Le Contrat Social - anno XI - n. 3 - mag.-giu. 1967

K.BUSH Un certain nombre d'analystes économiques en Ocçident ont été déconcertés par une innovation de l'administration centrale de la Statistique lorsqu'il s'agit d'enregistrer l'accroissement du revenu national. Au lieu de mesurer la croissance du revenu national, les porteparole soviétiques officiels se servent maintenant de l'indice de l'utilisation du revenu national ; pendant la période du plan septennal, la première s'est élevée à 5 8 % et la dernière à 5 3 % . Il semble à première vue que Kossyguine n'ait utilisé l'indice le plus bas que pour minimiser les réalisations de son prédécesseur ; il est cependant rassurant que l'accroissement du revenu national envisagé pour la période 1966-70 soit également exprimé en fonction de l'utilisation 4 • C'est le consomn1ateur qui est la principale victime des insuffisances du plan septennal. Les augmentations envisagées dans les domaines de l'alimentation, du logement, de l'habillement, des chaussures, des salaires moyens et des revenus réels, ainsi que les programmes relatifs à la réduction des heures de travail, au relèvement des salaires minimaux et à l'abolition de l'impôt sur le revenu n'ont pas été réalisés ; seule compensation partielle, les réfrigérateurs et les n1achines à laver qui ont excédé les prévisions. Alors que le plan septennal tombe déjà dans l'oubli, jetons un coup d'œil sur ce qu·on appelle maintenant le huitième plan quinquennal, notamment ses dispositions touchant l'industrie, l'agriculture et le consommateur. L'industrie DANS une de ses rares mentions des plans élaborés par son prédécesseur, Kossyguine a reconnu que les objectifs pour 1970 ont été légèrement réduits par rapport aux niveaux prévus antérieurement pour « certaines branches ». Toutefois une comparaison des objectifs publiés au titre du nouveau plan quinquennal avec les buts intermédiaires pour 1970, tels qu'ils figuraient dans le programme de vingt ans de Khrouchtchev, révèle qu'en réalité le total des nouveaux objectifs a été réduit dans des proportions variant de 3 à 68 % . Les réductions globales reflètent une estimation plus réaliste de la capacité économique du pays fondée sur les progrès enregistrés de 4 Ekonomitehe,kara Gazéta, 1966, n° 17, p. 21. Mention ~•t faite de ces deux prlnclpeH dan~ L'U.R.S.S. en chiffre, pour 1961, p. 22. Biblioteca Gino Bianco 169 1960 à 1965 et sur l'acheminement accru des ressources vers le secteur agricole. Le fait que les objectifs concernant les matières plastiques et le gaz ont été réduits de façon plus rigoureuse que ceux relatifs à l'acier et au charbon pourrait amener certains observateurs à voir là une victoire des « mangeurs de métaux », c'est-à-dire des planificateurs conservateurs, partisans de la priorité de l'industrie lourde. Toutefois il est peut-être plus exact d'y voir simplement une tendance à corriger les rectifications excessives de Khrouchtchev. Celui-ci avait compris l'importance des nombreuses techniques nouvelles et il les avait fait adopter malgré l'inertie bureaucratique. On peut cependant lui reprocher - et c'est un des motifs de son renvoi - son exubérance et son manque du sens des proportions. Ainsi, il s'est rendu compte de l'importance du maïs dans la production du bétail, mais il a brutalement forcé ses satrapes à cultiver cette céréale dans les lieux les plus invraisemblables au détriment d'autres cultures. Son patronage des panneaux en béton précontraint a probablement réduit le temps et le coût de la construction, mais il est parti en guerre contre la brique ordinaire avec des résultats déplorables. De même, les matières plastiques peuvent remplacer l'acier dans de norr1breux cas, mais l'acier continuera à former l'armature industrielle ; le pétrole et le gaz supplantent certes de plus en plus le charbon, mais on prétend que de nombreuses houillères ont été fermées prématurément et qu'il n'a pas été tenu compte de nouveaux gisements de houille faciles à exploiter. l\tlalgré l'engagen1ent pris par les dirigeants d'aujourd'hui de transférer des fonds d'investissement plus importants vers le secteur agricole et de procéder à une nouvelle répartition des recettes et dépenses budgétaires en faveur des ruraux, les planificateurs espèrent se rapprocher du taux de croissance atteint par l'industrie en 1961-65. Reste à savoir si le développement de l'automation et les améliorations dans le domaine de la planification annoncées à la session du Comité central de septembre 1965 peuvent intervenir assez tôt pour augmenter la productivité dans les pro- . , portions prevues. Dans l'indice global, le taux de croissance de l'industrie légère est appelé à tripler en cinq ans, ce qui réduira l'écart entre les taux d'accroissement des biens de production et de consotnmation. La fabrication des biens de production devrait continuer à augmenter à une cadence plus rapide que celle des biens de

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