300 tenu un curieux raisonnement sur les possibili- . tés d'une révolution prolétarienne. L'Allemagne leur semblait un terrain d'élection pour une action de ce genre parce que, pensaient-ils, elle était sur le point de faire, tardivement, sa révolution bourgeoise. Tardivement, c'est-à-dire à un moment où le prolétariat était beaucoup plus important qu'en Angleterre ou en France lors de la révolution bourgeoise de chacun de ces pays. Le rapport des forces serait donc tel, qu'il permettrait au prolétariat de triompher rapidement de la bourgeoisie après la victoire de celle-ci sur les féodaux. Ce raisonnement de croyants impatients de voir arriver le temps du Royaume, il ne semble ,. s·-blioteca Gino Bianco , DÉBATS ET RECHERCHES pas que Marx l'ait jamais repris dans la suite . Mais il s'applique assez bien à ce qui s'est passé en Russie. A ceci près que, si la bourgeoisie russe fut incapable de conserver le pouvoir, le prolétariat n'était pas non .plus en mesure, par les soviets ou autrement, d'imposer le sien. La dictature .de Lénine ne fut nullement une dictature marxiste. Ce· fut une dictature saint-simonienne. Et c'est pourquoi il retrouva tout naturellement la distinction faite par Saint-Simon et ses disciples entre les libertés réelles et les libertés formelles. L'Etat soviétique a joué le rôle paternaliste ·que Michel Chevalier avait attribué à la monarchie censitaire, et plus tard à Napoléon III. • 0 , \ YVES LÉVY. 't ,.
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