L'OBSERVATOIRE des deu;x Mondes Les Etats-Unis et l'Indochine TANDISque la guerre voulue par les communistes continue au Vietnam de leur seul fait, alors que les Etats-Unis ont multiplié leurs efforts, sondages, démarches de toutes sortes et de tous côtés pour y mettre un terme, la campagne défaitiste s'amplifie en Occident et en Orient afin d'écœurer les Américains et de livrer l'Indochine aux conquérants de Hanoï, en attendant ceux de Pékin. Car abandonner la partie, au Sud-Vietnam, ce serait non seulem~nt laisser le champ libre aux communistes staliniens du Nord, mais sceller le sort de toute la péninsule indochinoise, sans parler de ce qui s'ensuivrait dans l'ensemble du Sud-Est asiatique. Comme l'a dit très justement Pham Van Dong, le président du Conseil nord-vietnamien, le 2· septembre dernier, la Chine communiste « constitue notre arrière» et l'Union soviétique « est constamment à nos côtés». Il ajoutait avec assurance : « Les autres pays frères luttent unis à nous», en se gardant par diplomatie de mentionner le concours moral et politique que tant de gouvernements pseudo-neutres ou non engagés donnent au communisme impérialiste. L'enjeu de la guerre au Vietnam dépasse donc de beaucoup le sort de l'ex-Indochine française. Alors que les communistes ne sauraient espérer une victoire militaire, ils s'obstinent néanmoins à prolonger ·indéfiniment les horreurs de la guerre en spéculant sur les effets de leur propagande, de leurs mensonges, de leurs calomnies à travers le monde, en deux mots de la guerre froide dans laquelle ils sont passés maîtres et dont ils escomptent une défaite psychologique américaine à quelque échéance. Ils prévoient que le mouvement d'opinion qu'ils suscitent et manipulent sans vergogne gagnera les Etats-Unis jusqu'à y provoquer une crise intérieure, une pression défaitiste sur le Congrès et sur les politiciens responsables. Les tentatives incessantes de Washington pour trouver une solution pacifique au conflit ne font que confirmer les « sans-scrupules conscients» du communism~ dans leur certitude d'avoir· le .dernier mot. Le leitmotiv principal de leur campagne politique, bien propre à tromper le public ignorant et crédule, c'est que les Américains se permettent une intervention étrangère dans les affaires vietnamiennes alors que 1~ Nord et le Sud ne demandent qu'à s'entendre pour mettre en BibliotecaGino Bianco application les accords de Genève,· lesquels en 1954 avaient mis fin épisodiquement à la guerre d'Indochine. Une telle façon de présenter les choses a déjà trouvé tant de dupes qu'il importe de rétablir sur ce point la vérité historique, envers et contre la presse « bourgeoise» complaisante aux despotismes orientaux, envers et contre tous ceux qui font le jeu de l'ennemi en déblatérant sur les Etats-Unis, pour ne rien dire des partis et des journaux dont la .. dévotion à Moscou ou à Pékin est notoire. L'intervention américaine a commencé sur les instances pressantes· de la Ffance, surtout après qu'en 1951 de Lattre de Tassigny eut entrepris au.x Etats-Unis un voyage au cours duquel il s'épuisa à persuader la classe politique et l'opinion publique de venir en aide aux Français et aux Vietnamiens qui résistaient à la conquête communiste.« La guerre déclenchée il y a six ans par le Vietminh, disait-il, n'avait pas pour but réel l'indépendance, mais l'instauration du communisme; elle ne cherchait à éliminer la présence française que pour mieux asservir l'Indochine à la pire des dominations. Le masque du nationalisme a servi pour duper beaucoup de Vietnamiens, de Français, d'Américains, pour permettre au parti communiste en Indochine, comme dans les pays de l'Europe orientale, d'implanter peu à peu sa police, d'organiser sa propagande, de liquider ses adversaires ... » (cf. Pierre Darcourt : De Lattre au Vietnam, Paris, Ed. de la Table Ronde, 1965). « Grâce à de Lattre, écrit l'auteur cité, dans l'esprit · de tous les Américains, le Viet,nam · est devenu un bastion du monde libre qui a la même importance que Bastogne en 1944 et que Berlin en 1947 .» Peu après,« le matériel américain va se mettre à couler vers l'Indo- • chine». Plùs tard viendront les techniciens, les conseillers militaires et enfin des troupes. Les Etats-Unis avaient reconnu le Vietnam, le Laos et le Cambodge le 7 février 1950. Ils consentirent à la France et aux Etats associés d'Indochine « une aide économique et d' équipement militaire», à Paris, le 8 mai 1950. Après les adjurations de de Lattre, ils admirent le 23 septembre 1951 que « la défense de l'Indochine est de grande importance pour la défense de toute l'Asie du Sud-Est» et que la France et les Etats-Unis soutenaient la - même cause. Le 18 juin 1952, un communiqué
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