302 1928 à 1950, ou, au contraire, les prix de fin de période? Choix très important lorsque l'industrie enregistre des changements de structure rapides ; au cours de l'industrialisation, tous les types de productions n'avancent pas au même rythme : ceux qui progressent le plus vite sont généralement ceux pour lesquels l'écart entre les prix de début de période et de fin de période est le plus élevé, en raison des pro~rès de la productivité qui entraînent un abaissement des prix initiaux. Autrement dit, si nous prenons des prix de début de période, nous risquons de surestimer le volume réel des produits qui vont occuper une plàce très importante dans la croissance industrielle. C'est pourquoi la plupart des économistes, plutôt que de choisir entre début et fin de période, préfèrent calculer deux séries d'indices. Il ne s'agit pas· d'établir une moyenne entre deux pondérations basées sur des prix de d~- but et de fin de période, mais au contraire de mesurer l'écart entre les deux séries, car. c'est celui-ci.qui est caractéristique des changemei?-ts de structure entraînés par l'industrialisation. A titre d'exemple, la moyenne de· la croissance industrielle entre 1928 et 1958, calculée avec des prix de début de période,' s'établit à 10,1 % par an, mais tombe à 7 % si l'on adopte les prix de 1950 1 • Autre question :. doit-on-.choisir comme année de référence 191.3 ou 1928 ? Les résultats ne sont pas les mêmes si l'o~. adopte_, comme le professeur Nutter, 1.913.-. ··le rythme de la croissance est alors plus étalé, .donc moins rapi..· de - ou si l'ori ne tient compte que de la période des plans .quinquennaux, en partant de 1927-28. Enfin - autre source de ·divergences-:-- les uns, comme W. Nutter, adoptent les ·prix de gros de l'industrie tandis que d'autres, comme Campbell, utilisent les prix au· départ de 'l'entreprise .... · .· . ' . Une dernière difficulté réside dans l'évaluation de cer~aines productions· sur lesquell~s.les' statistiques soviétiques ne fournissent aucun; r~nseignement. Ainsi, dans le domaine des indust;ies mécaniques, nous connaissons assez bien la production civile, m~is non les àutres branches, lesquelles occupent évidemment ·un:e-: large part ·du totàl de ce secteur. Pour évaluer. cette part, on se base sur des relations entre là transformation· d'énergie, ou la consommation. d'acier, èt :la vale:ur ajoutée,' ce qui entraîne inévitàblement une ,large ··màrge d'inèer- ·, 1. Robert W. Campbell, in Economie. Tl'ehds in the Soviet Union (A. Bergson, S. Kuznets, editors), Harvard Univ. Press, 1963. . :r ' ' Biblioteca Gino Bianèo L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE titude. Bref, en l'état actuel ·des travaux occidentaux sur la croissance soviétique, nous sommes dans une situation assez embarrassante parce qu'on a multiplié les évaluations. La gamme des estimations s'échelonne entre celles de Campbell et Tarn, qui situent la croissance industrielle à des rythmes aussi élevés que les indices officiels soviétiques 2 , et les indices beaucoup plus bas de Nutter 3 • · Plùtôt. que de- s'attarder· sur· les divergences, il importe de voir sur quels points toutes ces estimations convergent, et d'étudier plus parti- ,culièrement les caractères spécifiques de la croissanèe, objet de la présente étude. Les économistes occidentaux reconnaissent que la croissance industrielle soviétique présente des caractères spécifiques sur quatre points .. Le premier est qu'il s'agit d'une croissance ~xtrêmement rapide sur longue période. Certes, sur des périodes plus courtes, le Japon, l'Italie, l'Allemagne fédérale, etc., présentent des inclices presque aussi élevés, souv~nt même plus · élevés, que l'Union soviétique; dans ce pays, toutefois, la croissance s'est maintenue à des taux élevés sur une longue période. Entre 19 50 et 1961, le Japon a réalisé une croissance industrielle de 17 % par ·an, l'Union soviétique de 9,3 %, l'Allemagne fédérale de 9,2 % ; .mais .t>endant toute la période de 1937 à 1961, on note pour le Japon une croissance de 5 ,3 % et pour l'Union soviétique de 5,9 % ; pendant la période 1925-1940~ pour l'Union sqviétique 7,4 % par an,"pour les Etats-Unis 1;8 %, etc. La· deûxième caractéristique:.- ici ··encore tou~ les économistes sont 'd'accord - est que cètte croissance s'est· accompagnée de changement~ structurels extrêmement rapid~s.·La place occupée par les industries des biens de production (nous l'appellerons· le secteur A, selon la terminologie marxiste),. qui représentait 40 % du tot~l en 1928, est passée, en 1963, à 7? %, ,tandis qtie les biei:is.de consommation (secteur '~J sont tombés à 25· % . en 1963 contre 60 % en 1928. Il est· difficile de donner le~_chiffres ~orrespondants pour les Etats-Unis, parce qu'il 'faudrait pouvoir. recalculer la production américaine selon les mêmes définitions (;ecteur A et. secteur B) ; on peut tenter de le faire en utilisant, par exempl~, les tables d' « input-output » de Léontiev pour 1947. Il rie fait pas de doute que le contraste dans le développement de ces d~ux secteurs est beau- ,. . . . 2. Campbell and Tarn : • Dollar Value of Soviet lndustrial Production 1955-60 •, in Review of Economies and Statistics, Harvard, nov. 1964. 3. G. Warren Nutter : The Gl'owth of lndustrial Production in the Soviet Union, Prinèéton Untv., 1962.
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