Le Contrat Social - anno X - n. 4 - lug.-ago. 1966

DOCUMENTS Elle prouve qu'on pouvait, sans attendre que vingt ·années s'écoulent, discerner immédiatement les malheurs qui allaient s'ensuivre, même sans « double hégémonie >> ni << partage du monde •· Parmi les très rares voix isolées qui critiquèrent avec clairvoyance la conduite de Roosevelt, il y eut celle d'Isaac Don Levine dont les deux articles parus dans American Aff airs : « Les fruits amers de Téhéran >> (janvier 1945) et « La moisson de Ialta >> (juillet 1945) ont été traduits dans le n° 52 du B.E.I.P.I. (septembre 1951). Dix ans après Ialta, la conférence fut commentée sans ménagements par B. Souvarine en deux courts articles que le Contrat 227 social, dix ans plus tard, a pu reproduire san~ y rien changer (notre n° 6 de 1965). Voir aussi l'excellent exposé d'Anatole Muhlstein : << Le spectre de Ialta >>, dans le B.E.l.P.l., n° 136 (septembre 1955). La question n'est nullement épuisée pour autant et, puisqu'une âpre querelle politico-diplomatique internationale est engagée dont on n'entrevoit pas la fin, on y reviendra ici plus à loisir. En attendant, il sied de recommander la lecture du livre de M. Jean Laloy : Entre guerres et paix, qui vient de paraître aux Editions Pion, et dont le chapitre sur la conférence de Ialta expose les faits et les réalités avec une objectivité parfaite. Texte officiel de la déclaration Roosevelt-Churchill-Staline sur les buts de guerre LA DÉCLARATION SUIVANTE est faite par le premier ministre de Grande-Bretagne, le président des États-Unis d'Amérique et le président du Conseil des commissaires du peuple de l'Union des républiques socialistes soviétiques, sur les résultats de la conférence de Crimée. Défaite de l'Allemagne Nous avons examiné et fixé les plans militaires des trois puissances alliées pour la défaite finale de l'ennemi commun. Les états-majors des trois nations alliées se sont réunis en séances quotidiennes pendant toute la conférence. Ces séances ont été très satisfaisantes à tous points de vue et ont abouti à une coordination plus étroite que jamais de l'effort militaire des trois alliés. L'information la plus complète a été échangée. La synchronisation, les objectifs et la coordination des coups nouveaux et toujours plus puissants que nos armées et nos aviations porteront jusqu'au cœur de l'Allemagne, de l'Est, de l'Ouest, du Nord, du Sud, ont été entièrement convenus et fixés dans le détail. Nos plans militaires combinés ·ne seront révélés qu'au fur et à mesure de leur exécution, mais nous croyons que le travail très étroitement associé des trois états-majors, obtenu à cette conférence, raccourcira la guerre. Des réunions des trois états-majors seront tenues à l'avenir, si le besoin s'en fait sentir. L'Allemagne nazie est condamnée. Le peuple allemand ne fera qu'alourdir le poids de la défaite en essayant de prolonger une résistance désespérée. Occupation et contrlJle de l'Allemagne Nous nous sommes mis d'accord sur une politique et des plans communs pour appliquer les termes de la reddition sans conditions que Biblioteca Gino Bianco nous imposerons ensemble à l'Allemagne nazie, après avoir définitivement écrasé sa résistance armée. Les termes n'en seront pas révélés avant que la défaite finale de l'Allemagne ne soit consommée. Selon le plan convenu, les forces des trois puissances occuperont , chacune une zone séparée de l'Allemagne. Une administration et un contrôle coordonnés ont été prévus selon le plan, par l'intermédiaire d'une commission centrale de contrôle comprenant les commandants en chef des trois puissances avec leurs quartiers généraux à Berlin. On a convenu que la France serait invitée par les trois puissances, si elle le désirait, à occuper une zone et à participer comme quatrième membre à la commission de contrôle. Les limites de la zone française seront convenues par les quatre gouvernements intéressés par l'intermédiaire de leurs représentants à la commission consultative européenne. Nous sommes inflexiblement décidés à détruire le militarisme allemand et le nazisme, et à nous assurer que l'Allemagne ne sera jamais plus capable de troubler à nouveau la paix du monde. Nous sommes décidés à désarmer et disloquer toutes les forces armées allemandes, à supprimer pour toujours l'étatmajor général allemand qui a, si souvent, contribué à la résurrection du militaris1ne allemand; à enlever ou à détruire tout l'équipement militaire allemand, à éliminer ou à contrôler toute l'industrie alle1nande qui pourrait servir à la :production militaire; à infliger à tous les criminels de guerre un châtimen L juste et rigoureux et à exiger une réparation exacte, en nature, pour les destructions causées par les Allemands; à supprimer le parti nazi, les lois nazies, les organisations et les institutions nazies, à arracher loutcs les influence nazies et militaristes des administrations publiques et de la vie économique et culturelle du peuple allen1and, et à I1rendre, en accord, telles autres mesures, en A lemagne, qui pour-

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