J. MAURIN moniste (le B.O.C., dans un manifeste publié par La Batalla, l'annonça quelques jours d'avance) car, en vertu de sa ligne politique, il était incapable de le concevoir : Le parti communiste voulut, en la circonstance, modifier l'orientation de sa politique et donner la prépondérance à la lutte contre la réaction des monarchistes ainsi que des éléments de droite. Il n'y parvint pas, en raison de l'intransigeance de l'Internationale, en particulier de sa délégation en Espagne, qui, prisonnière de l'esprit de la résolution du VP Congrès mondial, ne pouvait se résoudre à considérer les monarchistes et les réactionnaires comme les véritables ennemis de la démocratie. Pour Moscou, toute temporisation vis-à-vis des socialistes était une déviation de la ligne révolutionnaire (José Bullejos, op. cit., p. 139). Les événements d'août 1932 démontrèrent que la politique du Parti était entièrement aberrante. Les théoriciens du Comintern, Manouilski, Togliatti, Stépanov, Humbert-Droz et autres aigles staliniens, inspirateurs de la « révolution socialiste » et des « soviets », avaient fait failli te. Bien que Bullejos, Adame et Trilla ne se caractérisassent certainement pas par la capacité politique, ils étaient suffisamment avertis pour comprendre que la politique imposée par Moscou était fausse et ils commencèrent à exprimer une opinion divergente. Le Comintern de l'époque stalinienne n'admettait pas les critiques. Il considérait que celui qui n'obéissait pas aveuglément était passé à l'ennemi. Une crise surgit au sein du Parti où s'était formé un nouveau clan, désireux de prendre le commandement, et Bullejos, Adame et Trilla furent exclus. Bullejos et Trilla étaient intellectuellement supérieurs au groupe qui leur succéda à la direction, avec, à sa tête, José Diaz, Dolorès Ibarruri et autres nullités. La nouvelle équipe dirigeante-dirigée avait tout au moins la vertu d'être complètement domestiquée et de suivre à la lettre les instructions dictées par la « maison » ( la casa), selon le terme que le Bureau du Parti utilisait pour nommer le Comintern. Depuis la chute de Primo de Rivera (janvier 1930) jusqu'à la rébellion de Sanjurjo (août 1932), pendant deux ans et demi, le parti communiste n'avait fait que donner des coups d'épée dans l'eau. Bien que camouflée, sa direction étrangère se laissait deviner, et le Parti était un corps politique qui ne s'intégrait pas à la vie nationale. La philosophie politique du « social-fascisme » qui caractérisait son activité favorisait la contre-révolution. Le Comintern agissait en Espagne comme en Allemagne : Biblioteca Gino Bianco 9 l'ennemi n'était pas le nazisme en Allemagne ni les monarchistes de tendance fasciste en Espagne, mais la social-démocratie « social-fasciste » et, par extension, les anarcho-syndicalistes dénommés « anarcho-fascistes ». Les événements d'août 1932 consacrèrent l'échec de la politique du Parti. En dépit d'une direction extérieurement « nouvelle », celle-ci continua comme par le passé : révolution socialiste, soviets, gouvernement ouvrier et paysan, etc., mots d'ordre et formules vides, absolument en marge de la réalité : A partir du début de 1933, l'orientation du parti communiste espagnol se polarisa fondamentalement sur deux consignes : l'anti-anarchisme et la lutte opiniâtre contre le parti socialiste ( ...). La crise ministérielle de fin 1933, le regroupement alarmant des forces réactionnaires et de tendances fascistes, les progrès de la C.E.D.A. (Confédération espagnole des droites autonomes), le cours nouveau du parti socialiste, n'influencèrent nullement l'orientation du parti com- _muniste qui, fidèle aux accords du VJe Congrès de l'Internationale, continua à adopter une tactique ignorant les dangers du fascisme et considérant comme principal objectif l'annihilation de la social-démocratie, « aile gauche du fascisme » (José Bullejos, op. cit., p. 164). Tandis que le parti communiste, en dépit du succès réactionnaire aux éiections de novembre 1933, poursuivait sa politique de division du mouvement ouvrier - il avait tenté de créer sa propre centrale syndicale sous le nom de Confédération générale du travail unitaire, - au printemps de 1933, à Barcelone et sur l'initiative du B.O.C., l'Alliance ouvrière fut constituée avec la participation du B.O.C., de la Fédération catalane du parti socialiste, de la Fédération catalane de l'Union générale des travailleurs, d'un secteur syndicaliste (Treintistas ), de l'Union socialiste de Catalogne, de la Gauche co1nmuniste (trotskistes) et de l'Union des « rabassaires » (paysans), c'est-à-dire avec tous les groupements ouvriers, à l' exception de la Confédération nationale du Travail (C.N.T.) et du parti communiste. Une délégation de l'Alliance ouvrière, composée d' Angel Pestana, syndicaliste, Vila Cuenca, socialiste, et Joaquin Maurin (B.O.C.), se rendit à Madrid pour une entrevue avec la direction du parti socialiste (Largo Caballero) et celle de l'Union générale des travailleurs (Besteiro et Trifon Gomez). La délégation leur fit part des projets de l'Alliance ouvrière, et les dirigeants du parti socialiste comme ceux de l'Union générale des travailleurs, en particulier Largo Caballero, exprimèrent leur sympathie. Peu après, Largo Caballero vint à Barcelone et eut un échange de vues avec l' Al-
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