DOCUMENTS activités contre l'Etat. Gottwald et la direction de l'époque ne tirèrent cependant pas de ce fait important les conclusions qui s'imposaient. Tout au contraire, à l'automne de 1949, le feu vert a été donné pour la création d'un service spécial au sein des services de sécurité de l'Etat, dont la mission fut de pourchasser, de démasquer et de liquider les prétendus agents de l'ennemi figurant dans les rangs du Parti. Cette initiative a constitué une grave erreur, car elle a encouragé les services de sécurité à prendre progressivement une prépondérance qui s'est finalement transformée en domination sur le Parti tout entier. Les membres de ce service spécial organisèrent de nombreuses provocations et, en enquêtant sur des fonctionnaires du Parti, ils usèrent de méthodes illégales fondées sur la pire violence physique et psychologique. Par tous les moyens en leur pouvoir, ils cherchèrent à faire avouer aux suspects des crimes contre l'Etat montés de toutes pièces. A cet égard, nous devons dire que plusieurs éléments de l'ancienne police et des anciennes autorités judiciaires travaillaient pour ladite unité spéciale de la Sécurité d'Etat et qu'ils firent preuve de beaucoup de zèle dans les activités répressives contre les communistes. Nombreux sont ceux qui firent passer le sadisme et les instincts· de violence pour de la conscience de classe et de la fermeté, en ayant recours, de leur propre chef, à des méthodes illégales complètement étrangères aux devoirs de la sécurité communiste. Ils mirent à profit l'exemple de la clique à Béria, dont l'activité criminelle a été condamnée de manière décisive par le Comité central du parti communiste de l'Union soviétique et par les XXe et XXIIe Congrès du Parti. Une grave responsabilité quant à l'orientation incorrecte des services de sécurité et quant à l'emploi de méthodes illégales dans leurs fonctions, durant la période 1949-50, doit être attribuée en premier lieu et tout particulièrement à Rudolf Slansky, ancien secrétaire général, qui était à l'époque chargé de la sécurité du Parti. Parmi ceux qui ont des responsabilités égales à celles de Slansky quant à la tendance croissante aux poursuites contre de prétendus ennemis à l'intérieur du parti communiste de Tchécoslovaquie, on trouve d'anc~ens dirigeants éminents, tels que L. Kopnva, K. Svab et d'autres. Cependant, pour dire toute la vérité, nous devons ajouter que les décisions de base en ces matières ont été approuvées d'abord par Klement Gottwald, puis par A. Zapotocky, L. Kopriva, C. Cepicka et d'autres, et cela pendant toute la période allant de 1949 à 1954. Un tournant fondamental dans la campagne de dénonciation des prétendus espions Biblioteca Gino Bianco 235 impérialistes opérant dans le Parti est intervenu avec l'arrestation du principal secrétaire du comité régional de Brno, O. Sling, en octobre 1950. Sling n'avait aucun titre politique ou moral pour être membre du Parti, et encore moins pour y occuper une position importante; son cas aurait dû être résolu par une simple action disciplinaire, conformément à la ligne du Parti. L'arrestation de O. Sling et les accusations d'espionnage et de trahison portées contre lui, ainsi que l'ont montré les enquêtes de 1962-63, étaient dénuées de toute justification. La direction du ministère de la Sécurité publique, créée en mai 1950 et à la tête de laquelle se trouvait Ladislav Kopriva, a néanmoins prétendu trouver en O. Sling l'élément fondamental permettant la découverte d'un prétendu complot contre le Parti et contre l'Etat. On fit usage de tous les moyens possibles de pression physique et mentale pour lui arracher l'aveu de ses prétendues relations d'espionnage avec des services de renseignements occidentaux et la confirmation que des agents hostiles à l'intérieur du parti communiste de Tchécoslovaquie existaient bel et bien. En même temps, on le força à donner le nom de tous ses complices supposés s. Etant donné que Sling était un proche ami de Marie Svermova, elle fut suspectée d'avoir dissimulé les activités de celui-ci ou de les avoir inspirées et d'avoir joué elle-même un rôle important dans la campagne de l'ennemi contre l'Etat et le Parti. Marie Svermova a énergiquement nié avoir jamais eu de projets hostiles ou criminels, et à la vérité elle n'a jamais rien manifesté de tel. Devant la commission du Comité central chargée d'examiner son cas, dont faisaient partie V. Kopecky, G. Bares 8. La question de la responsabilité est relativement simple : les fonctionnaires du Parti - que ce soit Kopriva ou Slansky, Svab ou Bacilek - n'étaient que de fidèles exécutants des décisions unanimes des plus hauts organes du Parti. Une conférence tenue à Prague le 12 décembre 1952 déclarait : • Les organes de sécurité dans toutes leurs activités obéiront toujours et partout aux directives du Parti (... ). C'est le Parti qui décide qui est coupable et qui n'est pas coupable, où les fautes et les erreurs finissent et où la responsabilité criminelle commence ... •· De manière assez curieuse, le document de 1963 déclare que cette responsabilité collective embrasse toute la période 1949-54. Pendant cette période, la direction du Parti comprenait non seulement Slansky, Kopriva, Cepicka, Gottwald et Zapotocky, mais aussi des personnes désignées dans le document par la formule • et autres•· Ces • autres • étaient K. Bacilek, V. Siroky, J. Dolansky, Z. Fierlinger et A. Novotny. Les trois derniers nommés, en tant que hauts dirigeants, approuvèrent toutes ou presque toutes les décisions prises dans les années 1949-54. S'il est vrai que deux des membres du Politbureau d'alors (Siroky et Bacilek) perdirent leurs fonctions élevées dans le Parti, ils demeurèrent cependant membres du Comité central. Au moment où nous écrivons, Dolansky, Fierlinger et Novotny sont tous membres du Comité central du P.C. de Tchécoslovaquie et membres du présidium, et Novotny lui-même reste premier secrétaire et président de la République. Dans la période qui, selon le document, engendra de tels désastres pour le Parti, pour ses membres fidèles et pour le pays tout entier, Novotny occupa les fonctions suivantes : secrétaire du Comité central (depuis le 6 septembre 1951), membre du présidium du Comité central (depuis le 6 décembre 1951), premier secrétaire du Comité central (depuis septembre 1953).
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