Le Contrat Social - anno X - n. 6 - nov.-dic. 1966

LE CONTRAT SOCIAL confirmé qu'elles étaient prêtes à participer à une conférence paneuropéenne pour discuter les questions de garantie ~uant à la sécurité en Europe et à l'organisation d'une coopération générale européenne». Toujours la doctrine de Monroe européenne. Et toujours l'Europe de l'Oural à l'Atlantique, synonyme d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural. Une Europe sans la Grande-Bretagne ni l'Irlande, regardées comme trop liées aux Etats-Unis, une Europe qui adopterait le slogan communiste U.S. go home, réalisé par de Gaulle en France. Les affirmations de fidélité à l'Alliance atlantique ne trompent plus personne : une alliance dépourvue des moyens pratiques de la mettre en œuvre se réduit à un chiffon de papier, de toute évidence, et d'ailleurs si. l'Alliance atlantique engageait encore la France, comment expliquer la campagne de dénigrement systématique menée en France contre les Etats-Unis par la propagande officielle, par le parti au pouvoir? D'autre part, de Gaulle n'avait cessé de déplorer que, dans les guerres européennes de ce siècle, l'Angleterre et les Etats-Unis interviennent très tard, en tant que puissances <l'outre-mer; en répudiant l'Organisation du traité de l'Atlantique-Nord qui assure la présence militaire des Anglais et des Américains en Europe continentale, de Gaulle contredit sa propre thèse. En outre, il contresigne les accords de Ialta qui consacraient l'hégémonie politico-militaire soviétique sur l'Europe orientale et centrale, il souscrit à l'aberration de Roosevelt consistant à faire confiance au pouvoir communiste pour contribuer au maintien de la paix en Europe et dans le monde. BibliotecaGino Bianco 367 Citons un texte vieux de quinze années bientôt : « La France est maintenant intégrée dans le dispositif stratégique des Etats-Unis. Elle a perdu son indépendance politique, économique et militaire. La France apparaît de plus en plus comme un pays satellite de l'Amérique; sa diplomatie suit servilement la diplomatie américaine. Il n'est pas un gouvernement qui n'ait été soumis à l'impératif américain. Politique, économie, finances, commerce, sont étroitement déterminés par les exigences du Département d'Etat, ses sautes d'humeur, voire même ses lubies et ses extravagances.» Non identifiées, ces lignes seraient à coup sûr attribuées sans hésitation à quelque porte-parole autorisé du régime actuel en France. Or elles sont tirées d'un journal stalinien, intitulé Libération par antiphrase, journal notoirement payé par le parti communiste (éditorial du 5 avril 1952), et elles correspondent mot pour mot à la motivation mise en avant par de Gaulle pour rompre la solidarité atlantique. Comme si cela ne suffisait pas, M. Couve de Murville, interprète officiel de la politique extérieure française, affirme bien haut que celle-ci va« dans le sens de l'histoire», expression copyright par l'historiosophie communiste avec ce qu'elle contient d'utopie, de mise au pas, de terreur, de tueries, de tortures morales et physiques, de camps de concentration et le reste. Il faut pourtant constater sans détours que le sens de l'histoire adopté par la cinquième République va, jusqu'à nouvel ordre, non de l'Atlantique à l'Oural, mais de l'Oural à l'Atlantique.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==