116 le gouvernement, et également dans le domaine de l'éducation, de la littérature et des arts. Parmi eux, le chef de la section de propagande du Parti et le ministre de l'Education. L'existence d'un tel réseau représentait un danger réel pour Mao et son régime. Par le truchement des cadres du Parti dans les universités et les lycées, des idées révisionnistes pouvaient atteindre - et, de toute évidence, atteignirent - un grand nombre d'activistes politiques dans le monde universitaire, professeurs aussi bien qu'étudiants. Qui donc allait se révéler capable de lutter avec succès contre cette vaste conspiration? Quelles forces allait-on pouvoir rassembler pour cette entreprise? La réponse à la première question est simple : depuis 1965, Lin Piao devait assumer les fonctions de Mao en cas de besoin. La réponse à la seconde question est plus complexe. L'appui essentiel fut naturellement fourni par l'instrument dont disposait directement Lin, l'armée. Les maoïstes pouvaient de plus compter sur les services de sécurité et sur certains (mais pas tous, loin de là) dirigeants du Parti placés à des postes stratégiques. Enfin, ils mobilisèrent une nouvelle force, les « gardes rouges ». Lin Piao QuE LIN PIAO l'emporte ou qu'il échoue, son ascension au sommet du pouvoir est un phénomène digne d'intérêt. Lin est en bons termes avec Mao depuis la fin des années 20, mais il n'est pas le seul. Il a combattu avec distinction contre le Japon et contre les nationalistes, mais il n'est pas non plus le seul. Il est à part pour une raison différente. Lin, diton, avait pris le parti de Mao contre le ministre de la· Défense, Peng Teh-houai, en 1958, l'année où les communes furent créées ; il s'était rangé avec décision aux côtés de Mao en 1959, au début de la famine provoquée par les commu.t;ies. Lin s'était ainsi attaché non seulement à un homme, mais encore à une ligne politique, une ligne qui comportait une politique militaire et une politique agraire hasardeuses - et une politique internationale audacieuse et ,dangereuse. . Cette politique internationale avait été formulée dans une Proposition relative à la ligne générale du mouvement communiste international, texte publié par le Comité central du P.C.C. le 14 juin 1963. La date est significative. En 1963, il était enco~e évident que Mao était à la tête du pays, et Lin Piao occupait une position inférieure à celle de Liou ChaoBibli-otecaGino Bianco ' L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE chi et de Chou En-lai. Cette constellation resta fixe jusqu'au début de 1965, mais· au printemps ou en été de cette même anriée, il se produisit des changements importants. Le 3 septembre, Lin publia un article intitulé « Vive le triomphe de la guerre populaire ! » Ce qu'il saluait de ce nom, c'était la lutte révolutiopnaire menée par nombre de pays agraires sousdéveloppés contre les pays industriels « impérialistes ». Selon son exposé, les développements récents permettraient aux « campagnes mondiales » d'encercler, puis de conquérir les « cités mondiales ». C'était là une stratégie que Mao avait employée avec succès durant la lutte pour le pouvoir. Maintenant, les conditions se prêtaient à son emploi à l'échelle de la planète. Dans cette stratégie globale, les guerres de libération deviennent la forme la plus importante du combat révolutionnaire. Les dirige-ants soviétiques, qui faisaient passer au premier plan leur politique de « coexistence pacifique », furent férocement critiqués parce qu'ils ne s'intéressaient nullement aux guerres dites « populaires ». Lin Piao exposa la théorie de façon frappan- - te dans son article du 3 septembre 1965, mais en est-il l'auteur ? Beaucoup de commentateurs le pensent ; aussi trouvons-nous de fréquentes allusions à la « ligne Lin Piao ». Cependant il n'est possible de répondre à la question qu'après avoir analysé les déclarations antérieures, notamment la Propositiàn du 14 juin 1963, laquelle est d'une importance . maJeure. L'article de Lin enrichissait la thèse avancée dans cette Proposition en introduisant les termes « cités mondiales » et « campagnes mondiales ». Ceux-ci n'étaient pas neufs. Le jeune Lénine les avait déjà employés, et Bou- ·kharine 'les utilisa, dans un sens quelque peu différent, particulièrement en 1926 et 1927, alors qu'il était à la tête de l'Internationale communiste. En 1965, ils prenaient un sens encore différent, cette fois en rapport avec le nouveau concept stratégique des guerres populaires. Mais, comme nous l'avons noté, ce concept avait été formulé par le Comité central du Parti, sous la direction de Mao, à une époque où Lin Piao ne comptait pas encore au nombre des adjoints principaux de Mao, et Lin se donna beaucoup de mal pour rattacher son argumentation à la Proposition de 1963. Comme cette dernière, son article soulignait l'importance accrue des mouvements · révolutionnaires en Asie, en Afrique et en Amérique '
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==