Le Contrat Social - anno X - n. 4 - lug.-ago. 1966

·230 sacrée que nos gouvernements ont contractée envers nos peuples et tous les peuples du monde. C'est seulement par la coopération continue et croissante et la compréhension mutuelle de nos trois pays et de toutes les nations pacifiques que peut se réaliser la plus haute aspiration de l'humanité - une paix sûre et durable qui, selon les termes de la Charte de l'Atlantique, « fournira l'assurance que tous LE CONTRAT SOCIAL les hommes dans tous les pays peuvent vivre leur vie, libres de la crainte et du besoin ». La victoire dans la guerre présente et l' établissement de l'organisation internationale projetée offriront la plus grande occasion de toute l'histoire de créer dans les années à venir les conditions essentielles d'une telle . paix. w. S. CHURCHILL, F. D. ROOSEVELT, J. STALINE. Un commentaire immédiat · I L SEMBLEVRAIMENTNÉCESSAIREde faire entendre un cri d'alarme à propos de faits récents qui peuvent décider du sort des peuples. A peine la conférence de Ialta était-elle terminée que, sans prendre la peine de lire ses résolutions, sans rien savoir de ce que les textes impliquent ou signifient, sans se donner le temps de la réflexion, des guides éminents de l'opinion publique (sénateurs, représentants, journalistes) ont proclamé urbi et orbi que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes démocratiques. Or, à y regarder de plus près, que se passe-til? Les délégations des États-Unis et de l'Empire britannique paraissent avoir cédé, sur tous les points essentiels, devant la volonté inébranlable du dictateur de l'U .R.S.S., le plus puissant des États totalitaires. Si d'insignifiantes concessions ont été consenties aux porte-parole des démocraties, ce sont des concessions de mots, des concessions de pure forme qui, dans les conditions données, resterQnt nécessairement lettre morte et n'entament en rien les conquêtes d'un impérialisme débordant. En fait, )'U.R.S.S. paraît décidée à annexer plusieurs Etats et portions d'États limitrophes, à en dominer plusieurs autres par l'intermédiaire de régimes et de gouvernements à sa dévotion, c'est-à-dire à placer sous son contrôle dictatorial plus de 100 millions d'Européens dont, pourtant, le désir d'indépendance nationale n'est pas contestable. Cette tournure des événements ne promet, · pour l'avenir de l'Europe et du monde, ni la démocratie ni la paix, mais exactement le contraire. La nécessité inexorable d'écraser à jamais le nazisme, le pangermanisme, le racisme, le militarisme brun et jaune impose peut-être aux démocraties de langue anglaise de subir . Biblioteca Gino Bianco les prétentions d'un partenaire qui n'a pas choisi leur camp mais qui l'a rallié contraint et forcé par l'agression allemande. En tout cas, subir ne signifie pas accepter d'un cœur léger, encore moins approuver, encore moins idéaliser. Si, pour des raisons valables, les États-Unis et l'Empire britannique ne peuvent vaincre deux impéria1ismes qu'en laissant le champ libre à un troisième, non moins monstrueux, ce n'est pas à eux d'obscurcir la conscience universelle en masquant les faits qui s'accomplissent dans l'Europe centrale et orientale, en appelant autrement que par leurs noms les faits qui se préparent. Il est temps, donc, grand temps de traduire en langage clair, intelligible au common people, les décisions des conférences internationales qui engagent les nations pour des siècles. Les secrets militaires appartiennent aux gouvernements, les buts de guerre regardent les gouvernés. Déjà, dans les Pays baltes, en Pologne, dans les Balkans, la Gestapo russo-soviétique extermine. ·implacablement les élites, déporte par millions les éléments conscients susceptibles de faire obstacle à la mise au pas générale. Demain, ce sera le tour de la Bohême, de la Slovaquie, de la Hongrie, puis de la Perse. Que vaudront, dans ces conditions, les parodies d'élections et de plébiscit~s? Qui peut espérer une libre détermination exprimée· sous le poids d'une dictature totalitaire et terroriste? Il est peut-être trop tard pour empêcher de nouvelles violations du droit, de nouveaux dénis de justice, conséquences fatales du crime commis par l'Axe en déchaînant la guerre sur le monde. Il n'est pas enc9re trop tard pour faire en sorte que les peuples pacifistes d'Amérique et de Grande-Bretagne ne soient pas tenus pour responsables. B. SouvARINE. Février 1945

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