Le Contrat Social - anno XI - n. 1 - gen.-feb. 1967

J. DOS PASSOS faire sentir ses effets. Son existence constitue J'arme la plus efficace dans l'arsenal des agresseurs. De 1nême que certaines araignées anesthésient leurs victimes avant de les dévorer, les communistes s'efforcent d'endormir les couches pensantes des nations qui se dressent en travers de leur route vers la conquête du monde. Ceux qui sont le plus influencés nient avec véhémence être soumis à une influence quelconque. Si vous dites aux professeurs d'université et aux étudiants qui, récemment, dans un bel émoi de pharisaïsme, drapés dans leurs robes noires et coiffés de leurs toques carrées, quittèrent la salle pendant un discours du secrétaire à la Défense lors de la remise des diplômes, que leur geste équivaut à jeter une grenade au beau milieu d'une escouade de soldats américains, on vous traitera de fou. Or, c'est exactement le cas. On va répétant ad nauseam que la propagande ajoute à la guerre une nouvelle dimension, mais jusqu'à présent fort peu nombreux sont les Américains qui comprennent ce que cela signifie. Si le président des Etats-Unis et ceux qui rédigent ses discours ne comprennent pas cela, si les principaux dirigeants politiques et la plupart des membres du Congrès ne l'entendent pas davantage, .comment espérer que des étudiants d'université le fassent, eux qui sont à peine sortis de l'enfance et qui ont été élevés dans l'ignorance crasse des principes politiques ou éthiques ? Aucun n'a-t-il souvenir de l'importance accordée par I-Iitler aux engagements solennels pris par certains étudiants des universités britanniques pendant les années 30 ? En aucun cas, ils ne combattraient pour leur peuple et leur pays. Ces professions de foi contribuèrent à convaincre Hitler que l'Angleterre ne s'opposerait pas à ses plans de conquête en Europe. Hitler se trompait. Nombre de ces mêmes jeunes hommes donnèrent leur vie avec témérité ppur défendre leurs foyers ; mais un peu de prévoyance aurait peut-être pu épargner tout · ce gâchis. Les forces de destruction auxquelles nous avons à faire face aujourd'hui sont bien plus dangereuses qu'elles ne l'étaient du temps de Hitler. C'est pure folie que d'encourager cette espèce d'exhibitionnisme creux, à l'instar des porte-parole du gouvernement, sous prétexte que le non-conformisme est en soi une bonne chose. Mettre les non-conformistes en prison, non. Mais essaver de leur mettre un peu de bon sens dans la tête, oui. Biblioteca Gino Bianco s PRENONSle cas du Vietnam. Comment un homme qui n'est pas complètement aveuglé par ses préjugés peut-il lire Our Vietnam Nightmare, de Marguerite Higgins, ou considérer la froide appréciation émise sur les méthodes de Ho Chi Minh dans le livre de Hoang Van Chi traduit sous le titre From Colonialism to Communism, sans comprendre que la situation tragique au Vietnam résulte d'une tentative de conquête soigneusement calculée et patiemment exécutée à partir du Nord ? La question de l'efficacité des méthodes employées par le gouvernement Kennedy et par Johnson pour remédier à cette situation est une autre affaire. Il y a là amplement matière à discussion. Mais tout non-conformiste bien intentionné doit élever sa protestation en des termes qui n'apportent pas d'eau aux moulins qui distillent sans relâche de la propagande antiaméricaine à Paris, à Pékin et à Moscou. Il y a ample matière à protestation. Une bonne part, mais non pas tout, de notre politique étrangère a été funestement mal menée depuis que les premières erreurs stratégiques, qui ont mis la paix du monde en danger pour cent ans, ont été commises à Ialta et à Potsdam. Le pacifisme, si on le définit comme un effort d'imagination sincère pour éviter la guerre, a encore son rôle à jouer. Il y a eu des moments où les marches organisées elles-mêmes, les défilés des pacifistes convaincus brandissant des pancartes et les manifestants couchés dans la rue auraient été utiles. Des manifestations auraient eu leur raison· d'être lorsque nous aidâmes Castro à prendre le pouvoir à Cuba, puis au moment de l'affaire de la baie des Cochons ou lors de la neutralisation du Laos, ou encore lorsque nous levâmes le blocus, de manière inopportune, pendant la crise des fusées à Cuba. Des pacifistes intelligents devraient protester quand ils se rendent compte que ron est sur le point de commettre, en politique étrangère, des fautes qui rendront de nouvelles guerres inévitables. Dans le monde où nous vivons, il est trop tard pour exiger le retrait immédiat des troupes américaines au Vietnam sans prêter la main à l'ennemi. Quand donc les hommes politiques américains arriveront-ils à se mettre dans la tête que, lorsqu'ils luttent contre un certain parti communiste, ils les combattent tous à la fois ? Certes, il existe des failles et des conflits à l'intérieur de l'appareil massif du communisme international ; mais l'idéologie, quoique plutôt délabrée dans les pays « socialistes » eux-mêmes, continue de dominer la politique

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==