Le Contrat Social - anno X - n. 6 - nov.-dic. 1966

revue ltistori'l~e et critique JeJ /aitJ et Je1 idées Novembre-Décembre 1966 Vol. X, N° 6 , LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE L'AGRESSION COMMUNISTE du Nord contre le Sud au Vietnam opère suivant des voies et 1noyens que la défense ne saurait employer par réciprocité : il s'agit de sapes et de mines, d'infiltrations cancéreuses, d'assassinats et de rapts en série, de cruautés sans nom, de terreur et de terrorisme. De ce fait, les deux camps ne font pas la même guerre. Il est hors de question que les A1néricains, appelés à la rescousse par le Sud, imitent les ass~illants du Nord : ils ne peuvent se battre qu'avec leurs propres armes et selon leurs propres méthodes aux côtés des résistants du Sud. De véritables combats classiques . ont lieu· pourtant, mais trop limités pour que la fin des hostilités en résulte. Malgré l'aide matérielle et morale apportée par l'Union soviétique et la Chine communiste, les Nord-Vietnamiens n'escomptent évidemment pas une victoire militaire, mais ils espèrent néanmoins un succès final sous l'effet des pressions multiples exercées sur la polttique américaine par les pays, les partis, les groupes et mouvements divers influencés par la machination communiste. Les « sans scrupules conscients » de Moscou et de Pékin s'y entendent à exploiter le pacifisme, l'humanitarisme et un pseudo-libéralisme perverti, au service de leurs entreprises politiques. D'où s'ensuivent notamment les nombreuses expressions et manifestations de la faune bigarrée des « intellectuels de gauche » qui font illusion et dressent une part croissante de l'opinion publique ignorante et crédule contre les Etats-Unis, coupables à leurs yeux de faire honneur aux engagements soucrits, conjointement avec la France, en vertu de ce pacte du Pacifique dénommé traité de l'Asie du Sud-Est. Il reste à savoir si, comme au temps de la guerre de Corée, les communistes et leurs satellites parviendront à leurs fins, c'est-à-dire à dissuader les Etats coalisés du Pacifique d'aller jusqu'au bout de leur tâche ingrate. Mais cette fois, un libéralisme authentique et clairvoyant s'affirme des deux côtés de Biblioteca Gino Bianco l'Atlantique pour s'opposer aux impostures et aux sophismes de droite ou de gauche .. Par exemple le Reporter, de New York, que les détracteurs systématiques de l'Amérique auront du mal à taxer d'impérialisme, de colonialisme ou autres paralogismes. Dans son numéro du 6 octobre dernier, Ivl. Edmond Taylor, qui observe de longue date la scène française, compare les commentaires de presse sur la campagne de Corée à ceux de nos jours au sujet du Vietnam, et· il est frappé de leur similitude : même vocabulaire trompeur, n1ê1nesarguties monotones, même attitude perfide ou irresponsable. Il cite, naturellement, le . Monde et des publications « de gauche » peu ragoûtantes qu'il a eu le courage de lire, entre autres une revue qui ose .s'intituler Esprit (naguère apologiste du stalinisme) où il retrouve un texte de novembre 1951 sur la guerre en Corée exactement semblable aux proses actuelles sur la guerre au Vietnam. L'identité d'inspiration et l'analogie de la polémique sont significatives, que M. Taylor discerne en observateur perspicace. La retraite américaine que préconisent les défaitistes ne vaudrait au monde qu'une simple trêve, suivie de tragédies plus amples et désastreuses encore, ce qu'explique pertinem1nent l'Economist, de Londres, doPt la solide réputation de libéralisme traditionnel défie les trublions soi-disant de gauche traîtres à la démocratie relative, mais réelle, dont ils servent les fossoyeurs. Dans son numéro du 20 août 1966, le célèbre hebdo1nadaire londonien analyse l'état des choses qu'il appelle la « Troisième Guerre mondiale », une guerre qui ne ressemble pas à la deuxième, laquelle diffé~ rait de la première. Pour les besoins de sa démonstration, l'Economist part de l'article publié au début de septembre 1965, sous le titre de « La guerre populaire >>, par Lin Piao, porte-parole reconnu et successeur présomptif de Mao, annonçant les perspectives de révolution universelle où la Chine s'attribue le rôle dirigeant. Tous les

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