232 et à surmonter toutes les conséquences des effets du culte de la personnalité dans notre parti communiste et dans notre pays 1 • Des mesures politiques et pratiques fondamentales concernant les services de la Sécurité, les tribunaux et le ministère public ont été proposées et acceptées lors de la discussion des conclusions du xxe Congrès du P.C. de l'Union soviétique, et également peu après la conférence nationale de 1956; cela pour mettre fin une fois pour toutes aux méthodes i~correctes qui avaient eu cours dans le tr~v_all de ces organismes, de confirmer le rôle <lingeant du Parti et d'assurer son contrôle sur ces importants maillons de l'appareil d'Etat. Ces mesures se sont révélées extrêmement nécessaires et bénéfiques. Dans la période 1955-57, sur la base de faits établis, un certain nombre de camarades, accusés à tort et condamnés illégalement, ont été réhabilités devant la loi et le Parti, les jugements cassés et un dédommagement versé 2 • Récemment, le Comité central du P.C. de Tchécoslovaquie a reçu de nombreux rapports et plaintes concernant certains faits d'importance majeure n'ayant pas été soumis à une vérification objective ni à une analyse définitive dans les années 1955-57. La plupart de ces plaintes, amplement justifiées, jettent des doutes sérieux quant aux conclusions de la commission d'enquête du Comité central sur les agissements politiques de Rudolf Barak. Sous la direction de celui-ci, ladite commission ne s'est pas acquittée convenablement des tâches prescrites, car en 1957 elle a présenté au Comité central des propositions qui ne s'accordaient pas avec les faits et la réalité objective. C'est également la principale raison pour laquelle tous les problèmes liés aux poursuites politiques entreprises contre d'anciens dirigeants du Parti et de l'Etat n'ont pas été encore résolus, et pour laquelle il a fallu entreprendre de nou1. L'assertion suivant laquelle le Parti a appliqué fermement les principes léninistes depuis 1955 est contredite par les faits. Des procès intentés à certains communistes slovaques accusés de • nationalisme bourgeois • eurent lieu en 1954 et les· condamnés furent emprisonnés pendant des années. D'autres personnes furent par la suite traînées en justice après même que la • conspiration • des quinze médecins soviétiques eut été déclarée nulle et non avenue à M'oscou ét que leurs aveux eurent été publiquement révélés comme autant de falsifications. Plusieurs communistes slovaques témoignèrent (au congrès des journalistes à Bratislava en 1963) que, en réalité, les • principes léninistes • ne commencèrent à être introduits dans le- Parti qu'en 1962 et que la lutte contre le « cu!te de la l?er_sonnalité • avait à peine commencé en 1963. L une des VIcttmes de la persécution a pu écrire que la réhabilitation. des victimes des procès politiques • n'avait progressé jusqu'au début des années 60 qu'avec les plus grandes difficultés• (J. Smrkovsky in Rude Prav<i, 9 oct. 1964). D'ailleurs, le document lui-même déclare que • les principaux procès ne furent pas examinés objectivement et sérieusement révisés dans les années 1955-57 •· · · Bibl.iotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL velles enquêtes et réviser fondamentalement certaines conclusions. Rudolf Barak a caché au Bureau politique et au Comité central du P.C. de Tchécoslovaquie des faits pertinents, connus de lui, et qui éclairaient certains côtés des procès politiques d'uri jour différent de celui sous lequel il les avait peints. L'attitude de Barak a été également influencée par la conscience de sa propre responsabilité car, dans les premières années de ses fonctions de ministre de l'Intérieur, des poursuites furent .engagées contre Marie Svermova et son prétendu groupe, contre G. Husak et autres, poursuites qui, comme la présente enquête l'a montré, étaient également illégales 3 • 2. Alors qu'il est légitime de prétendre que plusieurs douzaines de communistes faussement accusés et emprisonnés ont été relâchés et partiellement dédommagés à la fin des années 50, c'est également un fait que ces réhabilitations n'ont jamais été annoncées publiquement et qu'il n'a jamais été révélé comment et dans quelles conditions les droits civiques des victimes, et non leurs droits politiques, ont été rétablis. Après un long silence, tout à coup, sans un mot d'explication, ces gens réapparurent dans la vie courante, nombre d'entre eux en qualité de travailleurs manuels ou d'employés. A cette époque, le mécontentement à l'intérieur du Parti était fort répandu et l'on percevait de plus en plus des pressions en faveur d'une politique plus libérale. Rien qu'à Prague, 235 organisations de base adressèrent au Comité central une requête urgente demandant la convocation d'un congrès extraordinaire. La direction du Parti s'arrangea pour détourner l'orage et organisa en 1956, suivant son propre plan, la conférence .• générale • mentionnée dans le document. A cette conférence, Novotny, premier secrétaire, déclara que la ligne politique générale tracée par le précédent congrès (en 1954) • était et demeure correcte et ne nécessite aucune modification •· 3. Les propositions de la commission Barak ne furent jamais rendues publiques, malgré ·les promesses. Il faut donc réserver tout jugement sur les révélations faites par ladite commission. L'hésitation montrée à cet égard par ✓ l'actuelle direction du P.C. est pour le moins curieuse, étant donné que Barak a été entre-temps privé de toutes ses fonctions dans le Parti et dans le gouvernement et qu'il a été condamné à quinze ans de prison, non pas sur des charges politiques mais pour détournement de deniers publics. En effet, si ces révélations avaient été en contradiction avec les faits au point où le document le prétend, les cinq membres de la commission Barak auraient dt\ en subir les conséquences. Or Cenek Hruska, l'un d'eux, demeura au Comité central jusqu'à sa mort en décembre 1965, et sa candidature fut approuvée à l'unanimité par le XII 8 Congrès en 1962. En outre, Bohumil Doubek et Vladimir Kohoutek, deux des quatre fonctionnaires du ministère de l'Intérieur jugés et condamnés pour atrocités à l'époque des procès politiques, furent envoyés en prison en 1957, c'est-à-dire à un moment où Barak était ministre de l'Intérieur. De plus, dans les nombreuses déclarations publiques et privées des victimes de la persécution, dont certaines furent publiées au milieu des années 60, le nom de Barak n'est pas apparu une seule fois, contrairement à d'autres noms, quand il s'est agi des traitements inhumains infligés à ces personnes. Cependant, il est vrai que Barak ne révéla pas au Politbureau toutes les données concernant les procès. A un moment qui semblait opportun pour affaiblir la position de son principal antagoniste, Novotny, il adressa une lettre confidentiellç à Khrouchtchev. Dans cette lettre, il essayait de persuader le premier secrétaire soviétique que la détérioration de la situation économique en Tchécoslovaquie était directement liée à la liquidation lente et réticente des conséquences du culte de la personnalité dans le pays; il donnait également à entendre que la réhabilitation des crimes judiciaires tchèques était lente parce qu"un certain nombre de membres du Politbureau en exercice avaient pris une part active à l'organisation des procès d'épuration. Khrouchtchev retourna la lettre de Barak à Novotny pour suite à donner. La lutte pour le pouvoir entre N ovotny et Barak entra alors dans sa phase décisive et se termina par le r·ésultat que l'on sait.
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