96 développement de l'industrie soviétique, la collectivisation de l'agriculture, l'édification du socialisme et la transition au communisme. Comme quatrième partie, l'analyse des résultats obtenus. et des tâches accomplies dans la période post-stalinienne. Quelques citations des discours de Khrouchtchev ont été intercalées là. En annexe, un bref aperçu de la création du socialisme dans les « démocraties populaires », la Chine en premier lieu. La lecture de ce traité, à parler franc, est profondément ennuyeuse. Des pages et des pages ne sont rien d'autre qu'un disque entendu un nombre incalculable de fois ; un disque déjà utilisé jusqu'à usure complète et dont la « mélodie », faussée à l'extrême, n'écorche même plus les oreilles, mais fatigue le tympan. En même temps, bien que cela ne soit . pas non. plus nouveau, on s'aperçoit très ,vite . qu'il s'agit là d'une nouvelle mouture de manuel marxiste_périmé. Près de 200 pages ·sont un simple abrégé du Capital. Les preuves sont éludées et l'on nous suggère avec rine insis- . tance soporifique que tout le processus, si complexe, de la « reproduction de l'ensemble du produit social » s'accomplit en U.R.S.S. selon les lois définies par Marx dans le deuxiè- .me volume du Capital. Il y a lieu d'y regarder de plus près afin de savoir quel genre de marxisme ont en vue les marxistes soviétiques qui se prétendent disciples de Marx. Dire que Marx a été un pe.nseur de génie revient à découvrir l'Amérique ou à montrer qu'Aristote et Descartes étaient des « hommes intelligents ». Nous ne voyons d'ailleurs pas comment on pourrait obtenir une sociologie .scientifique sans re~ourir, bien entendu avec d'importants correctifs, à ce que Marx a écrit sur l'importance de l'économique, de la technique, r et sur la structure _dela société. Mais Marx n'est pas que cela. Dàns uri disco~rs prononcé à Londres, pour le quatre-vingt- · dixième anniversaire de la Première Internationale,. Camille Huysmans soulignait que Marx « n'a jamais voulu ·être prophète- ». Voulu ou pas voulu, ce qui importe est le fait que Marx a prophétisé et s'est montré prophète. Il est en effet difficile de trouver un autre ·homme ayant eu une vision aussi prophétique de l'évolution du capitalisme, une certitude aussi prophétique de la disparition inéluctable de la société capitaliste et ·du rôle dévolu . à la classe ouvrière pour substituer au capitalisme « une société sans···classesd'hommes libres et égaux ·». C'est· cette· :eschatologie marxiste qui a inspiré au XI:XC siècle.le..mouve- · Biblioteca Gino Bianco d, LE CONTRAT SOCIAL ment ouvrier naissant, insufflé un. grand idéal à la lutte des travailleurs, affermi leur foi en · la réalisation de cet idéal. Ceux qui de nos jours s'adonnent à l'analyse des œuvres du jeune Marx (par exemple Maximilien Rubel) y trouvent la preuve que celui-ci était parvenu à sa conception humanitaire et émancipatrice de la mission attribuée à la classe ouvrière, « mission historique d'instaurer la vérité dans le monde >> (Marx dixit)., avant d'élaborer sa doctrine historique, sociologique , . et econom1que. .. . ~ . ~ · En d'autres termes, le « prophétisme » de Marx ne découlait pas de déductions tirées de ses doctrines, mais en était l'anticipation éthi- . que et sentimentale. L'argument vaut pour qui a la conviction que l'action socialiste doit avoir sa raison d'être sans qu'il soit besoin d'adopter les théories formulées par Marx à partir de 1848.. Pour nous, la question ne se pose pas ainsi. Il s'agit non de rejeter catégoriquement tout ce qui vient de Marx, mais de déterminer· exactement ce qui, dans les doctrines ·de ce , penseur, ne peut plus être aujourd'hui accepté ni qualifié de « scientifique ». · * * * R. APtEL~Ns_· que la force créatric: de Marx s est ete1nte au cours des annees 60. De cette époque jusqu'à sa mort (1883), · il · ne cessa d'être malade. Après avoir publié, en 1867, le premier volume du Capital, il ne produisit plus rien de grand. Après sa· -mort, Engels établit les deuxième et troisième volumes en se servant de matériaux inachevés. Marx· lui avait demandé « d'en fair~ quelque chose ». Engels eut toutes les peines. du monde « à ·passer au crible un monceau de notes, de commentaires, d'extraits de toutes sortes ».. ·Selon lui, c'est cela·qui, « de toute évidence, fut la cause de la maladie de Marx et de son aggravation, rendant impossible à celui-ci tout travail ~riginal ». Qu'a fait Marx penda~t les dix ou quinze dernières années de - sa vie ? Comm~nt ne pas rappeler ici l'œuvr~ admirable d'Aldanov, Les Origines, .qui ·en quelques pages dépeint- le Marx des d_ernières années ? Si- l'on ajoute à cela certains tomes des Archzv~s_Marx-Engels pùbliées à Mo~coù·, le tableau es_t~omplet. Malade, .étendu sur. up - canapé, Marx ·lit. Il dévore· ·d'otdinairë «·plusieurs livres· en même· temps· »~ ·Les ·.résumés de ses ·lectures couvrent des centaines de feuillets et il les accompagne de notes mordantes ; il copie extraits sur extraits des ouvrages qu'il lit~ tels. ceux qu'il a tirés de rHistoire-·u-nivër-
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