194 chasse américaine, ne feront impression que sur les politiciens et les journalistes ignares, empressés à mener grand bruit pour peu de chose. Les Chinois ne se lassent pas de crier : ils criaient avant, ils crient pendant, ils crieront après, parce que selon Karl Marx qu'ils ont mal lu et auquel ils n'ont rien compris, « crier et agir sont deux choses incompatibles et qu'on ne peut concilier». Les Chinois crient, tant qu'ils ne sont pas capables d'agir. Et ils n'agiront que si les Américains ne savent pas se taire à Washington ni donner la pleine mesure de leur force au-dessus du 17e parallèle. Le précédent de la guerre de Corée pèse comme un cauchemar sur la guerre du Vietnam. Comment les Chinois et leurs alliés oublieraient-ils que Truman, sous la pression de toutes sortes d'éléments disparates, a commis la faute désastreuse, irréparable, inexpiable, d'empêcher MacArthur d'infliger à l'ennemi une défaite décisive et durable? Ils ne peuvent envisager que, cette fois, la volonté américaine mieux éclairée, nourrie d'expérience, s'avère conséquente et inflexible. En dépit de leurs querelles intestines, les communistes de tous les pays s'unissent, Soviétiques en tête, pour circonvenir quantité de suiveurs et les entraîner dans leur campagne anti-américaine sous les drapeaux mêlés du pacifisme et de l'indépendance nationale. Ils ont la certitude de renouveler ainsi l'opération prolongée qui a mis fin à la guerre de Corée et permis aux demivaincus de chanter victoire. Pour les détromper, il faudra autre chose que les multiples tentatives faites jusqu'à présent d'un seul côté pour rétablir la paix : il faudra juste le contraire. Ces lignes sont écrites .sans aucune illusion, car la politique étrangère, la diplomatie et la stratégie américaines s'élaborent à Washington dans un cercle très restreint dont les raisons et les critères échappent aux profanes. Dans la plupart des cas, les pressions extérieures se brisent aux grilles de la Maison Blanche, et le coup de la Corée n'est pas facile à réussir dans des circonstances bien différentes. Les manifestations défaitistes dont se repaissent nombre de politiciens et de publicistes en Europe n'affectent pas la ligne de conduite officielle tant que ne sont guère en jeu les ressorts de la politique intérieure, auxquels sont très attentifs les leaders des deux partis en compétition permanente. Dans l'ordre économique, aucune crise ne menace : le prochain budget annuel s'établira entre 110 et 115 milliards de dollar.s, sur lesquels 58 milliards s'imputent aux dépenses militaires et plus de 10 milliards à la guerre du Vietnam; les menaces et provocations communistes sont donc un fort stimulant de l'économie américaine. Ainsi rien encore. ne présage un tournant dans la malheureuse péninsule indochinoise où les partis pris résolus et les vioBiblioteca Gino Bianco . LE CONTRAT SOCIAL lences déchaînées ajournent sine die l'âge du bonze. [Ce qui précède avait été écrit avant la péripétie qui, de nouveau, a mis le général Ky aux prises avec ses bouddhistes insurgés. Notre sujet étant limité, il ne saurait être question ici d'entrer dans la jungle et les marécages politiques du Vietnam-Sud, alors que la conquête communiste est à l'ordre du jour. Une guerre de cette sorte implique nécessairement la discipline sur les fronts et l'état de siège à l'arrière; par conséquent, les exigences pseudo-démocratiques sont hors de saison, d'où qu'elles viennent, et les histoires d'élections « libres» dans un pays en guerre, ravagé de luttes intestines, pullulant de sectes et de factions, infecté de fanatismes rivaux, noyauté de mille manières par un communisme aux masques multiples, ces histoires sont des contes à dormir debout. Pour s'en tenir à l'essentiel, il importe de constater une fois de plus que les problèmes posés par l'ex pan- .. sion multiforme du communisme s'avèrent ' insolubles sur le plan local. La « philosophie» qui consiste à ne rien faire à l'échelle planétaire pour ne se battre que sur un petit secteur n'a valu et ne vaudra que des mécomptes. Si la guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens, encore faut-il une politique.] Abondance d'experts LE New York Times du 21 mars dernier, sous un gros titre : « Les experts sur la Chine pressent les Etats-Unis de rechercher un accord avec Pékin», voulait faire croire que« 198 experts » avaient signé un papier tendant à recommander au gouvernement de Washington un renversement de sa politique extérieure afin d'établir des relations diplomatiques et autres avec les enragés de Pékin, donc d'admettre ceux-ci aux Nations Unies. Une page entière était consacrée à cette « information » pour lui donner une importance exceptionnelle et le maximum de retentissement. Or, existe-t-il 198 « experts » dignes de ce nom, en matière chinoise, et quel poids intellectuel peut-on accorder aux signataires de ce papier, tissé d'affirmations aussi creuses que rebattues et présentées comme des nouveautés ? The Reporter, revue libérale de New York, a eu la bonne idée d'y regarder de près, et son n° du 7 avril donnait le résultat de cet examen. Pour commencer, les signataires appartiennent à une « Association for Asian Studies » qui compte 3.375 membres ... Il s'agit donc de tout autre chose que d'experts. Pour continuer, il s'avère que l'affaire a été montée par quatre petites organisations« pacifistes» dépourvues ..
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