QUELQUES LIVRES Université Lumumba. Celle-ci, offrant les dehors d'une université de type classique, permet la détection, le recrutement et la formation à part de jeunes gens qui deviendront des militants communistes : Hanga, premier ministre adjoint de la République populaire de Zanzibar en janvier 1964, était revenu quelques mois plus tôt de l'Université Lumumba (p. 255). Sans doute convient-il d'ajouter que la présence à Prague, dans les organes directeurs de la F.M.J.D., de l'U.I.E. (sans parler de la F.S.M. et de quelques autres organisations de masse internationales), de jeunes militants venus de tous les pays du monde, a dû permettre la constitution de nouvelles équipes. Jacques Denis (Jacques Spiewack), qui fut pendant huit ans un des secrétaires de la F.M.J.D. (avec résidence à Prague) avant d'entrer au secrétariat personnel de Maurice Thorez, puis au Comité central du P.C.F., écrivait, dans l'Humanité du 13 octobre 1965, qu'à Cuba, d'où il revenait, il avait retrouvé « les jeunes que nous rencontrions dans les manifestations internationales qu'ils rejoignaient souvent au prix de mille périls ». Et de citer Raul Castro, qui participa en 19 5 3 à la Conférence pour les droits de la jeunesse à Vienne, et le successeur de « Che » Guevara au ministère de !'Industrie, Joël Domenech, qui fut le représentant cubain à la F.M.J.D. Or, à Prague, à la même époque, Berlinguer, aujourd'hui membre de la direction du P.C.I., représentait les jeunes communistes italiens. On y voyait aussi Jacques Vergès, et le délégué du Komsomol, grand m~ître de tous ces militants, jeunes alors, était ce Chélépine, dont on a vu l'ascension dans la hiérarchie du P.C.U.S. Sans doute s'est-il noué là des liens semblables à ceux que tissait la fréquentation commune de l'Ecole léniniste internationale. ,,*.,,. La contribution de Lucien Laurat est, sous un aspect au moins, l'une des plus originales. Personne n'a jamais écrit en français sur l'histoire du parti communiste autrichien, et sans doute son historiographie n'est-elle pas beaucoup plus riche en d'autres langues. Or Laurat a suivi de très près la naissance et les premiers pas de ce parti-croupion qui, faute d'avoir arraché à la social-démocratie assez de militants et d'organisations, n'eut jamais que des « effectifs insignifiants en face de la social-démocratie, alors forte de près d'un demi-million de membres » (p. 7 5). Il aurait pu avoir ses chances, Biblioteca Gino Bianco 189 car au vo1s1nage immédiat de l'Autriche surgirent deux « républiques soviétiques » : « le 21 mars 1919, Bela Kun prenait le pouvoir en Hongrie ; le 7 avril c'était la proclamation de la République des Soviets à Munich », et ces succès à l'Est et à l'Ouest « donnaient l'impression que la victoire du communisme s'inscrivait dans la logique des choses. De mars à mai, les effectifs du P.C. passèrent de 10.000 à 50.000 membres, le chiffre le plus élevé jamais atteint dans l'entre-deux guerres » (p. 77). Malheureusement pour lui, le Parti autrichien, ravagé par les luttes intestines qui y atteignirent « un degré inconnu partout ailleurs » (p. 84 ), et dans lesquelles Ruth Fischer donna toute sa mesure, s'installa dans la stagnation et l 'inefficacité. Laurat ne serait pas loin de le regretter, ou de regretter l'une des conséquences de cette insignifiance du P.C. autrichien. La personnalité de Frédéric Adler, le prestige qu'il avait acquis en assassinant le comte Sturgh, président du Conseil, retinrent dans la social-démocratie les éléments qui, dans d'autres pays, passèrent au P.C. dans la première phase, écrit Laurat, et ce fut là une des raisons de l'échec des communistes. Toutefois, cet avantage comportait un côté négatif : les militants de gauche, en renforçant la position d'Otto Bauer et en mettant la droite (Renner-Seitz) en minorité, condamnèrent la social-démocratie autrichienne à une stérile politique d'opposition et l'empêchèrent depuis 1920 jusqu'à 1934 de participer au gouvernement, ce qui aboutit en fin de compte au triomphe des Dolfuss, Schuschnigg et Starhemberg d'abord, de Hitler ensuite (p. 75). La remarque est certainement fondée, mais on fera remarquer que Léon Blum maintint la S.F.I.O. dans une politique analogue à celle de la social-démocratie autrichienne pour une raison diamétralement opposée : le parti socialiste n'avait gardé que sa droite et une partie de son centre après la scission de Tours, et Léon Blum s'évertuait à l'écarter du pouvoir (de la « participation ») auquel tout le destinait, de peur qu'à des contacts impurs il ne s'affadît idéologiquement, de peur surtout de donner une apparence de fondement aux accusations de trahison formulées par les communistes. On voudrait n'avoir pas tant d'amitié pour B. Souvarine et pouvoir penser de lui beaucoup de mal pour avoir gardé trente-cinq ans sous le boisseau les lettres que lui adressa Trotski de mars à juin 1929, sa réponse, celle qu'il
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