"t. J. DE KADT gouvernement et par les Américains, et des terres ont été mises à sa disposition ; le partage des terres, qui brise la puissance des gros propriétaires fonciers en faveur du peuple, est en cours. Une vie économique . commence à se développer. C'est là un bilan provisoire. L'affirmation suivant laquelle la lutte au Vietnam « ne peut être gagnée par les armes » est contraire à tous les faits. Ce qui n'est pas achevé, qui est même à peine commencé dans certaines régions, c'est la poursuite de l'ennemi vaincu, le nettoyage LOmplet du pays ; dans le grand delta du Mékong, région fertile et très peuplée, cette opération n'en est encore qu'à ses débuts. Le nettoyage d'un territoire formé eri grande partie de montagnes, de forêts vierges et de marécages, territoire qui constitue un terrain idéal pour la guérilla et qui est accessible à de nouveaux groupes de guérilleros tout au long de ses frontières, prendra de longues années. Le précédent de la Malaisie l'a prouvé. Même aux Philippines - pays qu'il est pourtant plus facile d'isoler puisqu'il s'agit d'une île - où les « Huks » communistes ont été totalement éliminés, tant politiquement que militairement, des bandes de « Huks » irréductibles rôdent encore aux alentours de la capitale, Manille. Mais tant aux Philippines qu'en Malaisie, la guérilla est vaincue. Et ce sera le cas dans les prochaines années au Sud-Vietnam également, si les Américains y restent et si le gouvernement sud-vietnamien mène à bien l' œuvre de consolidation entreprise. Ce que les Américàins ont réalisé en deux ans, depuis le moment où ils sont intervenus directement, permet d'espérer que le nettoyage du Vietnam exigera moins de temps que celui de la Malaisie ou des Philippines. * * * MAIS l'attitude du Nord reste prédominante. Les bombardements, non pas du pays et du peuple, mais de certains objectifs - encore qu'il aille de soi que la population soit atteinte, - n'ont pu jusqu'à présent contraindre le Nord à cesser son soutien au Vietcong ni à ouvrir des négociations. Les Chinois ne veulent pas de la paix. Les Soviétiques peut-être pas davantage, nous l'avons exposé ; et pour autant qu'ils puissent la désirer, ils tardent à le dire ouvertement. Le gouvernement du Nord-Vietnam et les Russes ne comptent-ils pas sur la lassitude des Américains, sur l'effet d'une pression accrue; du Biblioteca Gino Bianco 11 reste du monde sur les Etats-Unis et d'une pression telle sur le gouvernement de Saigon qu'il accorde aux communistes, à la table de conférence, ce qu'ils n'ont pu obtenir par la guerre et le terrorisme : une position qui les mette en mesure de conquérir le Sud par l'intérieur, comme cela s'est passé dans tant d'Etats satellites ? Pareille paix ne serait pas seulement un crime, mais plus encore une faute si énorme qu'on peut difficilement croire que l'Amérique la commette, détériorant ainsi, dans des proportions incalculables, sa position politique dans le monde. Faut-il donc cesser les bombardements pour permettre au Nord de s'asseoir à la table de conférence sans perdre complètement la face ? D'une manière générale, la lutte doit-elle être interrompue dans le Sud pendant que durerait une telle conférence, l'ouverture des négociations allant de pair avec le retrait des troupes américaines ? Ou, au contraire, faut-il augmenter la pression américaine sur le Nord par des bombardements généralisés et une intervention militaire éventuelle ? A notre sens, le programme minimum des Américains devrait se présenter comme suit : arrêt des bombardements au moment où, par des négociations secrètes préalables, on aurait acquis la certitude que le Nord se dispose à cesser tout envoi d'hommes et de matériel vers le Sud et qu'il se contente d'une paix comportant le désarmement du Vietcong, lequel pourrait se présenter comme parti politique à condition d'accepter comme un fait accompli la séparation des deux Vietnam. Le Sud doit demeurer un Etat indépendant et les Américains doivent rester dans le pays jusqu'au jour où le gouvernement de Saigon sera suffisamment affermi pour les prier de s'en aller. Une telle paix serait satisfaisante, et pour le SudVietnam, et pour les Etats-Unis, et du point de vue de la politique mondiale. Se contenter de moins reviendrait à accepter une défaite du monde libre et à récompenser le chantage et la violence. Etant donnée l'habitude qu'ont les Etats totalitaires de rompre les trêves conclues, tout accord devrait être surbordonné à la condition que les promesses du Nord et celles du Vietcong soient garanties par un contrôle vigilant et des dispositions pratiques mettant le Sud en mesure de reprendre éventuellement la lutte. Tant que le Nord se refuse à négocier - et négocier ne signifie pas traîner les choses en longueur, mais implique nécessairement l'acceptation préalable d'un programme minimum, fût-ce à titre confidentiel - la guerre doit être poursuivie. Quant à savoir s'il convient de l'in-
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