 1 - gen.-mar. 1968

J.. DE KADT ·· sympathisent. avec elles. Car cela démontrerait une nouvelle fois (au cas où une solution du type américain triomph~rait) que l'appui soviétique se serait révélé ,insuffisant pour imposer des solutions du type soviétique. Ce qui détournerait de l'U .R.S.S. un .certain nombre d'Etats et de mouvements, ·qui s·e~ourneraient soit ve~s les Etat&-Unis,soit vers la Chine. Que la balance pénche en faveur du type chaotique et destructif du maoïsme ou, inversement, vers le type construc:tif de l'américanisme, en toute hypothèse· il .apparaîtrait une fois de plus que le modèle russe a dépassé tapogée de sa force d'attraction! On peut imaginer un « révisionnisme·» soviétique considérant pareille· solution comme une occasion, qui ne serait pas malvenue, de réorienter la politique russe. L'abandon d'une politique aventureuse,· la concentration sur les problèmes économiques, sociaux, politiques de la Russie proprement dite et de sa sphère d'influence en Europe orientale, un effort positif pour une normalisation des relations avec les Etats-Unis et avec les pays, européens et autres (notamment le Japon), de type industriel avancé, pourr~ent être considérés par un tel révisionnisme ·comme un gain substantiel, de même qu'il regarderait comme un gain mineur, mais bienvenu, de cesser les livraisons ·au NordVietnam et au Vietcong. Contrairement aux affirmations selon lesquelles l'Amérique devrait abandonner le Sud-Vietnam pour donner aux révisionnistes soviétiques les coudées plus franches dans leurs. efforts vers une coopération pacifique, toute analyse politique réaliste aboutit à la conclusion que l'on ne peut aider un , . . . .,. ,. rev1s~onn1smesov1et1que ser1eux que par une défaite russe indiscutable au Vietnam. La défaite relative des Russes à Cuba a eu pour• conséquence un affaiblissement de l'aventurisme communiste. Une autre défaite au Sud-Vietnam ne pourrait que fortifier les forces qui, à l'intérieur du communisme, sont opposées à tout aventurisme, surtout parce qu'elle signifierait en même temps une défaite pour l'aventurisme exacerbé de Mao et de Lin Piao. Inversement, une défaite des Etats-Unis au Vietnam ne stimulerait pas seulement l'aventurisme chinois, mais contraindrait également les Russes à intensifier leur concurrence avec le maoïsme dans le monde, favorisant ainsi l'aventurisme soviétique. On peut évidemment répliquer que l'extrémisme chinois rendrait inévitable une confrontation brutale entre les deux rivaux communistes, ce qui pousserait la Russie à s'orienter vers un compromis avec les EtatsUnis et avec le monde industriel. Biblioteca Gino Bianco · Quant à savoir .comment lé développement interne de la Chine va évoluer et quelles en seront les conséquences, c'est là une .question qui dépasse le présent essai, de même que la question de l'influence qu'exercera Vévolution de la-lutte au Vietnam sur la politique. chinoise (OIJ. peut également se demander si les relai.ions avec la Russie, par exemple, ne serajent pas fondamentalem~nt .transformées. dans l'hypothèse où les Chinois verraient dans l'action aipéricaine au Vietnam prétexte à interventio~, la guerre s'amplifiant. alors pour atteindre les dimensions d'un conflit direct· entre Chinois et Américains).· Il 'importe pourtant· d'aborder id quelques questions essentielles. Les événements de Chine peuvent ·se terminer par une ·victoire complète· des maoïstes. En ce cas, le pays sera à ·ce point affaibli - tant par les conflits internes que par les dommages que· -le maoïsme aura causés à son développement économique - qu'une intervention chinoise au Vietnam, si elle se produisait, ne constituerait pas un obstacle insurmontable à une victoire américaine. Mais il est extrêmement douteux que les maoïstes, qui considèreat !'U.R.S.S. comme leur principal ennemi, offrent aux Russes le plaisir d'une guerre sino-américaine. Jusqu'à présent, si la Chine a clairement donné à comprendre qu'elle entendait que la guerre se poursuive jusqu'au dernier Vietnamien, elle n'a nullement montré qu'il entrait dans ses intentions de s'engager totalement elle-même. Soit dit en. passant, cela justifie la conception selon laquelle une action américaine directe contre le Nord, dépassant largement l'ampleur des bombardements actuels, pourrait être entreprise si elle s'avérait réellement nécessaire à la consolidation de la sécurité militaire du Sud. Mais comme la suite de notre essai le montrera, une intervention plus poussée au Nord n'est pas nécessaire. Or il convient toujours de limiter dans toute la mesure du possible les opérations militaires pourvu qu'elles suffisent à atteindre les objectifs politiques voulus. Pour en revenir à la Chine, une victoire des antimaoïstes pourrait être celle de groupements qui souhaitent un rapprochement avec !'U.R.S.S., par conséquent un front commun en vue d'une défaite américaine au Vietnam. Mais l'étude des troubles en Chine amène à constater qu'il n'existe que des différences mineures entre les sentiments antirusses des maoïstes et des antimaoïstes, et que les divergences réelles sont d'ordre économico-social, d'une part, et ont trait à l'organisation et à

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==