L. LAURAT que, mais de sa déstalinisation. On veut éliminer les pires abus et absurdités de la démence de Staline. L'économiste L. Gatovski écrit 3 : - C'était une caractéristique du culte de la personnalité de Staline de discréditer ou simplement d'ignorer complètement l'importance du profit, de même que toutes les autres catégories de la valeur ... Le prix était artificiellement séparé du coût de base objectif. Il est bien connu que depuis longtemps, avec la bénédiction de Staline, on a nié le fonctionnement de la loi du coût dans une économie socialiste. On affirmait que le prix existait indépendamment du coût. Cela veut dire que jusqu'à présent les planificateurs soviétiques ressemblaient à des automobilistes conduisant leur voiture les yeux bandés. En faisant enfin appel aux mécanismes du marché, ils s'efforcent de voir clair et espèrent pouvoir corriger les excroissances de leur planification rigide. A l'inverse de ce qui se passe en Occident, où un dirigisme souple s'astreint à redresser les imperfections de la spontanéité concurrentielle et à éliminer les malfaisances d'un libéralisme sans frein, les Soviétiques voudraient se servir de l'offre et de la demande, ainsi que des profits se dégageant de prix tenus en laisse, pour amender leur système sans toucher à ses fondations. Alors ·qu'en Occident le libre jeu des forces économiques est assez général pour permettre aux pouvoirs publics et à tous les agents économiques de déceler les points faibles, et pour actionner à temps les dispositifs- d'alerte, le système soviétique ne pourra retirer qu'un bénéfice très limité des instruments de mesure qu'il voudrait faire fonctionner, et cela parce que la planification centrale continuera à déterminer en dernier ressort l'offre tout autant que la demande. La résolution d'octobre 1965 lui réserve, en effet, le droit de décider souverainement des investissements, ce qui veut dire - en y ajoutant les dépenses militaires, tant avouées qu 'occul tes - que les fonds accordés à une demande libre exercée par le gros de la population demeurent des plus exigus en face d'une offre que le Gosplan limitera évidemment en fonction de l'exiguïté de la demande prédéterminée. Pour l'instant, la seule amélioration, évidemment sensible pour les consommateurs réduits à la portion congrue, réside dans l'amélioration de la qualité et de l'assortiment. Producteur universel et dispensateur suprême des revenus, l'Etat continue de fixer 1'offre et la demande. Rien n'illustre mieux les difficultés dans lesquelles se débattent les économistes soviétiques S. • Le rôle du profit dans l'économfe 1ocfall1te •, ln Kommounut. Moscou, n° 18, déc. 1962. Biblioteca Gino Bianco 21 devant les problèmes posés par cette réforme, pourtant limitée pour l'instant, que les différents aspects de la mise en ordre des prix. Celle-ci est la pièce maîtresse d'un retour, si relatif qu'il soit, à la rentabilité. Un article publié par V. Sitnine dans le Kommounist (n° 14, 1966) permet de s'en rendre compte. Ayant conduit leur économie les yeux bandés pendant plus de trente ans, les dirigeants ont créé en octobre 1965 un Comité chargé de proposer des prix épousant davantage la réalité. Pour éviter l'inflation, il faut avant tout en finir avec la pratique des « déficits planifiés » dans maintes industries de base (nous ignorons si celles qui travaillent pour l'armement auront le droit de rester déficitaires), autrement dit établir des prix corrects fondés autant que possible sur le prix de revient. Mais il y a, selon V. Sitnine, plusieurs thèses en présence. Faut-il baser les nouveaux prix sur la valeur (loi de la production marchande simple) ou sur ce que Marx appelle le « prix de production » (prix de revient + profit moyen : loi de la production capitaliste) ? A ce sujet, les économistes soviétiques d'aujourd'hui auraient intérêt à relire les études de leurs prédécesseurs de l'époque 1923-27, dont la plupart, issus de la KrassnaïaProfessoura de Boukharine, furent assassinés par Staline. Mais comment déterminer le coût et le profit moyen, puisque les frais de production varient d'une entreprise à l'autre dans une même branche ? Il s'y ajoute la question du taux d'amortissement, de l'évaluation de la valeur du capital fixe, de l'intérêt, etc. Le sujet méritant un développement à part, nous nous bornons à signaler ces immenses difficultés, que l'on tente de surmonter par des spéculations purement théoriques puisque la boussole concrète - les mécanismes du marché - fait défaut. Ces difficultés nous paraissent insolubles sur le papier, par le calcul abstrait de la valeur ou du prix de production, lesquels ne se réalisent précisément que sur le marché. Du rétablissement du libre jeu des forces économiques, seul arbitre en ce domaine, il n'est point question pour l'instant dans ce secteur vital. EN s'INSCRIVANTEN FAUXcontre les utopistes occidentaux qui parlent de la « convergence » des économies de l'Ouest de l'Est, les Soviétiques ne cessent de souligner une différence selon eux capitale et qui réside dans le régime de propriété. En Occident, la propriété serait « capitaliste », alors qu'elle se.rait « col-
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