104 ment provisoire et, par son contact direct avec le Conseil 5 des ouvriers et des militaires (Soviet depoutatov rabotchikh i soldat), qui avait la confiance des masses, d'avoir localisé la poussée instinctive des passions, des désirs, des appétits ; son mérite, c'est de ne pas avoir laissé dégénérer en émeutes fratricides l'insurrection nationale. On a mal interprété, surtout à· l'étranger, l'activité du Comité ouvrier et militaire. On semblait dire à ses membres : « Vous avez fait la révolution ? L'histoire vous en saura gré. Maintenant éclipsez-vous, rentrez dans l'ombre ! » Le rôle de ce comité a été, dès les débuts, nettement défini : contrôle) critique) désirés par le gouvernement, facilitant la tâche lourde des hommes au pouvoir. Malheureusement, le fameux Soviet était, à sa formation, trop nombreux 6 • Quelques-uns de ses membres eurent l'impertinente illusion de croire qu'il suffisait de faire une révolution pour dicter ses volontés à l'univers et pour réaliser immédiatement le rêve de fraternité universelle. Grisés de leur succès,.certains songèrent un moment à en réaliser sans retard tous les bénéfices. Des isolés réclamaient la paix séparée : cela eût été une folie, un crime, un suicide, un déshonneur éternel. Ce que Nicolas Romanov n'a pas osé faire, la Russie libérée ne le fera jamais. Les morts de l'Yser, de la Marne, de Verdun, les Belges et les· Fran- - çais emmenés en esclavage par l'envahisseur, ont leur part très grande dans la révolution : quel est le Russe qui pourrait jamais l'oublier? En cherchant un terrain d'entente et de conciliation, le comité populaire (Soviet) et le gouvernement provisoire ont acc9mpli un acte de haute sagesse politique et sociale. Cette entente sera utile jusqu'à la réunion de la Constituante. Ce n'est pas le moment de se diviser, l'arme à la main ou simplement la haine au oœur et la menace aux lèvres ; il est, au contraire, indispensable de se faire un crédit mutuel de bonne foi. L'heure des désaccords sonnera toujours trop tôt. L'union des différents partis, condition nécessaire de - toute révolution à ses débuts, ne peut être toujours de longue durée. On s'unit pour le dange~ et pour la victoire ; mais, celle-ci remportée,- les vainqueurs souvent se divisent, les souvenirs du passé, l'antagonisme, les passions se réveil5. Création spontanée des chefs des partis socialistes sur le modèle du Conseil (Soviet) des ouvriers. qui dirigea te mouvement gréviste d'octobre 1905 .. Les Soviets sont à présent organisés dans toutes les régions de· la Russie. 6. 2.000 délégués militaires et 800 délégués ouvriers. Bibli-oteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL lent, dè nouveaux groupes se forment. Les un~ se rallient immédiatement au pouvoir du jour, d'autres lui reprochent de piétiner sur place ou de marcher trop vite; les uns réclament, -les autres menacent. Les ~léments qui se combattent sont _toujours plus nombreux que ceux qui s'associent. Depuis deux siècles, les forces contradictoires s'affrontent sans cesse en Russie, et vous voulez qu'en si peu de temps tout rentre dans l'ordre et qu'une harmonie s'établisse d'un seul coup ? Quelle est la révolution qui a tout réglé en trois mois et quel est· le peuple qui - peut jamais dire : « Chez moi, la révolution est terminée » ? N'oubliez pas qu'une presse nouvelle, révolutionnaire, vient de naître ; elle distille la méfiance aux possédants~-l'espérance d ,, ,,d,, , aux eposse es. · , A la première séance de . la ConventioQ,. Danton trouvait nécessaire de rassurer· l'opinion déjà émue par la presse révolutionnaire. « D'excellents citoyens, disait-il, ont paru présumer que les amis de 1~ liberté pourraient nuire à l'ordre social en exagérant leurs priri-,· cipes. Eh bien ! confondons 'toutes les idées de· désorganisation !... » C'est ·ce que répétait lè ·premier gouvernement provisoire ·russe · et, tout en calmant les esprits au-dedans· et au- · dehors, il ne craignait pas de subir l'influencè du Comité des ouvriers (Soviet) - en renon-. çant à Constantinople -· et de préparer ainsi· la possibilité d'un ministère de ·coalition. · · ,LE RENONCEMEàNTConstantinople n'est pas le seul acte du gouvernement provisoire. La Pologne ·reçoit toute la plénitude des droits · définis par sa propre volonté. Si cette proclamation demeure sans effet immédiat, le réta- _blissem~ntdes droits de la Finlande a déjà eu du retentissement dans toute la Scandinavie. Les Droits de l'homme sont définitivement établis. Le 21 mars (v.s.), ·considéré désormais comme le plus grand jour de la révolution un décret abolit toutes restrictions· juridiques, 'religieus~s, linguistiques et· autres qui pesaient sur différentes nationalités habitant la Russie. Ce n?est, certes, que la réparation d'une longue - injustice. Ainsi est close à jamais une des plus sinistres pages de l'histoire russe. . La-_~ine ·de mort est abolie. L~ liberté de la· presiie, de réunion, est établie. Les femmes auront le droit de vote 1 • Pourquoi pas· ? A 7. Les femmes sont désormais admises dans tous les services de l'Etat aux mêmes conditions que les hommes.. .
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