Le Contrat Social - anno XI - n. 5 - set.-ott. 1967

B. IŒRBLAY dans plus de 60 % des familles 5 • Le poêle avec son four a quitté son coin dans l'ancienne salle co1nmune pour gagner le centre, de façon à permettre de partager l'espace en plusieurs chambres. Les vieux dorment près du poêle; les jeunes ont adopté des lits. Dans la salle du fond, dont les fenêtres ouvrent sur la rue, chaises et armoire ont remplacé les bancs et les coffres. Le coin d'apparat conserve ses icônes dans près de la moitié des maisons. Des plantes vertes, sur les murs des reproductions ou des affiches criardes, des photographies donnent à la pièce un décor suranné, mais qui traduit le désir touchant de « ne pas être mal jugé » ( niè osoudit'), de « devenir quelqu'un » ( vyiti v lioudi), de vivre « koultourno ». L'électricité éclaire 61 % des maisons kolkhoziennes G. 2. LA FAMILLE.- Le nombre des familles n'a pas diminué, mais leur effectif est tombé de 5,9 membres (1897) d'abord à 4,9 (1926), puis à 3,6 (1959). La réforme agraire et le statut de l'artel ont favorisé l'éclatement des grandes familles, chàque foyer distinct ayant droit à un lot. Puis l'industrialisation a créé des emplois, attirant dans les villes plus de 40 millions de paysans entre 1926 et 1964. La population rurale de 1966 - 107,1 millions - rejoint ' celle de 1897 : 106,7 millions ; en d'autres • termes l'excédent des naissances entre ces deux dates a été entièrement absorbé par les villes et par les guerres 7 • Si l'on compte ceux qui sont partis temporairement à l'armée, sur les chantiers ou dans les écoles, la famille moyenne passe de 3,6 à 3,9 membres 8 • Le nombre des personnes à charge a sensiblement diminué : 0,8 par travailleur actif contre 1,3 en 1917. Malgré tout, cette charge n'est pas légère pour la paysanne lorsqu'il s'agit d'enfants en bas âge (5 % des enfants jusqu'à trois ans bénéficient de crèches permanentes à la campagne). La babouchka} à la ville comme à la campagne, est irremplaçable. Par souci d'économie, l'hiver elle regagne l'izba de ses enfants : la corvée de bois est 5. Stroumiline (in Ekonomika Trouda) a estimé à 103 heures par an les besoins en eau d'une famille; la cuisson du pain exige 300 heures par an (Machenkov: lspolzovanie Troudovykh ressoursov sel'skor mestnosti, Moscou 1965, p. 69). Le pourcentage cité est extrait de Ekonom. Gazeta, 27 Janvier 1965. 6. I. Roujenko : Razvilil> sel'skof elektri{lkatsii SSSR, Moscou 1965, p. 186. 7. La rnain-d'œuvre occupée dans les kolkhozes a dimlnu~ de 19 millions en 1941 (Aroutlounian : Sovietskoe Krut'lamtvo v gody velikor otetchestvennor vofny, Moscou 1963, p. 392). La ponction subie lors de la dernière guerre 1e mesure par ces quelques chiffres concernant la population rurale : 1913 = 130,7 mllllon11; 1940 = 131 millions, 1950 -= 109 mllllons dans les frontières de 1945). 8. Vutnlk Statl,tikl, n° 11, 1961, p. 93. Biblioteca Gino Bianco 309 toujours absorbante et le combustible est rare dans la steppe. 9 millions de ruraux, dont 5 millions de personnes âgées, n'ont pas d'autre préoccupation que celle de leur ferme privée, et les paysannes qui ont des enfants n'ont qu'une participation très limitée au travail du kolkhoze 9 • Cette micro-exploitation est un havre qui assure la subsistance de la famille durant les années de vaches maigres où le kolkhoze ne peut offrir que des menaces ou des promesses. Malgré une élévation substantielle des prix agricoles depuis 19 5 3, le salaire gagné au kolkhoze n'a représenté en 1960 que 29 % des gains monétaires de la famille 10 • Le reste est formé par les salaires « extérieurs », par les allocations et pensions (avant 1964, 17,4 % des kolkhoziens ayant atteint l'âge de la retraite bénéficiaient d'une pension de 5 roubles anciens par mois ; le régime actuel prévoit une pension de 16 roubles nouveaux par mois 11 ), surtout par les recettes de la vente sur les marchés urbains et ruraux (628 nouveaux roubles par famille kolkhozienne 12 ), soit un peu plus de la moitié du salaire annuel « moyen » à la ville. Les revenus en nature continuent de joue~ un rôle important comme dans toute économie paysanne. Suivant le nombre de bouches à nourrir, le nombre de bras et la nature des occupations (vachère, comptable, etc., employé à plein temps, travailleur saisonnier dans la culture), la situation matérielle d'une famille peut varier de 1 à 7 dans un même village 13 • L'éventail était sensiblement le même lorsque Lénine rédigeait Razvitiie kapitalisma v Rossit. Jusqu'ici le principal souci était moins le sort du voisin que l'instabilité des rémunérations versées en fin d'année par le kolkhoze, sauf pour quelques catégories privilégiées. En principe, à partir du 1er iuillet 1966 un salaire minimum de 1,72 rouble doit être garanti à chacun par journée de travail ( 199 journées, en moyenne, par travailleur actif en 1962 14 ). Les jeunes n'ont pas attendu. Ils ont préféré s'embaucher sur les chan tiers ou à la ville 9. Chmelev, Ekon. Sel'sk. l(hoz., n° 10, 1962. 10. G. Slesarev : l\rfetodologiya sociologitrheskovo isslédovaniya problem narodo-naseléniya SSSR, Moscou 1965, p. 82. 11. B Rakitski : Obchtchestuennye fondy potreblénii, Moscou 1966, p. 90. 12. lou. Aroutiounian, Vopro.,sy Filoso{li, n°5, 1966, pp. 51-61. 13. Selo Viriatino v proclilom i 11astoyachtchcm, Moscou 1958, pp. 162-177; Aroullounlan, Vopr. Fil., op. ctt. 14. Porlll povychéniia profzvoditel' nostl, op. cil., p. 63. r

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==