Le Contrat Social - anno XI - n. 4 - lug.-ago. 1967

QUELQUES LIVRES fait. Passons sur ce second point, l'imperfection étaht inévitable dans les choses humaines, et notamment dans les recherches bibliographiques. On aura d'ailleurs l'occasion de signaler sinon toutes les insuffisances de cet ouvrage (ce serait atteindre à une inhumaine perfection de la critique) du moins quelques-unes d'entre elles. En ce qui concerne le premier point, il est évident qu'on ne peut jamais être absolument complet. Cependant, certaines bibliographies peuvent plus que d'autres aspirer à être exhaustives et certains aspects, plus que d'autres, doivent être pris en considération. Il y a quelques années, analysant ici la bibliographie de Robert Brécy sur Le Mouvement syndical, Michel Bernstein louait l'auteur d'avoir su fixer des bornes à son travail, limitant sa nomenclature aux matériaux de base - actes des congrès et presse syndicale - et aux ouvrages les plus importants. Il soulignait que l'auteur avait à coup sûr tenu en main les ouvrages qu'il citait. M. Jean Walch, qui entreprenait la bibliographie d'un sujet infiniment moins vaste, devait-il tenter d'être complet ? Cela pourrait se soutenir. Quoi qu'il en soit, il eût pu songer à donner un répertoire complet des matériaux de base, c'est-à-dire des œuvres de Saint-Simon et des saint-simoniens, puis consulter les autres ouvrages pour examiner ceux qu'il devait citer. Il semble qu'il ait procédé tout justement à l'inverse. Son inventaire des matériaux de base est délibérément insuffisant. Quant au reste, c'est une accumulation de références dont l'intérêt est tout à fait inégal, la précision insuffisante, l'exactitude douteuse et le classement difficile à comprendre. Il est d'ailleurs évident que l'auteur ne connaît la quasi-totalité des ouvrages qu'il cite que par d'autres notices bibliographiques, et qu'il n'y en a presque aucun qu'il ait tenu en main et examiné. Si Michel Chevalier, sans doute, est pour lui un personnage familier (c'est le seul auteur, d'ailleurs, dont il enrichisse la bibliographie d'une courte note personnelle3), il semble que du mouvement saintsimonien en général il ne connaisse que certains aspects tardifs. .. .. . L'ouvrage est divisé en six sections (nommées A, B, C, D, E, F), précédées d'un paragraphe sur les bibliographies. En tête de ce paragraphe liminaire vient, bien entendu, le 3. Il s'agit d'une note sur le Coura d' Economie politique fait au Colllr,e de France. TlemarquonR que l'auteur n'indique (n° 362) que deux volumes pour la 1 r• édition (qui en a trois), et ne donne pa1 (n° 368) lei dates de la 2• Mltlon. Biblioteca Gino Bianco 251 travail publié en mars 1833 par le saint-simonien Henri Fournel. De cet ouvrage l'auteur résume en dix lignes la table des matières, et ajoute : « Tout ce qui est actuellement encore utilisable dans cet ouvrage a été repris dans la présente bibliographie. » Doit-on entendre qu'avec le temps certains renseignements bibliographiques deviennent inutiles, et même inutilisables ? Ce serait là une étrange conception de la bibliographie. Au vrai, il n'y a qu'une façon de rendre superflue une bibliographie antérieure : c'est d'en reprendre tous les renseignements avec, au besoin, plus d'exactituJe et plus de précision. Si l'on estime qu'elle offre des détails oiseux, il est aisé de dire brièvement pourquoi l'on pense ainsi, et c'est ce que l'auteur ne fait pas. Aussi ne saurons-nous pas les raisons qui l'ont conduit à laisser de côté une foule de renseignements donnés par Fournel, et dont le résumé de Charléty (dans son Histoire du saint-simonisme, éd. de 1931, pp. 368-374) offre une assez bonne idée. Ces raisons, du moins, nous pouvons les imaginer : l'auteur pc;yse vraisemblablement que les missions, les prédications, la propagande du temps de la rue Monsigny et de la retraite de Ménilmontant sont assez dénuées d'intérêt. C'est un point où l'on reviendra. A la suite de la bibliographie de Fournel, J. Walch fait état des appendices bibliographiques de Lemonnier dans les Œuvres choisies de 1859, de Pereire dans les Tex tes choisis présentés par Bouglé, de Charléty dans l'ouvrage qu'on a cité. On est surpris de ne pas trouver ici mention de La Jeunesse d'Auguste Comte d'Henri Gouhier, dont l'auteur s'est pourtant très largement servi. On est encore plus surpris de ne pas voir cité le nom des Mazzone. Les Mazzone ? Qui sont les Mazzone ? demanderait peut-être l'auteur, puisque sa plume n'a pas écrit ce nom qui ne figure nulle part dans son livre. Et pourtant, J. Walch n'ignore pas absolument que l'institut Feltrinelli a publié « une liste des œuvres de Saint-Simon », puisqu'il l'indique dans une note (p. 31). Mais il ne sait pas ou ne veut pas savoir qu'il s'agit en réalité non d'une « liste », mais d'une bibliographie qui est un modèle de conscience et de précision, que cette bibliographie, d'abord parue en revue, a fait en mai 1963 l'objet d'une publication séparée, et enfin qu'elle n'est pas anonyme, mais porte les noms d'Alessandro Mazzone et d'lmgard Haase Mazzone. S'il oublie Gouhier et ]es Mazzone, Walch en revanche cite divers ouvrages généraux où

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