Le Contrat Social - anno XI - n. 1 - gen.-feb. 1967

CH. JOHNSON fin, mesure de la plus haute importance, la commission des affaires militaires procéda à plusieurs nominations à des postes-clés : Lin Piao dèvint ministre de la Défense, Louo Joeitsing, chef d'état-major, et Louo Joung-hoan, directeur du département central de politique. Quand le maréchal Louo Joung-hoan est mort, en décembre 1963, son suppléant, le général Siao Hoa lui a succédé. Mao avait pris les premières mesures non seulement en créant le type d'armée avec lequel il se sentait les coudées franches à l'intérieur, mais aussi en forgeant l'instrument politico-militaire qui pourrait être utilisé pour appliquer sa stratégie de masse au développement du pays. Deux hommes de premier plan émergeaient du grand remaniement de 1959 : le ministre Lin Piao et le chef d'état-major Louo Joeitsing. Ils sont tous deux à peu près du même âge (le se~ond a un an de plus que le premier, lequel est né en 1908 et aujourd'hui le plus jeune membre du Politburo ), et ils ont l'un et l'aut.re les plus brillants états de service dans la théorie et la pratique de la guérilla 4 • Lin et Louo, par-dessus tout, sont des hommes de Mao ; ils ont combattu avec lui depuis le début. Les diplomates étrangers à Pékin, jusqu'à ces tout derniers temps du moins, estimaient qu'ils lui vouaient tous deux une loyauté inébranlable et qu'ils étaient de ses intimes. Quand l'équipe Lin-Loua prit l'armée en main en 1959, les deux hommes s'employèrent à la . . .. . , . ramener aux pr1nc1pes maotstes qui regtssent les opérations politico-militaires. Les règles de Lin EN DÉCEMBRE 1964, à la première séance du IIP Congrès national du peuple, Louo Joeitsing s'adressa à 3.037 délégués dans un discours sur le thème : « l'armée brandissant la pensée de Mao Tsé-toung est toujours invincible ». D'après le compte rendu de l'agence Chine nouvelJe, 4. Louo Joei-tsing n'a pas été vu en public et n'a pas été cité dans la presse et )es émissions radiodiffusées de Pékin depuis le 27 novembre 1965. Bien qu'une telle absence ne soit pas inhabituelle chez les personnalités militaires et bien qu'il n'y ait pas de preuve formeJle à cet égard, les Journall1te1 occidentaux ont émis l'hypothèse que Louo Joel-tslng avait été victime de la purge du printemps 1966 en même temps que Peng Tchen et le Comité de Pékin du Parti. La de1tttution de Louo Joel-tslng en même temps que l'ascension de Lin semblent, à première vue, incompatibles. Louo est un fidèle de la guérilla, Il a été un des membres du groupe qui a'elt Joint à l'origine à Mao à Tsfng-Kang-chan. IJ était aux c6t• de Lin Piao à Yénan, d'abord comme son commissaire J)C)llttque, ensuite comme son successeur à la présidence de l'Unlvenité polltlco-mllltafre an;.saponalse. D'autre part, l 'bo~ déchu, Peng Tchen, a é ement servi avec Lin. Biblioteca Gino Bianco 35 Louo souligna que depuis que Lin Piao a pris en charge le travail quotidien de la commission des affaires militaires du Comité central du Parti, il n'a cessé d'appliquer de façon créatrice la pensée de Mao Tsétoung en créant l'armée actuelle. Lin Piao a formulé une série de principes et de mesures tels que l'étude et l'application des œuvres de Mao Tsé-toung au moyen d'exemples vivants, la persévérance dans l'application des « quatre premiers », l'adoption plus systématique du « style de travail des trois-huit » et le lancement de la campagne des « quatre excellences ». Ces campagnes, et bien d'autres non mentionnées par Louo, tendent toutes à renforcer « l'esprit et la volonté révolutionnaire des soldats », à établir des liens plus étroits entre eux et la masse de la population. Le « style des trois-huit », par exemple, tire son nom des règles que Mao promulgua en 1928 à Tsing-Kang-chan sur la manière dont les soldats doivent se comporter pour obtenir le soutien des paysans. Aujourd'hui, le « style des trois-huit » évoque les trois qualités fondamentales du bon soldat de l'A.L.P. : « orientation politique ferme et orthodoxe, style de travail uniforme et intensif, souplesse dans la stratégie et la tactique », plus (sous la forme d'un couplet en huit idéogrammes) « l'unité, l'ardeur, le sérieux et l'en train » 5 • Sous Lin Piao, les soldats sont notés sur leur « style trois-huit », sur les « quatre premiers », les « quatre excellences », et ainsi de suite. En juin 1965, Lin abolit également les grades, restaurant ainsi l'ancienne « démocratie à l'intérieur de l'armée », qui était de règle à l'époque de la guérilla. A présent, les soldats sont censés se désigner réciproquement par le poste qu'ils occupent - par exemple : chef de groupe Tchang, combattant Li, ministre .de la Défense Lin - ou s'appeler, encore plus démocratiquement : camarade Louo Joei-tsing, camarade Lin Piao. Plus de maréchal ni de deuxième classe. La politique dans le commandement LA PLUS IMPORTANTE des réformes de Lin a peut-être consisté en un renforcement du département central de politique (D.C.P.) de l'A.L.P., dont il a fait le poste de commandement de toutes les activités politiques intérieures de l'armée et de toutes les campagnes entreprises par les militaires à l'intention des civils. L'un de ses objectifs, ce faisant, a été 5. Cf. les volumes complémentaires, Bibliothèque du travail poUUque dana l' Armée de libération : Le St11lt troishuit et Les Quatre Pnmltrs, Changhal, Maison d'édition populaire, 1965.

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