Le Contrat Social - anno XII - n. 1 - gen.-mar. 1968

K.BUSH relatif aux livraisons a été élaboré. Il prévoit l'augmentation des amendes frappant les fournisseurs pour les retards de livraison ou la livraison de marchandises défectueuses. L'amende pour retard de livraison était antérieurement fixée uniformément à 4,5 % ; ce taux uniforme sera remplacé par un barème progressif : 3 % pour un retard inférieur à dix jours, mais 8 % au-delà de ce délai. Quant aux livraisons incomplètes ou défectueuses, l'amende se montera à 15 ou 20 % 26 • Autre a·spect de la réalité mis en évidence dès la première année de la réforme : les difficultés de trésorerie de certaines entreprises. C'est ainsi que nombre d'entre ces dernières n'ont pas été à même de payer leurs commandes à la livraison. Or si, dans l'ancien système, on jaugeait le rendement d'une entreprise en se référant en premier à sa production brute, dans le nouveau c'est le montant de ses ventes qui constitue l'indice principal. Aussi les fournisseurs se sont-ils souvent plaints de ne pouvoir se faire payer qu'avec retard, ce qui réduit leurs recettes, et donc leurs profits ainsi que l'importance des « stimulants matériels » prélevés sur ces profits. Tout cela, souligne-t-on, affecte le moral. Les directeurs des entreprises ainsi lésées ont donc proposé de remplacer l'indice des ventes par celui des marchandises livrées. Ils se firent aussitôt rappeler à l'ordre par Birman, l'un des critiques les plus avisés de l'application des réformes. La substitution de l'indice des marchandises livrées à celui des ventes se traduirait, affirma-t-il, par « l'émasculation du · mécanisme d'échange monnaie-marchandises et représenterait un retour à la distribution en nature (...) ; elle porterait atteinte au principe du respect des contrats, mettrait fin à la rentabilité (khozrastchot) et affaiblirait dangereusement la circulation monétaire 27 ». Rappelant les effets inflationnistes de la réforme du crédit instituée en 1931 pour favoriser l'accroissement rapide de la production industrielle 28 , Birman mettait les services responsables en garde contre toute formule qui substituerait à l'indice des ventes (payées) celui des ventes à crédit ; il leur recommandait au contraire de renforcer les mesures assurant la ponctualité des paiements. • Fixation des objectifs du plan PLACÉSdevant des programmes si rigides à tous égards, les chefs d'entreprise s'efforcent 26. Ekonomltcheakala Ga%eta, n° 37, 1966, p. 13. 27. Llteratournala Ga:eta, n° 2, 1967, p. 10. 28. Pour plus de détails, cf. Alec Nove : The Soviet &onom11, New York 1965, p. 120. Biblioteca Gino Bianco 39 traditionnellement de s'assurer, « à toutes fins utiles », une petite marge de sécurité - et établissent en conséquence leurs plans de production. Pour contrebalancer cette tendance et encourager les entreprises à s'assigner d'emblée des objectifs aussi élevés que possible, les participations aux bénéfices prévues au titre de la « stimulation » sont sensiblement plus élevées en cas de réalisation du plan qu'en cas de dépassement des objectifs. Ce qui n'a pas empêché un grand nombre d'entreprises pilotes de continuer à dépasser très largement leurs objectifs de départ. Parfois cette prudence témoigne seulement de l'inertie des responsables : c'est ainsi qu'un combinat chimique a sous-estimé de 5 à 6 % ses objectifs de vente, simplement de crainte de ne pouvoir recouvrer ses créances en temps voulu ou de manquer de wagons pour assurer ses livraisons 29 • Mais en règle générale, si l'on se fixe un objectif modeste, c'est que les primes en cas de dépassement n'ont pas été suffisamment abaissées, de sorte que les entreprises ont toujours avantage à dépasser sans peine les chiffres du plan 30 • On a fait grand bruit dq dépassement de l'objectif industriel en 1966 : au lieu des 6,7 % prévus, la production brute s'est accrue de 8,6 % 31 • Pourtant ces résultats ne sont pas salués sans réserves par les planificateurs. Comme l'a souligné une étude autorisée, la production accrue d'une usine nécessite un accroissement correspondant de la production des entreprises qui l'approvisionnent ; d'où des déséquilibres, voire des disproportions dans l'ensemble de la productio11. Le plus grave problème est celui des approvisionnements. Les entreprises d'approvisionnement fonctionnent conformément au plan ; or un surplus de production entraîne souvent l'emploi d'un surplus - par rapport aux prévisions - de matières premières rares et de fournitures nécessaires à l'exécution des programmes d'autres entreprises. « Il en résulte que l'Etat perd parfois plus qu'il ne gagne au dépassement des plans de production 32 • » Répartition des bénéfices ON DISTINGUE trois catégories de bénéfices dans le nouveau système. D'abord et surtout vient celle des bénéfices prévus au plan, dont le chiffre est déterminé d'avance par les planificateurs en accord avec l'entreprise. Pour la plupart des entreprises pilotes, cette première 29. Prauda, 10 septembre 1966. 30. Planouoié Khoiiaistuo,. n° 10, 1966, p. 27. 31. Prauda, 29 Janvier 1\f67. 32. Ekonomika Souletskoi Oukrarnu, n° 6, t 966, pp. t-12.

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