B. KERBLAY eux-mêmes admettent que le niveau de productivité de l'industrie soviétique se situe actuellement à peu près à 47 % du niveau américain. Un critère beaucoup plus juste consisterait à mesurer, pour telle fonction de production déterminée, ce qui aurait été obtenu aux EtatsUnis avec les mêmes composantes des facteurs de production qu'en Union soviétique. Si les mêmes composantes d'input avaient été utilisées, quels résultats aurait-on obtenu ? Des études récentes du professeur Berliner aboutissent à la conclusion que, dans des conditions de production comparables et en utilisant les mêmes composantes d'input que -les Soviétiques, en 1960, les Américains auraient pu obtenir, pour un même assortiment, une production brute de 5 à 20 % supérieure au niveau sovié-' tique 9 • Pourquoi deux pourcentages : 5 _ et 20 % ? Parce que l'auteur a fait des hypothèses différentes sur la relation entre capital et revenu brut. S'il nous faut bien constater que la croissance soviétique ne s'est pas réalisée au moindre coût, il convient aussi de reconnaître que toutes les économies, quelles qu'elles soient, s'accompagnent d'inefficacité et de gaspillage ; ce n'est pas là nécessairement une caractéristique du système soviétique. ,,*.,,. E N CONCLUSION, on peut tenter d'évoquer quelques perspectives sur les rapports entre la croissance et la planification. Nous avons décrit ce qui a été et ce qui est ; il faut maintenant réfléchir sur ce qui pourrait être. Une première constatation, c'est que les dirigeants soviétiques n'ont nullement abandonné leurs objectifs de croissance rapide. Il n'est pour s'en convaincre que de se référer aux plans à long terme définis au XXIJC Congrès. Le taux d'accroissement prévu pour la production industrielle d'ici à 1980 est de l'ordre de 10 % par an, c'est-à-dire bien davantage que ce qui avait été envisagé par le plan septennal 1959-65. Deuxièmement, malgré ces objectifs ambitieux, le rythme de croissance s'est ralenti sensiblement au cours des dernières années. En 1959, la croissance industrielle annuelle, calculée suivant les indices officiels, est de 11,4 % ; elle est tombée à 9,7 % en 1962, à 8,1 % en 1963 et à 7,8 % en 1964. 9. J. Berliner, ln Amerfcan Beonomlc lwvlew, mal 19M. Biblioteca Gino Bianco 307 On peut penser que les dirigeants sont conscients de ce ralentissement, que le problème, certainement, les inquiète, et l'on peut se demander si les différentes réformes proposées dans le domaine de la planifica tian ainsi que dans celui de l'organisation des entreprises ne sont pas destinées à contrebalancer ce courant défavorable. Dans quelle mesure les réformes pourraient-elles laisser présager une reprise de la croissance à rythme rapide ? Autrement dit, le ralentissement est-il simplement temporaire ? Dans ce ralentissement, il y a des éléments qui ne dépendent pas directement de la planification et du perfectionnement possible de ses méthodes. Ce sont avant tout les changements de structure de l'industrie réalisés depuis trente ou quarante ans et qui ne peuvent plus se répéter. Par conséquent, les possibilités d'accroissement de la productivité que l'on pourrait espérer des changements structurels, si elles ne sont pas complètement épuisées, ne sont plus aujourd'hui fort importantes ; en particulier, la marge d'emprunts aux techniques étrangères est beaucoup plus limitée qu'autrefois. D'autre part, le pays entre actuellement dans une période de rendements décroissants qui se manifeste notamment par l'évolution défavorable du « capital-input ratio » ; c'est-à-dire que, pour un accroissement de production donné le capital nécessaire est beaucoup plus impor;ant aujourd'hui qu'autrefois ; cela est dû au fait que le minerai de fer a une teneur moindre ' que le développementt industriel touche des régions comme la Sibérie, où les dépenses d'infrastructure sont beaucoup plus élevées, etc. ·Un. autre facteur de croissance qui ne dépend pas directement de la planification, ce sont les ressources en main-d'œuvre. Celles-ci ne sont pl?s aussi ab~ndan tes qu'à l'époque des premiers plans qwnquennaux. Les projections américaines sur les disponibilités en main-d'œuvre pour la prochaine décennie montrent un taux de croissance de l'emploi dans les secteurs non agricoles qui ne sera pas très supérieur à celui des dix dernières années, années de « classes creuses ». En outre la durée du travail hebdomadaire a été réduiie : elle est actuellement de 41 heures et l'on prévoit même son abaissement à 35 heures. On objectera que ces difficultés pourraient être ~ssez facilement contrebalancées par une élévation du taux de l'accumulation · ainsi Péconomie industrielle retrouverait en quelqu~ sorte son dynamisme. Je crois que ce n'est
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