6 ·ta politique du Parti, d'autre part. Au point de vue de la politique mondiale, on peut considérer la Chine - surtout dans l'état de confusion qui y règne actuellement - comme un facteur secondaire dans le conflit vietnamien. Les facteurs essentiels demeurent les EtatsUiµs _etl'Union soviétique. Mais ce ne sont_pas l~s seuls. L'ensemble de la situation en Asie du Sud-Est et dans les régions voisines (qui englobent aussi bien la Corée, le Japon, les Philippines, Formose, que l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, la Birmanie, l'Inde, le Pakistan, l'Iran - et, bien entendu,. le Laos et le Cambodge, - mais aussi l'Australie et la Nouvelle-Zélande) est et sera affecté par la lutte au Vietnam, et surtout par son issue. Surtout par son issue, · car s'il est possible que certains clichés concernant la solidarité asiatique, le neutralisme, le pacifisme et l' antiimpérialisme règnent en maîtres sur ·l'opinion publique d'un certain nombre de pays asiatiques · aussi · longtemps que l'issue de la lutte· sera incertaine, et ·que les séquelles de l'ancienne doctrine de Sukarno -·- mettant l'accent sur les « ·nouvelles forces montàntes », sur le « vieux colonialisme impérialiste en voie de disparition »· - continuent de prévaloir,· la situation changera du tout au tout dès qu'il apparaîtra impossible de déloger les Etats-Unis de cètte ·région où ils sont en mesure de condamner à l'échec toute tentative d'extension de la sphère d'influence soviétique ou chinoise. En revanche, si les Etats-Unis s'estimaient satisfaits d'une « paix » qui s~rait en réalité un succès pour la guérilla comm_uniste, des doutes naîtraient de toutes parts, et à bon droit, quant à leur puissance et à la confiance qu'on peut mettre en eux. Alors les Etats plus.faibles (Laos, Cambodge, Thaïlanq.e,Birinanje; peut-être même le géant indien) succomberaient sous la pressio~ de la guérilla. Les Etats plus solides y verraient aveç raison une victoire soviétique et chercheraient _un rapprochement avec !'U.R.S.S. Et l'effet s'en. ferait sentir ·dans tout le reste du monde. Il ne s'agit donc pas de ce que les partisans conservateurs d'une victoire américaine au SudVietnam considèrent, d'une m_anièreun peu élémentaire, comme une action ayant pour but « de faire d'une pierre deux coups », mais d'un effet d'une portée beaucoup plus· grande, touchant aux formes du monde de demain : se groupera-t-il autour de l'Amérique ou autour de· la Russie ? L'avenir appartiendra-t-il. à des sociétés ouvertes, coopérant ensemble, ou à des soèiétés fermées qui, comme le montre l'exemple de !'U.R.S.S. et de la Chine, ne mènent pas . Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL à la coopération, mais à une lutte pour-~ vi~ ou la mort? *· * * . . L 'AR~UMENT s~lon quoi la:· présence .a~é~- came en .Asie du Sud-Est, et _plus spectalement Paction militaire au Vietnam,. fait des communistes les seuls combattants de l'idéal national, les seuls à s'opposer au colonialisme et à l'impérialisme blancs, de sorte que la présence américaine dans cette région ne ferait qu'y favoriser le développement ..du communisme - cet argument serait pertinent s'il existait effectivement le moindre danger de colonialisme et d'impérialisme blancs ·dans cette partie de l'Asie. Dans ùn passé récent, les dangers impérialistes qui y sont apparus (après· le retrait des Anglais, des Français et des Néerlandais, ·auquel les Américains, plus que personne, ont contribué) ne sont ve!1USque ~e la Chine, pays asiatique, et de la Russie soviétique, pays semiasi_a_tiqueE_t.. !e nationalisme --:- du moins le nationalisme moderne, disposé à coopérer avec le re.ste du monde, non pas le communisme nationaliste, fer~é, hystérique et me~açant pour ses voisins -· ne peut_ se développer que si_ l'Amérique tient en respect la Chine èt !'U.R.S.S., tout en offrant le soutien matériel - et intellectuel nécessaire pour assllrer le développement à venir. Au surplus, l'Indonésie a d'ores et déjà dém~ntré qu'il est possible· de passer d'un nationalisme communiste hystérique à un nationalisme ·sain, à une époque où les Américains manifestaient leur << présence » au Vietnam et en Asie en .général. En revanè~e, on peut se demander si ce pays aurait pu réaliser cette transformation si les Américains s'étaient retirés, laissant_ainsi la voie libre aux Chinois et aux Russes, .ou sf le communisme· avait, déjà solidement pris pied en Malaisie - on se souviendra qu'il en a été chassé après une lutte de longue haleine contre les guérilleros, ce qui prouve combien il est difficile d'assainir un pays victime ·de -la guérilla, et explique du même coup pourquoi les Américains et les Sud-Vietnamiens sont encore loin d'avoir libéré une· population terrorisée et devront, dans les circonstances les plus favorables, poursuivre la lutte durant des années avant d'y parvenir. La réponse à cette question va ·de soi, tant pour Sukarno que pour Suharto : la · présence américaine est la condition de l' existence de nationalismes asiatiques sains. Une dernière remarque s'impose à ce sujet~ Dans un seul pays, le péuple a eu l'occasion
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