326 l'Iskra (p. 408), un poète« acméiste» 1 (p. 409) ou un artiste du groupe des peredvijniki 2 (p. 411). Ces deux derniers mots figurent avec une explication acceptable dans le Dictionnaire de la langue russe, publié par l'Académie des Sciences, et le dernier est même traduit dans le plus répandu des dictionnaires russe-français contemporains, celui de Schtcherba et Matoussiévitch. ·.Qu'est-ce que Zimmerwald? Et la forteresse de Schlüsselbourg ? Quelques détails historiques et géographiques sur la région de Magadan, ville fondée en 1932 dans une région aurifère glaciale, auraient été plus utiles qu'une « érudition » dispersée et de peu d'intérêt. Autres perles : Pougatchev, « organisateur de la grande révolte des paysans et cosaques du Don de 1773 à 177 5, qui forme le sujet de La Fille du capitaine de Pou~hkine » (p. 406) : le sujet ou l'arrière-plan ? ; Tchitchikov, le personnage célèbre des Ames mortes, devient« un propriétaire terrien » (p. 420). Etc. Les mémoires d'Eugénie Guinzbourg appellent une conclusion. Nous la tirerons d'un rapport de Karl Liebknecht, resté ignoré en France jusqu'en 1965, date à laquelle M. Georges Haupt l'a publié en annexe de son excellente étude sur Le Congrès manqué 3, c'est-à-dire sur le Congrès socialiste international qui devait se tenir en août 1914 - et naturellement n'eut pas lieu. Jusqu'à présent, ce rapport n'était connu que de quelques initiés, bien que publié à la veille de la première guerre mondiale par le Bureau socialiste international. Il est intitulé : « Les horreurs des prisons russes ». Nous citons : Les institutions « constitutionnelles » de la Russie d'aujourd'hui, ces caricatures au milieu du sabbat d'un despotisme oriental, ridiculisant l'idée de Constitution, en soulignant encore la réalité insupportable de la terreur du régime tsariste, de ce régime de terreur qui s'appuie sur la brutalité des barbares asiatiques (...). Les procédés arbitraires et la cruauté avec lesquels le ·tsarisme « préconstitutionnel » s'efforçait d'écraser les héros de la liberté furent pour le monde civilisé tout entier une vision d'horreur dont l'imagi- . nation la plus fertile pouvait à peine se représenter la réalité (...). Une statistique encore incomplète, établie d'après les sources officielles, démontre ceci : Furent condamnés à mort pour « crimes » politiques entre 1906 et 1910 : 5.735 personnes, c'est-à-dire 1. Acméisles. - Groupe d'écrivains qui s'est violem- .ment opposé, de 1912. à 1921, au symbolisme littéraire. 2. Peredvijniki. - Groupe de peintres appartenant à la tendance réaliste-démocrate de la fin du xrx e siècle et du début du xxe, qui se déplaçaient pour montrer leurs œuvres, ce qui leur valut ce surnom d' <i Ambulants,. 3. Georges Haupt : Le Congrès manqué. L'Internationale n la veille de la première guer~e mondiale. Paris, Maspero, (Bibliothèque socialiste), 1965, 299 pp., complément de l'ouvrage du même auteur : La Deuxième Internationale, 1889-1914. Elude critique des sources. Essai bibliographique. Paris-La Haye, Mouton, 1964, 393 pp. \Biblioteca.GinoBianco --j LE CONTRAT SOCIAL presque un sixième de tous ceux qui furent jugés au cours d'un procès politique ; furent exécutées : 3.741 personnes. L'atrocité de ces chiffres ressort surtout du fait que pendant la période de 1825 à 1905, c'est-à-dire pendant les quatre-vingts années qui précédèrent la révolution, ne furent condamnés à mort en Russie au total que 625 << politiques » et exécutés 192 seulement 4 • Entre 1906 et 1910, les instances juridiques condamnèrent pour délits politiques au total 37.620 personnes, dont 8.640 à la Katorga 5 - abstraction faite des 5.735 condamnations à mort, - 4.144 aux compagnies de détenus, 1.292 aux bataillons disciplinaires et 1.858 aux colonies forcées ; chaque condamné fut privé en fnême temps de tous ses droits civiques. Faut-il ajouter un commentaire à ce qu'écrivait en 1914 Karl Liebknecht? Il y faudrait juxtaposer la statistique des répressions soviétiques, laquelle n'existe pas de source officielle, mais qui se chiffre par un nombre astronomique de victimes : un tableau des principales données produites depuis vingt ans, avec l'indication des sources, eût été à sa place parmi les notes, à la fin du Vertige. MICHELBERNSTEIN. L'agitation étudiante FRANÇOIS Buy : Les Etudiants selon saint Marx en Europe et en Afrique. Paris 1967, Editions municipales, 112 pp. VOICI un livre très mal fait, qui a pourtant sa place dans toutes les bibliothèques d'histoire contemporaine. C'est le seul qui existe sur un sujet dont l'importance est méconnue : le mouvement international étudiant depuis la guerre et ses implications politiques. Le syndicalisme étudia.r:it,dont l'influence n'a pas été moindre que celle du syndicalisme ouvrier, attendra-t-il · aussi longtemps ses historiens ? M. Buy est le · . premier . Il a· pour lui le mérite d'une valeur historique certaine. Tout ce qu'il dit de la fondation de l'Union internationale des étudiants, du Fonds mondial d'entraide universitaire, de la Conférence internationale des étudiants (C.I.E. - Co-Sec) et des Unions d'étudiants de plusieurs pays africains est d'une précision et d'une 4. Sans vouloir en rien diminuer l'horreur de la répression tsariste, il nous faut quand même signaler que la plupart des condamnés avaient commis des actes de terrorisme, réussis ou non. Cela vaut pour toute la période 18251910. . 5. Katorga : bagne. ~
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==