Le Contrat Social - anno X - n. 3 - mag.-giu. 1966

LE CONTRAT SOCIAL phiques, toqtes plus « définitives» les unes que les autres et mises au pilon quand l'exige une crise de la direction du Parti aussi infaillible que monolithique. Dans le même ordre d'idées, Moscou annonçait le 7 mai une troisième édition de la Grande Encyclopédie Soviétique, en trente volumes, à paraître à partir de 1969. La rédaction se propose de renoncer au « ton violemment critique de certains articles» pour ne citer que « des faits donnant une image réelle des hommes et des événements». Voilà encore qui sera nouveau et qui contient l'aveu implicite du caractère mensonger des éditions antérieures dont le ton est, en réalité, non pas « violemment critique» mais violemment diffamatoire et calomniateur. Ce que nous avons toujours dit _etdémontré, ici même et dans les publications sus-nommées. Quant à donner « une image réelle des hommes et des événements», on demande à le voir pour le croire. L'esprit de parti laissera-t-il la nouvelle Encyclopédie constater que Lénine a renié au pouvoir les principes qu'il affichait quand il était dans l'opposition ; que le régime soviétique a pris le contre-pied des promesses de la révolution d'Octobre ; que Staline, par sa collectivisation agraire forcée et son industrialisation planifiée, toutes deux par la terreur, a considérablement retardé le développement économique normal de la .Russie; que le parti communiste soviétique et le parti national-socialiste allemand sont coresponsables de la deuxième guerre mondiale qui a fait plus de 38 millions de victimes ? Dans l'affirmative, la vérité ayant commencé à supplanter le mensonge, on devra reconnaître qu'il y a enfin quelque chose de changé dans l'U .R.S.S. sans soviets et sans socialisme. Jean Le Bail JEAN LE BAIL, ex-professeur à Limoges et ancien député socialiste de la Haute-Vienne, est mort le 26 octobre dernier à l'âge de 61 ans. La Révolution prolétarienne, revue syndicaliste, a honoré sa mémoire et reproduit une note de son n° d'avril 1953, rédigée d'après le Monde du 8 mars 1953, et que voici : Biblioteca Gino Bianco 197 C'est au début de la séance de vendredi soir que M. Edouard Herriot a salué la mémoire de Staline devant les députés debout, à l'exception de MM. Besson, indépendant, et Le Bail, S.F.I.O., restés assis. Ainsi il s'est trouvé un parlement français ass~z représentatif de« l'Occident pourri» pour s'ahgner sur les esclaves soviétiques de l'époque ~t participe~ au culte de l'ignoble personnahté de Stahne. Deux députés seulement ont eu la dignité de s'abstenir. Nous nous associons à l'hommage rendu par la revue syndicaliste à la mémoire du socialiste Jean Le Bail, le seul de son parti à se comporter au parlement en socialiste fidèle à une morale et à des principes, le seul à se montrer solidaire des victimes contre le bourreau, le seul aussi à manifester en silence son refus de prendre le deuil d'un perfide ennemi de la France. Car Staline a toujours été un ennemi de notre pays, soit dit sans donner à cette hostilité une priorité quelconque sur les crimes que ce tyran obtus et sanguinaire a commis contre les peuples de l'Union soviétique, et contre l'humanité tout entière en pactisant avec Hitler. L'article« Staline contre la France», dans le B.E.I.P.I., n° 34, de novembre 1950, résume les principales actions antifrançaises du sinistre personnage qui a félicité chaudement Hitler de sa victoire sur la France, le 18 juin 1940, le jour même où de Gaulle parlait à la radio de Londres. On pourrait encore reproduire cet article sans y rien changer. Retenons-en seulement un passage auquel les circonstances donnent un regain d'actua- -lité : A l'encontre du dernier traité franco-russe, des conventions internationales sur les prisonniers de guerre, des règles élémentaires de civilisation et d'humanité, le gouvernement soviétique s' obstine à garder captifs au moins 16. 000 Alsaciens et Lorrains dont le sort désole en France autant de familles amputées (déclaration du ministre des Affaires étrangères, le 8 décembre 1949, au Conseil de la République). Un traitement barbare est inf1-igé à nos compatriotes comme à tous les prisonniers en U.R.S.S .... Robert Schumann n'est plus là pour exiger la libération et le rapatriement de ces prisonniers français. Se trouvera-t-il au parlement actuel un autre Le Bail pour prouver que toute la France n'oublie pas?

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