LE CONTRAT SOCIAL de lumières spéciales sur les pays d'Asie bordés par l'océan Pacifique. Et enfin, sur les 198 signatures recueillies, il y a toutes sortes de gens et de professions n'ayant rien de commun avec la Chine : le Reporter ne nomme que deux « experts», J.K. Fairbank et A. Eckstein, compétents en matière chinoise, et dont les opinions sont connues de longue date. Cette histoire n'est absolument pas du goftt de l'Association for Asian Studies qui se tient à l'écart de toute politique, qui compte entre autres un millier d'étudiants et beaucoup d'adhérents sans prétention aucune à la sinologie. C'est par un abus de confiance que l'Association, comme telle, a été mêlée à cette manœuvre hostile à la politique américaine par ceux qui tirent en catimini les ficelles. Voilà pourtant de quelle façon le Times newyorkais « informe» le public; et tel est le genre d'information auquel le Monde, le Figaro et tant d'autres journaux font bruyamment écho pour dresser l'opinion publique en Europe con~ tre l'Oncle Sam. Ce n'est qu'un exemple entre mille. Notre dernier« Observatoire» a déjà noté le gros titre du Figaro proclamant que « 88 % des Américains» veulent des négociations avec le Vietcong, sur la foi d'un· pseudo-sondage effectué à Stanford. Le même journal avait prétendu, le 23 février, que« toute l'élite intellectuelle américaine » est ralliée à l'opposition qui réprouve la politique de la Maison Blanche. Il fut un temps où le Figaro aurait fait entendre un autre son de cloche. Le cauchemarindonésien LES ÉVÉNEMENTSd'Indonésie, toujours estompés dans une brume sinistre et sanglante, livrent peu à peu leurs secrets sans qu'il soit possible de savoir toute la vérité sur le coup du 30 septembre ni d'en prévoir les suites prochaines et à venir. Une chose est certaine : les horreurs commises en représailles des atrocités communistes passent l'imagination et dépassent déjà ce que les annales de l'Asie ont enregistré dans les temps modernes. D'après le New York Times du 13 avril, il est question à Djakarta de 300.000 victimes et davantage. (Nous en étions au chiffre de 150.000, même source, dans notre« Observatoire», n° 1 de cette année.) Mais le correspondant du . Monde sur place rapporte que les évaluations varient de 200.000 à 500.000 victimes« communistes» et s'élèvent parfois jusqu'à un million. Il va sans dire que d'innombrables innocents ont dft périr dans ces tueries aveugles et fanatiques, parmi eux quantité de vagues « sympathisants» et de malheureux suiveurs irresponsables. D'ailleurs des témoins ont vu décapiter nombre de pseudo-communistes ainsi Biblioteca Gino Bianco 19S que leurs femmes et leurs enfants, ces horreurs étant perpétrées afin qu'aucun membre de la famille ne survive pour venger les siens ou pour se plaindre. La lecture de ces abominations est à peine supportable. On a beau se dire que le succès des communistes eftt entraîné des massacres encore plus terribles, ce que donnent à penser les atrocités commises par eux dans la nuit du 30 septembre (voir notre n° 5 de l'année dernière), cela ne dissipe pas le cauchemar. Tant de sauvagerie à notre époque fait désespérer de l'espèce humaine. Il faut un grand effort sur soi-même pour rappeler l'ampleur des crimes communistes en France lors de la libération du territoire par les forces anglo-américaines en 1944 et 1945. Ce sont encore les gouvernements et les partis communistes qui, en 1964, ont applaudi aux actes de cannibalisme et aux exécutions d'otages au Congo, qui ont osé protester contre l'intervention aéroportée des Belges visant à sauver des centaines de vies humaines. Les communistes indonésiens et leurs inspirateurs chinois sont indubitablement responsables des représailles exterminatrices déchaînées par leur initiative scélérate. Il n'empêche que tant de sang versé, tant de femmes et d'enfants victimes pitoyables de théories absurdes, tant d'actes insensés donnent la nausée. Le journal de l'armée indonésienne impute à Mao, non sans vraisemblance, l'influence déterminante sur la tentative du 30 septembre. Il relate même une conversation qui aurait eu lieu entre Aïdit, le chef du parti communiste indonésien, et Mao à Pékin, avant le putsch avorté. On se demande comment ledit journal a pu s'en procurer le texte : l'a-t-on trouvé dans les papiers d'Aïdit ou dans les archives du Parti au cours des opérations qui ont traqué les communistes? Toujours est-il que les conseils de Mao à Aïdit sentent l'authenticité, tel qu'on connaît le personnage et sa façon de s'exprimer : « Fais comme je te dis et tue tous les généraux réactionnaires tels que Nasution, Yani et Suharto d'un seul grand coup. L'armée sera comme un cortè~e de dragons sans têtes et ils se rendront certainement à toi. » Aidit ayant objecté : « Mais l'élimination (sic) de tous les officiers supérieurs réactionnaires signifiera le meurtre de ;J?lusieurs centaines de personnes ? », Mao réphque en riant : « Qu'est-ce à dire, juste quelques centaines ? Après mon arrivée dans le Cheng-Si du Nord, j'ai tué 20.000 personnes d'un coup : les cadres de la 48 Armée rouge. Dans les années difficiles suivantes, il n'y eut pas de révolte, parce que j'avais tué tous les hésitants. » D'ailleurs les conseils de Mao ont été suivis à la lettre et ce sont des circonstances fortuites qui, permettant à Nasution et à Suharto
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==