J. DE KADT le développement de cette idée nécessiterait tout un volume). On peut évidemment donner la préférence à un autre corps de police, qui ne peut être que soviétique ; c'est la seule alternative, la « garde rouge » des Chinois n'étant pas encore candidate, empêtrée qu'elle est dans sa pseudo-révolution culturelle. C'est entre ces deux possibilités qu'en dernière instance il faudra choisir, quelque respectables que soient les affirmations des partisans de la liberté selon lesquels il n'est nul besoin d'une telle police ; et suivant lesquels, pour ce qui est du Vietnam, on préfère à la force brutale la force de persuasion, non violente, du Vietcong et celle d'Ho Chi Minh. On a incontestablement le droit d'être de cet avis. Mais dans notre conception, ce corps de police doit être américain, même si un tel corps présente les défauts et les dangers inhérents à toute force de police. Les Américains sont intervenus directement dans les affaires du Vietnam après que la « force de police » française y eut fait faillite dans tous les domaines, tant politiques que « policiers ». Remarquons en passant que cette faillite rend assez risibles les sages leçons d'homme d 'Etat que distribue à présent de Gaulle pour la solution de la crise vietnamienne. La faillite française aboutit à la conférence de Genève, en vertu de laquelle le Nord fut livré à Ho Chi Minh à qui l'on faisait espérer en outre une mainmise prochaine sur le Sud, après des élections qui se seraient déroulées ultérieurement, suivant le schéma éprouvé dans les Etats totalitaires. La' population du Nord, . . . . , . communiste par soumission, se serait prononcee en masse pour la réunion du Nord et du Sud; la majorité de la population du Sud, sous la pression communiste, aurait voté de même; et dans la Fédération du Vietnam ainsi formée, l'instauration du régime totalitaire complet dans le Sud aurait suivi alors - selon des témoins dignes de foi, comme Giap et la presse communiste - le même processus amical que dans le Nord. En particulier, le million de NordVietnamiens (en majorité catholiques) qui ont fui vers le Sud, auraient alors reçu leur juste récompense, mais avec eux tous les patriotes vietnamiens qui ont lutté contre les Français pour la liberté de leur pays, non pour l'instauration d'un Etat policier communiste.· On comprend aisément que, devant la perspective d'une victoire totale, Ho Chi Minh se soit contenté d'un accord qui, par souci du prestige de la France, laissait subsister au Sud durant quelques années encore un Etat en perdition. Biblioteca Gino Bianco 9 Le prodige du Sud-Vietnam, c'est d'avoir transformé assez rapidement cet Etat fantôme, laissé derrière eux par les Français, en un véritable Etat indépendant, faible et déficient certes, mais attaché à son indépendance, repoussant le communisme et orienté vers la vie moderne. Un Etat qui commença par refuser de signer le traité de Genève - se refusant ainsi, tout comme l'Amérique, à reconnaître cette construction franco-communiste, ce qui, politiquement, lui ôta toute valeur - et par travailler à sa propre indépendance. Cette œuvre s'accomplit sous la direction du président Ngo Dinh Diem, qui s'appuya en tout premier lieu sur la minorité catholique, petite par le nombre mais importante par l'énergie et l'activité intellectuelle, dans un pays essentiellement bouddhiste, mais où le bouddhisme avait dégénéré en magie populaire et en indolence. Contre tout espoir, Diem réussit à mette fin au chaos suscité par des sectes qui formaient de petits Etats dans l'Etat, et par les communistes restés dans le pays avec mission de contrecarrer toute consolidation, et bientôt renforcés d'adeptes envoyés du Nord, avec lesquels ils s'efforçaient d'intimider la population par un terrorisme systématique. Dans cette œuvre, Diem reçut l'appui de patriotes sud-vietnamiens partisans de la modernisation, et même de bouddhistes sans cesse plus nombreux. Il bénéficia également du soutien des Etats-Unis, restreint au début à l'envoi d'armes devant lui permettre d'assurer la sécurité intérieure et d'un petit groupe d'experts civils et militaires. Si dès le début Diem avait pu disposer de ne fût-ce qu'un dixième de l'aide américaine envoyée par la suite, il aurait pu mener rapidement son œuvre à bien. Mais cette aide lui fut accordée parcimonieusement, encore que le rythme en fut assez rapide pour persuader les communistes du Nord et du Sud que leurs espoirs étaient vains de voir le pays tomber comme un fruit mûr entre leurs mains. Dès lors, le terrorisme communiste prit de l'ampleur ; il fut organisé dans des mouvements dont le Vietcong est le plus connu. Outre cette action de terrorisme, qui dans les villages les plus reculés devint presque irrésistible, les communistes s'efforcèrent de miner la position de Diem par des moyens politiques, et ils réussirent à mettre en branle un certain nombre d'agitateurs bouddhistes en utilisant l'opposition entre bouddhistes et catholiques. Mais les fautes que Diem put commettre, les avantages qu'il accorda à sa famille et à la
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