2 sont en jeu, ayant une portée infiniment plus grande que celle d'un conflit dans une région limitée de l'Asie du Sud-Est ? Ainsi donc, même si c'est une circonstance heureuse que - comme le pro1:1vetout examen sérieux - la masse de la population .du Sud, quel que soit son désir de paix et de calme, exècre les terroristes du Vietcong et ne ressent qu'aversion pour les situations sociales établies au Nord et la dictature de fer qui y règne, de sorte qu'elle repousse l'unification du pay:, si celle-ci devait impliquer une assimilation avec le Nord, il importe de déclarer sans équivoque que tout cela ne saurait être déterminant quant à l'attitude qu'il convient de prendre à l'égard de la question vietnamienne si l'on donne la priorité à la politique mondiale. Les priorités que reconnaît la politique mondiale sont fréquemment en contradiction avec les aspirations humaines aisément compréhensibles des groupes de population qui souffrent de la lutte des forces en présence, et pour qui le choix naturel serait donc : supporter une tyrannie qui donne le calme et la sécurité., plutôt que de poursuivre des guerres qui n'apportent que dévastations et exigent d'innombrables victimes. Lors de l'occupation hitlérienne en Europe occidentale, à quiconque aurait .demandé aux habitants des territoires occupés s'ils. n'étaient pas pour une paix immédiate impliquant la suprématie allemande, il aurait certainement été répondu qu'il fallait bien s'accommoder du sort qui avait frappé le pays et qu'il fallait mettre fin le plus rapidement possible à la poursuite insensée de la guerre contre une Allemagne en toute hypothèse invincible sur le plan militaire. Ainsi pensaient, en ce qui concerne les· PaysBas, le président du gouvernement de ·Londres, M. de Geer, màis aussi son prédécesseur dans cette charge, M. Colijn, demeuré aux Pays-Bas, et qui n'était certainement pas à ranger parmi les « mous ». Ainsi pensaient en Belgique aussi bien le roi· Léopold III, patriote convaincu, qu'Henri de Man, pionnier de la social-démocratie aux idées internationales. Et Pétain et les siens, qui défendaient des conceptions semblables en ·France, exprimaient des sentiments qui, à l'époque, trouvaient certainement plus d'écho. dans la masse de la population que ceux qui, avec de Gaulle, l'incitaient à poursu1vr~ la guerre et à organiser .la résistance. Alors que les Allemands océupaient toute l'Europe, après une série de victoires remportées presque sans coup férir, une guerre, « qu'il n'était d'ailleurs plus possible de gagner sur· le . Bibli.otecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL . ' . ' . plan ·militaire », était pori~suivie par un <~ aventurier » •èomme Churchill; saçrifiant nori' ·sëulè-· me~t le peuple britanniquè, inais'·atissi le_sautres; peuples d'Europe, à son désir de· maintenir un impérialisme britannique sura1:lflé·et :·de sauvegarder· les privilèges des p~outoèrates du· Royau~ me-Uni qui se paraien(faussement du ··nofn.-•de· démocrates. C'est ainsi que les ·choses ·appa~· raissaient non seuleme~t dan·s la ··propaginde nazie, mais aussi à travers les ràisenneménts tortueux de tous ceux ·qui souhaitaient l.Ûle paix· immédiate, donc une capitulation - et ericote; ne l'oublions jamais, .dans le_s_app~ls,à la _paix tout aussi tortueux lancés de -Moscoûpar 'S.tàJipe et Molotov et repris par les ·communistes d~s territoires occupés, jusqu'au moment oq flitlef se tourna contre !'U.R.S.S. · Il est évident que la ~ituation actuell~ da~s-· le monde est tout à fait différente de .celle de. l'époque hitlérienne, mais lés ~ouvepirs -d.'une péri~de durant laquelle les tenants de la capi~- tulation et de la paix, de la paix par- la càpitulation, · tant dans les régions d'Europe éptoùvées par la guerre que parmi les isolationnistes·· et sympathisants du régime hitlérien ·aux Etats:• Unis, spéculaient au profit ·<ilesdespotes· -sur·-le· désir naturel de paix et de calme· -qui existe chez tout être humain - ces souvénirs doivent inci~er à_la réflexi?n tous ceux ·qui-veulent juger la situation au Vietnam en fonction: du critère selon lequel la paix est en toutes· -éirconstanées· le bien suprême. Ces souvenirs· doivent" égalèment f~ire réfléchir ceux qui s'imaginent que· la question est résolue ·dès lots qu'on -croit avoit établi que la grande majorité de la- population· du Sud-Vietnam désire la paix· par-dessus tout~· et que le mon~e ·n'a plus qu'à s'incliner .. * * * . i : j . . . LE VÉRITABLE_ CRITÈRE n'·est pas ce que Pon p~nse au V!~tnam (du· Nor1 ·ou· du· Sud); n1 ce que 1 on- pense en ·Asie du ·Sud-Est:_ ni dans le reste de l'Asie, -ni dans le tier~- monde. Et ce n'est certes pas ce qùe -l'on pense en Europe, car les .pays européens·; ·dans : lëursituation sur l'échiquier international, ont-pJrdti toute _aptitude à penser e? Jermes··de~politique mondiale, et ne sont domines que par des .r.éaations instinctives. · · . . . . Il est ~acile.de d~~rire~~Fs_!éactio~s._Il y ·a, en ·premier heu, 1 angoissfe dominante . d'une troisième guerre .mondiale; angoissé· telle' que 1'_01_n;1'ose mê1:11_e.plusaborqer le problème réel, celui. _de savon commen_tmener une politiqùe mondiale sans la laisser aboutir à une gaérre ... . .,
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