QUELQUES LIVRES Révolution et contre-révolution en Hongrie Gu1no RoMANELLI: Nell' Ungheria di Bela Kun. Udine 1964, Donetti édit., 566 pp. COLONELdans l'armée italienne, l'auteur fut, de mai à novembre 1919, chef de la délégation à Budapest de la Commission militaire italienne d'armistice, dont le siège était à Vienne. Depuis l'accession au oouvoir de Bela Kun (21 mars 1919), cette délégation était la seule représentation des puissances alliées dans la République soviétique hongroise. L'auteur brosse des événements, de ses fonctions et de son activité, un tableau si vivant et si coloré que son ouvrage se lit d'un bout à l'autre avec • , I\ • ~ un 1nteret passionne. Malgré le caractère anecdotique propre aux Mémoires, ces souvenirs personnels forment un tout homogène d'où se dégagent les principaux événements dans leur succession chr Jnologique. Amputée des deux tiers de son territoire, la Hongrie se trouvait en guerre ouverte avec la Roumanie et la Tchécoslovaquie, en guerre larvée avec la Yougoslavie et coupée de l'Autriche par le blocus. Le ravitaillement se faisait de plus en plus précaire, le marché noir était roi et le moral de la population, un instant rétabli en mai-juin par d ~s succès militaires en Slovaquie, ne tarda pas à s'affaisser de nouveau lorsque le gouvernement, cédant aux « durs », laissa libre cours aux bandes terroristes de Tibor Szamuelyi de sinistre mémoire. Usant des possibilités que lui conféraient les clauses du traité d'armistice, le colonel Romanelli intervint plus d'une fois - redoutant même souvent d'outrepasser ses pouvoirs, - tant sur le plan politique que pour rendre service aux victimes des persécutions. Il vit Biblioteca Gino Bianco plusieurs fois Bela Kun, sur qui il essayait de neser discrètement par l'intermédiaire du député socialiste italien Morgari qui, passant quelques mois en Hongrie, était en bons termes avec le gouvernement. Il reçut aussi la visite des députés Maffi et Lazzari. Lorsque l'armée roumaine passa à l'offensive en juillet, il tenta désespérément, mais en vain, allant jusqu'à s'adresser à Clemenceau, d'empêcher au'elle n'occupât Budapest, car il " . . . prevoya1t que cette occupation entraverait une transition pacifique après la chute de Bela Kun. Celle-ci paraissait inévitable dès la première moitié de juillet. Au sein du gouvernement, les discu~sions s'exace.rbaient entre sociaux-démocrates et communistes qui avaient fusionné en un seul parti lorsque, en mars, au lendemain de la démission du cabinet Karolyi, s'était constitué le gouvernement soviétique présidé par le social-démocrate Sandor Garbay, mais effectivement dirigé par Bela Kun, commissaire aux Affaires étrangères. Dès le début de juillet, Boehm, commissaire à la Guerre et commandant en chef des forces armées, donna sa démission, tandis que les autres éléments sociaux-démocrates, groupés autour de Joseph Haubrich, commandant de la garnison de Budapest, réclamaient avec une insistance croissante la démission du gouvernement. Celle-ci eut lieu le 31 juillet. Ayant été en contact personnel avec la plupart des acteurs, le colonel Romanelli expose comment le gouvernement communiste laissa la place à un gouvernement de transition présidé par le social-démocrate modéré Jules Peidl, flanqué d'autres sociaux-démocrates comme Agoston, Miakits, Haubrich, Payer et Garbay. Gouvernement éphémère : dès le 6 septembre, à la faveur de l'occupation roumaine, il fut chassé par une clique de « cidevant » qui n'avaient rien appris ni rien oublié et ne cachaient pas leur volonté de res-
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