Le Contrat Social - anno XII - n. 1 - gen.-mar. 1968

44 disposer des ressources nécessaires. Il en résulte une dispersion des ressources et l'immobilisation de capitaux dans des projets inachevés ; c'est une des causes du faible rendement du capital en U.R.S.S. Belkine et !vanter proposent donc que la Gosbank encourage les entreprises à mettre leurs capitaux excédentaires à la disposition d'autres établissements. qui en feraient un meilleur emploi ; à cette fin, · la Gosbank paierait un I intérêt .raisonnable sur les fonds déposés. Le taux devrait être légèrement inférieur à celui des crédits accordés par la banque. On voit tout de suite que ·.cette proposition comporte des prolongements intéressants : en effet,. si un tel marché des capitaux était créé sous l'égide de la Gosbank, la suite logique serait de servir un intérêt du même ordre aux comptes d'épargne des particuliers ; dès lors rien n'empêcherait plus un citoyen soviétique de vivre fort légalement de ses rentes ... Détermination des prix -LE PRINCIPEDELARÉFORMeEst d'encourager le directeur d'entreprise à se soucier davantage de rendement et de rentabilité. Mais en l'absence d'une structure rationnelle des prix, comment faire pour procéder au calcul« rationnel » d'une marge bénéficiaire, et pour prendre en conséquence les ·décisions « rationnelles » nécessaires ? S'il est un domaine où s'imposait d'urgence une réforme radicale, c'est bien celui de la détermination des prix ; il est d'autant plus regrettable que les dirigeants soviétiques persistent - sauf exceptions insignifiantes - dans leur refus ·de laisser jouer la loi de l'offre et ·de la demande. Pourtant ce conservatism~, tout déplorable qu'il soit, s'explique : c'est qu'en la matière les Soviétiques ne• sont pas _du tout d'accord entre eux.-Les ·économistes disputent de ce qui constitue un prix, et quant à la façon de le déterminer, les avis en haut lieu sont non moins partagés 68 • L'énormité et la comple~ité matérielle de la t&che à laquelle doivent faire face les organ_ismeschargés à chaque échelon de l'établissement des prix - pour chacune des régions, pour chaque République et pour l'Union tout entière - ont été fort bien décrites par l'Ekonomitcheskaïa Gazeta, dans un article expliquant les savants calculs que nécessite la détermination du prix d'un seul article (il s'agissait en 68. Cf. notamment Sitnine dans Ekonomitcheskata Ga- %eta, no 1, 1966, pp. 12-13; Batchourine dans Kommounist, no 11, 1966, p. 43; et Komine dans PlanovoM Khoziaistvo, p0 10, 1966, p. 13, BibliotecaGino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE l'occurrence d'une paire de bottes de feutre) 69 • Or dans l'économie soviétique, il existe quelque huit à neuf millions de prix, tous à taxer. Ce qui implique, semble-t-il un nombre impressionnant de milliards de rapports de pr~, tous à ajuster en même· temps qu'on ajuste les prix eux-mêmes... Il n'existe pas actuellement d'ordinateur capable de venir à bout d'un telle tâche. Va-t-on bientôt l'inventer·?, C'est pèu probable. Conclusion LA PRÉSENTEÉTUDEs'est attachée principalement aux difficultés d'application de la réforme, en confrontant le modèle théorique avec les réalités quotidiénnes. Mais ces difficultés ·de mise en œuvre ne doivent pas faire oublier les améliorations incontestables apportées par les nouvelles méthodes de planification, de gestion et de stimulation. C'est un réel progrès . que d'avoir réduit le non;ibre des « indices » imposés par l~s autorités centrales, ce qui non seulement accroît l'autonomie des entreprises mais allège le fardeau administratif tant à l'échelon .central qu'à celui de la production. Autres progrès incontestables : le remplacement du val par l'indice des ventes effectives, ce qui réduit nécessairement les formes visibles de gaspillage ; la substitution d'un système d'avances à intérêt au régime des subventions; le' renforcement du système des stimulants matériels et la corrélation plus directe des primes avec les résultats. obtenus ; l'effort de décentralisation des investissements ; l'encouragement des rapports directs entre unités économiques ; la concentration des unités ·de production ; enfin tout ce qui a été et sera encore fait en vue ·de la remise en ordre des . pnx. On peu,t donc admettre que grâce à tous ces perfectionnements, la machine marchera mieux. •·cela dit, des réserves s'imposent. D'abord, comme nous l'avons vu, la portée des réformes est très limitée : il s'agit d'un compromis entre ce qui est rationnel sur le plan économique et ce qui est politiquement réalisable. Les pouvoirs fondamentaux des autorités centrales de planification n'ont subi aucune atteinte; d'elles seules continueront de dépendre les .courants déterminants de la vie économique, le~ structures de base qui la conditionnent. Si la notion de rentabilité intervient désormais davantage - tant pour juger de la marche d'une entreprise que pour déterminer le degré d'intéressement de son personnel - il n'en résulte pas une plus grande élasticité ·des 69 . . Ekonomitcheskaia.G'1%eta, n° 48, 1966, p. 28,

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