Le Contrat Social - anno XI - n. 4 - lug.-ago. 1967

236 et B. Kôhler, elle a seulement reconnu avoir commis des ·erreurs politiques et des fautes personnelles et être responsable d'insuffisances· dans son travail.- En dépit de quoi, lors d'une session du Comité central, en février 1951, elle a été, en compagnie de· Sling, représentée conime un adversaire politique dans un rapport rédigé par Kopecky et Gottwald, puis chassée du Parti et ensuite illégalement arrêtée 9. * * * Au couRs de la même session, un rapport présenté par Stefan Bastovansky a dé-. noncé comme agents de l'ennemi de classe V. Clementis et un groupe de dirigeants du Parti et de l'Etat de Slovaquie, tels que G. Husak, L. Novomesky et d'autres. Sans l'ombre d'une preuve, ceux-ci ont été accu~és d'avoir tenté de détruire l'unité de la République au nom du nationalisme bourgeois, Eux aussi avaient commis des erreurs politiques qui furent présentées comme des manœuvres criminelles et contre-révolutionnaires. Dans les premiers mois de 1951, des man-. dats d'arrêt furent établis au nom d'autres personnalités de premier plan dans l'appareil de l'Etat et du Parti, l'économie nationale, l'armée, les services de sécurité et la diplomatie. La plus grande part de responsabilité dans ces arrestations, en dehors de la direction du ministère de la Sécurité nationale et de Kopriva en personne, revient à J armila Tausigova, qui, d'une commission d'inspection du Parti et de son appareil, avait fait un instrument répandant une atmosphère d'espionite, de méfiance et de suspicion. Cette commission établit un système de surveillance et de dénonciation et des dossiers personnels furent ouverts concernant des fonctionnaires du Parti,· où furent versées diverses calomnies et accusations non fondées destinées à être transmises à une « autorité» supérieure de la Sécurité d'Etat. En même temps, quelques membres de la section des preuves et l'ancien service des cadres du Comité central du parti communiste de Tchécoslovaquie s'arrangeaient pour que des déclarations prêtées à de nombreux fone9. Dans le cas de Svermova, veuve du • héros national • Jan Sverma et l'un des plus notables dirigeants du parti communiste tchécoslovaque d'avant guerre, le document (tout en donnant à entendre qu'elle fut la maîtresse de l'accusé Sling, plus tard exécuté) omet un fait important : en février 1951, le Comité central approuva d l'unanimité l'expulsion de Svermova des rangs du Parti, donc également son arrestation consécutive. De même, Clementis, Husak, , Novomesky et autres dirigeants slovaques en vue purent être accusés et plus tard condamnés à mort ou à de longues peines d'emprisonnement, seulement parce qu'ils furent, à l'unanimité, accusés et reconnus coupables de • nationalisme bourgeois • par le IXe Congrès du parti slovaque. Bibli.otecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL tionnaires du Parti fussent rapportées à la Sécurité d'Etat. Les enquêtes menées sur l'initiative du Parti se mêlèrent de manière inad- · missible aux enquêtes effectuées par les organes de sécurité. Certains membres de la Sécurité abusèrent de l'autorité du Parti et cherchèrent à se couvrir de son nom. . . Les recherches ont visé en particulier les camarades qui avaient été internés dans. des camps de concentration, avaient pris part à la guérre .civile espagnole .ou avaient émigré dans des pays occidentaux. Petit à petit, ces personnes ont été suspectées d'avoir été recrutées par les services. de renseignement étrangers et donc de n'être pas dignes de confiance. . . Le cas de . l'ancien ministre adjoint de la Sécurité publique, K. Svab, illustre le caractère anormal de la situation à cette époque. Il a été arrêté bien qu'il eût lui-même utilisé les moyens les plus variés pour démasquer de prétendus espions à l'intérieur du Parti. Finalement, il a été accusé d'avoir été l'allié et le protecteur de ceux-ci, et une confession conforme à ce chef d'inculpation a été obtenue de lui par les méthodes illégales qu'il avait précédemment instituées et utilisées. ~ Au cours du printemps de 1951, la situation a empiré. Parmi les responsables de la sécurité, l'idée s'est progressivement répandue que le personnage central du complot supposé n'était ni Sling, ni Svermova, ni aucun autre membre du large groupe des prévenus, mais que le chef de la conspiration devait être quelqu'un occupant une position encore plus élevée. Au cours des recherches est apparu le nom de Rudolf Slansky, avec lequel nombre des personnes arrêtées avaient travaillé. Dans sa carrière,- Slansky avait commis de nombreuses erreurs poli.tiques grossières. Il était l'incarnatjon même des méthodes erronées employées durant la période du culte de la personnalité, il avait administré l'appareil du Parti d'une façon bureaucratique et n'était pas populaire en raison de ses manières glacées et hautaines envers les gens du commun. Certains membres des services de sécurité ont pensé qu'il y avait là une activité délibérément hostile et que Slansky était un dangereux agent de l'impérialisme ayant placé à divers postes importants des éléments. nationalistes bourgeois, et en particulier des sionistes, én vue d'une contre-révolution. Les tendances antisémitiques ont joué un rôle considérable dans cette affaire. Plusieurs suspects devaient à leur origine _d'être accusés d'activité contre l'Etat et le Parti. Cette optique est fondée sur des principes non marxistes et par la suite elle a été condamnée à juste titre par le Parti.

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