B. SOUVARINE survivants juifs » (Monde du 2 juin). Dans ces conditions, et alors que de formidables préparatifs d'agression s'étalaient au grand jour, - que les Israéliens aient « tiré les premiers » cinq minutes avant les trois armées ennemies massées aux frontières, on est en droit de les en approuver, n'en déplaise aux épigones d'Hitler et de Staline qui, après avoir raté un carnage sans merci, n'ont pas honte de se montrer pleurnichant à travers le monde. Treize pays arabes ou musulmans se sont solidarisés pour attaquer l'Etat lilliputien hébreu. L'Union soviétique et, sous sa houlette, six autres pays soumis aux communistes, y compris la Yougoslavie, leur ont promis leur concours. L'Inde et le Pakistan ont pris position en leur faveur. La Chine a annoncé l' appui de ses 750 millions (sic) de sujets. La France officielle enfin s'est rangée à leurs côtés, le pays légal affichant son mépris total pour le pays réel. Il n'a sans doute pas existé d'exemple ·d'une pareille .coalition contre un objectif aussi minuscule. Les Etats-Unis et l' Angleterre, mis en cause mensongèrement par les sous-Gœbbels * du panarabisme, n'ont en réalité pas dit un mot, pas fait un geste, en faveur de la victime promise aux · exterminateurs. L'Angleterre, de façon oblique et hypocrite, a même pris parti contre le présumé plus faible. Dans l'alternative de vaincre ou de mourir, Israël s'est défendu seul. Cela nous induit à rappeler, comme dans notre Observateur des Deux Mondes du 1er octobre 1948, ces lignes d'André Suarès : « Je dirai la grandeur des petites nations. Elles seules sont à l'échelle de l'homme. Les gros empires ne sont qu'à l'échelle de l'espèce. Les petites nations ont créé la cité, la morale et l'individu. Les gros empires n'en ont même pas conçu la loi nécessaire et la dignité. Aux empires, la quantité ; la qualité aux petites nations. » Et aussi André Gide qui, à Beyrouth, concluait ainsi une conférence en * Le 14 août 1954, un éditorial du Monde intitulé « Nasser-Janus » se terminait ainsi : « Qui faut-il croire : le calme et lucide bikbachi qui entend mener à bien le relèvement de son pays ou le sous-Gœbbels de service dans les locaux de la radio égyptienne ? » Alors le Monde n'était pas encore assez « orienté » au double sens du terme. Mais on voit que le nom de Gœbbels, comme celui d'Hitler, venait naturellement sous la plume d'un analyste « non aligné ». On lisait dans le Corriere della Sera, de Milan, le 28 mai dernier : « Le monde occidental a été lent à comprendre cet individu [Nasser], ses ambitions, sa politique. C'est un petit Hitler. Non par coïncidence, il s'entoure d'une phalange de criminels nazis auxquels il confie les tâches délicates ou criminelles : espionnage, propagande, organisation d'assassinats ... D'autres nazis travaillent à la fabrication de projectiles, peut- ~tre à l'assemblage d'engins nucléaires tactiques... » Biblioteca Gino Bianco 201 1947 : « Je crois à la vertu des petits nombres, je crois à la vertu des petits peuples, le monde sera sauvé par quelques-uns. » * * * EN ÜCCIDENT, les arabisants, les arabophiles, les arabolâtres, les zélateurs du panarabisme et les scribes stalino-pogromistes font grand cas de I' « âme arabe » et de la « fraternité musulmane ». En fait, tous les pays arabes coalisés pour annihiler Israël sont, de coups d'Etat en coups d'Etat, aux mains de cliques militaires qui passent le plus clair de leur temps à s'entretuer ou à se protéger des assassinats que leurs « frères » complotent. La liste des attentats et des crimes perpétrés depuis seulement dix ans dans les hautes sphères de Bagdad, de Damas, d'Amman et ailleurs au nom de la fraternité musulmane tiendrait ici trop de place. Les « Frères musulmans » organisés en parti ne s'occupent guère que de meurtres et, quand ils se font pincer, c'est à leur tour de périr en prison sous les tortures. Une anthologie des plaintes et protestations au sujet des militants communistes ou supposés tels suppliciés par Nasser donnerait, mieux que certaine littérature, quelque idée de l'âme arabe. Après l'explosion du 29 août 1960 à Amman, qui tua au ministère des Affaires étrangères dix personnes, entre autres le premier ministre, et à laquelle Hussein échappa de justesse, le roitelet traita Nasser de « valet rouge au service du communisme ». Le rescapé ne s'entendit pas moins avec son assassin pour placer l'armée jordanienne sous commandement égyptien dans l'espoir de participer au massacre et au butin en Israël. Perdant principal dans la déconfiture de l'entreprise, il ne compte pas sur l'âme arabe pour sauver ses meubles, mais sur l'âme anglo-américaine. Sa meilleure chance serait pourtant de conclure une vraie paix avec Israël. La paix n'est pas en vue au Proche-Orient, et ailleurs non plus, car pour les communistes de l'école stalinienne et pour leurs satellites, la pseudo-coexistence pacifique n'est que la continuation perfide de la guerre par d'autres moyens. Il s'en faut que l'alliance du communisme et du panarabisme ait épuisé ses immenses ressources : dès le lendemain de la défaite soviéto-arabe, il apparut qu'Israël se retrouvait seul pour résister à des ennemis sans foi ni loi résolus à décupler leurs assauts sur le plan poli tique afin de gagner la partie perdue sur le plan militaire, et sans renoncer pour autant à une nouvelle agression à la prochaine conjoncture favorable. Ayant investi des sommes fabuleuses dans le panarabisme ( environ
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