30 tur de Kiev, l'ample moisson de renseignements précieux fournis pendant près de deux ans, enfin l'arrestation, les tortures et l'exécution ont valu à Koudria ( « Maxime » dans la clandestinité) la suprême récompense : Pour ses mérites exceptionnels dans l'organisation et la direction d'un réseau clandestin de renseignements dans la ville de Kiev, pour le courage et l'intrépidité manifestés dans la lutte contre les envahisseurs fascistes allemands pendant la grande guerre patriotique de 1941-45, Koudria (Ivan Danilovitch) est nommé à titre posthume Héros de l'Union soviétique (Front, p. 114). Les tchékistes Dmitri Medviédiev et Alexandre Loukine racontent les activités d'un corps franc qui aurait opéré sous leur commandement depuis l'hiver de 1942 dans la région de Rovno-Zdolbounovo. Leur récit met en vedette la prestigieuse figure de Nicolaï I~anovitch Kouznetsov,. · qui parlait parfaitement l'allemand. Transformé en un Oberleutnant de la Wehrmacht, Paul Wilhelm Sibert, soi-disant blessé devant Koursk, décoré de la croix de fer de 1re classe et affecté provisoirement aux services de l'arrière, Kouznetsov travaillait avec succès à Rovno et s'était fait beaucoup d'amis parmi les officiers allemands de la garnison. Il avait même réussi à obtenir une audience du Reichkommissar d'Ukraine, Erich Koch, dans le dessein de l'abattre en lui présentant une requête personnelle. Mais, jusque dans son bureau, Koch était trop bien gardé pour qu'une tentative puisse avoir la moindre chance de succès. Kouznetsov avait eu plus de chance avec plusieurs autres hautes personnalités du Reichkommissariat. Toujours travesti en officier allemand, il avait abattu à coups de pistolet ou à la grenade trois suppléants de Koch : .Herman Knut, Hans Hel et Alfred Funk, blessé grièvement un quatrième, Paul Dargel, et enlevé dans son propre bureau le général Ilgen, commandant des troupes allemandes. de sécurité dans toute l'Ukraine. Enfin, il s'était rendu à Lvov et avait abattu en pleine rue, à coups de pistolet, le vice-gouverneur de Galicie, Bauer, ainsi que son secrétaire Schneider. Ce fut le dernier exploit de Kouznetsov. Pendant sa fuite, son auto tomba en panne. Il fut rattrapé et tué le 1er avril 1944, avec son acolyte Kaminski et son chauffeur Biélov. Kouznetsov fut nommé Héros de l'Union soviétique par décret du 5 novembre 1944 (Front, p. 168). D. Morozov raconte les aventures de guerre d'un tchékiste, actuellement colonel en service actif, dont le nom ne peut être encore dévoilé. Ce « héros positif », lui aussi d'origine allemande, servait depuis 1940 sous le masque de Biblioteca Gino Bfanco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE ' l'Oberleutnant Liebel au centre même de , !'Abwehr à Berlin, dans la section du lieutenantcolonel Meltzer. La progression victorieuse des troupes soviétiques avait amené, au cours de l'été 1944, le général Gehlen et le fameux Otto Skorzeny à concevoir un plan, baptisé « Cyclone », consistant à organiser, sur les arrières du front russe, des sabotages massifs. Le but était de couper les communications de l'Armée rouge, de saper .son moral, de créer le désordre et la. panique. Hitler attachait une grande importance à ce plan, dont tous les détails étaient étudiés en commun par le général Krebs, chef d'état-major des forces•terrestres du Reich, par !'Abwehr et par le S.D. L'exécution était confiée aux détachements spéciaux de l'Abwehr. , Elle devait être déclenchée en automne 1944 par le groupe « Cyclone-Sud », déjà ..formé dans les Carpathes. Un grand spécialiste du sabotage et du contre-espionnage, le capitaine .. Otto Schwarzbruck, qui jusque-là avait servi dans un autre secteur du front de l'Est, fut désigné, sur recommandation de Gehlen et de Skorzeny; pour prendre le commandement de ce groupe. Il fut convoqué très secrètement à Berlin par Meltzer pour recevoir les dernières instructions du général Krebs. Liebel fut chargé de l'accueillir à la gare de Sossen. Il embarqua Schwarzbruck dans ·une auto qui fut mitraillée quelques instants plus tard. Son passager fut tué. Personne ne connaissant Schwarzbruck à Berlin, Liebel avait conçu un plan audacieux : faire disparaître le cadavre et lui substituer un agent du réseau soviétique de Berlin, Michel Lemke. Liebel transporta le cadavre et la valise de Schwarzbruck chez Lemke et rendit compte à Meltzer qu'il lui avait été impossible de trouver l'officier à la gare : au dire de témoins, en plein bombardement, celui-ci avait sauté dans une camionnette qui filait sur Berlin. Meltzer lui ordonna de rettouver au plus vite le dis- , paru. Après avoir revêtu le cadavre de Schwarzbruck d'un complet civil usagé et fourré dans sa poche les papiers d'identité d'un berlinois victime d'un bombardement précédent, Liebel avait caché le corps dans un quartier en ruines. Quant à Lemke-, qui avait endossé l'uniforme de Schwarzbruck et collé sa photographie sur le~ papiers d'identité du défunt, il s'était rendu dans ùne boîte de nuit désignée par Liebel. Vers minuit, les policiers que Liebel' secondaient dans leurs recherches, avaient trouvé le nouveau Schwarzbruck dans un cabinet particulier en compagnie d'une belle blonde. Une telle· fugue n'ét.ait que très naturelle pour un officier depuis longtemps
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