Le Contrat Social - anno XI - n. 5 - set.-ott. 1967

290 tion all~mande, il parvint à se r~ndre ,,aux Etats-Unis pour ne rentrer en Italie qua la fin de la guerre. Ses liens f~mil!aux -: ~n tant que gendre de G. Di Vittorio, secretatre général de la C.G.I.L. {la C.G.T. italienne) et président de la Fédération syndicale _mondiale, mais considéré comme un communiste assez tiède - sa modération relative, et surtout ' fi ' son séjour en Amérique le rent mettre a l'écart. On lui confia le secrétariat de l'association Italie - U.R.S.S. et il siégea deux fois à la Chambre et une fois au Sénat. Il n'a plus aujourd'hui aucune fonction, tout en restant membre du Parti. Historien de profession, G. Berti a donc · travaillé pendant plusieurs années sur les textes qu'il présente aujourd'hui 4 • De tous le~ matériaux dont il disposait, il a écarté ce qui ne concernait pas directement le P.C. italien. C'est ainsi, dit-il, que nombre de textes d:un intérêt considérable relatifs à la « question chinoise » feront l'objet ·d'une publication ultérieure. Ici ont été retenus plus d'une centaine de d~cuments : rapports, résolutions, comptes rendus de réunions, lettres et notes diverses le tout classé chronologiquement et groupé 'par thèmes, chaque groupe étant précédé d'une note explicative qui éclaire singulièrement le débat. Aux documents eux-mêmes, Berti ajoute son propre témoignage, celui d'un des observateurs les plus directs de cett~ période · marquée notamment, en ce qui concern'e le P.C.I., par une modification de pure forme de son orientation po!i~ique. - pour satisfaire en apparence ,~ux inJ?nctlon~ de l'Internationale - et par 1installation, qui se révélera définitive, à la tête du Parti, d'une équipe dirigeante dont la caractéristique essentielle sera, jusqu'à la mort de son chef trent~- cinq ans plus tard, cette soup_les~e,o~ p~utot cette « duplicité » que Togliatti avait maugurée précisément pendant les années en question et dont le P .C.I., malgré toutes les affirmations contraires, est encore loin de s'être débarrassé. Enfin, et ce n'est pas le moindre mérite du présentateur, celui-ci fait précéder la documentation proprement dite par une introduction de près de 200 pages, précieuse mise au point historique de l'évolution de toute l'extrême gauche socialiste italienne depuis 1919, des circonstances où se créa le P.C. d'Italie, puis des conflits survenus à l'intérieur de celui-ci jusqu'à son IIIe Congrès 4. Annali 1966 : 1 prim~ <!ieci~. nni 1i vita .d~l Partito comunista italiano : Documenti Zfledill dell ~rchz~zo Angelo Tasca curati e presentati d!L G~useppe. Ber_ti. MIian 1966, Istituto Giangiacomo Feltrmelh, Feltrmelb ed., 1078 pp. · BibliotecaGino Bianco DÉBATS ET RECHERCHES (janvier 1926), époque à partir de laquelle le témoignage de G. Berti est relayé par les archives. * * * .DÈs L'ABORD, G. Berti souligne les disparités qui distinguèrent très tôt la pe~sée de t~ois des principaux artisans de la scission de Livourne et qui les conduiront à s'opposer plus· tar? : Bordiga Gramsci, Tasca. Les deux premiers rejetaie~t, sans esprit de retour, le passé du mouvement, « une tradition socialiste italienne qui était [ou leur paraissait] inactuelle et condamnée et devait par conséquent être remplacée par celle qui s'était affir~ée avec la révolu~ion d'Octobre ». Mais, tandis que pour Bordiga, intransigeant, et de surcroît antiparlementaire " à l'époque, « il s'agissait de revenir à cette orthodoxie marxiste que la 2e Internationale avait abandonnée au cours des dernières décennies » dès 1916, Gramsci avait condamné l'interprétation traditionnelle du marxisme qu'il jugeait « trop sché.matique », imprégnée de déterminisme économique, de matérialisme, de positivisme, de sorte que la révolution d'Octobre devait lui apparaître comme un fait « qui bouleversait le marxisme traditionnel en y introduisant, ou du moins en y valorisant, un élément volontaire et libertaire, promis aux plus extraordinaires développements». La révolution bolchéviste, écrivait-il dès novembre 1.917, « est la révolution contre le Capital de Karl Marx » : En Russie le Capital de Marx était plutôt le livre de bourgeoi~ que celui de prolé.taires. Il était la démonstration critique de la nécessité fatale que se constituât en Russie une classe bourgeoise, que s'ouvrît une ère capitaliste, que s'y instaurât une civilisation de type occidental avant, que le prol~ta~iat pût même songer à sa revanche, a ses revendications de classe à sa révolution (...). La réalité a fait éclater les s~hémas critiques dans lesquels l'histoire de la Russie' aurait dû se dérouler d'après les postulats du matérialisme historique. Les bolchéviks renient Karl Marx affirment, par le témoignage de leur action (...), que les postulats du matérialisme histo_rique ne sont pas aussi inébranlables qu'on pouvait le penser. Ils ne sont pas « marxistes », voilà tout ; ils n'ont pas bâti sur l'œuvre 1u maître Uf?-edoctrin: s1;1perficielle faite d'affirmations dogmatiques et indiscutables. 'ns vivent la pensée marxiste, celle qui ne s'éteindra jamais qui est filiation de l'idéalisme italien et allemand Îequel, chez Mar~, avait été contaminé par des élénfents positivistes et naturalistes. Et cette pensée reconnaît toujours, en tant que suprême facteur de l'histoire, non les faits économiques bruts, mais l'homme les sociétés des hommes, des hommes qui se rapp;ochent les uns des autres, s'accordent entre eux. développent a1.,1moyen de ces contacts (civilisation) une volonté sociale, collective, comprennent les ,,

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==