, 130 à toute éventualité, les tâches étant distribuées · d'avance au cours d'une préparation minutieuse qui a fait ses preuves. « L'ennui naquit un jour de l'uniformité » : ' . , . ce morne congres communiste en porte temo1- . gnage. Le rapport du Comité central présenté par Brejnev ne contient que des redites, maintes fois lues dans la Pravda. Une phrase sur la priorité consentie à l'industrie lourde. ne passera pas pour particulièrement originale. Un passage consacré à l'art et à la littérature non plus : le Parti encourage les arts et les lettres, il n'est pas question de brimer les écrivains et les artistes, mais il faut se conformer à la ligne du Parti, il faut de l'optimis~e, il faut exalter la société nouvelle, certes sans prétendre que tout soit pour le mieux, mais pourvu qu'on ne noircisse pas notre système politique, qu'on ne calomnie pas notre peuple héroïque, qu'on ne · touche pas à ce qui est sacré, notre patrie socialiste... Etc. Comme alternance de platitudes et de banalités, impossible de mieux faire, et pour cause : les niêmes scribes qui rédigent les papiers officiels du Parti sont les auteurs du rapport de Brejnev et de bien d'autres. Rien d'étonnant que l'on ait déjà lu ou entendu cela quelque part. De même, le rapport de Kossyguine sur un nouveau plan quinquennal n'apprend rien à personne puisque le Comité central avait approuvé, le 19 février, un rapport du même Kossyguine sur le même plan, analysé et commenté dans la presse. Les spécialistes occidentaux ont eu toute latitude de comparer les prévisions de ce plan à celles du plan septennal précédent et aux chiffres qui traduisent les réalisations accomplies. Le Congrès n'a donc . . ' ., ~ . rien appris a personne, en matiere economique. Le discours de Gromyko sur la politique étrangère répète mot pour mot la phraséologie habituelle de la propagande communiste. Les interventions des « délégués » n'offrent que des variantes de ce que publient couramment les journaux, même en réprouvant le « subjec- _tivisme » pour ne pas nommer Khrouchtchev. Retenons pourtant la phrase avouant que ce subjectivisme fut « plus nuisible aux récoltes que le mauvais temps et le manque d'engrais » (démenti à l'explication du fiasco agricole par les intempéries, si largement acceptée en· Occident). Les orateurs ont donc moulu le même grain, sauf le très méprisable Cholokhov qui n'a pas besoin d'être stylé pour insulter bassement des écrivains ~ans défense. Rien ne justifie, par conséquent, le battage éhonté de la presse « bourgeoise » qui a voulu Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL faire, de ce simulacre de congrès, un .événement de l'histoire contemporaine. Les soviétologues empressés à grossir démesurément les moindres faits et gestes de la bureaucratie communiste ont dû se rabattre sur des décisions insignifiantes : retour aux appellations de « secrétaire général » et de « ·politburo ». Mais personne ne sait si le changement des étiquettes a plus d'importance que celui de la Tchéka en Guépéou. Il est absurde en pareil cas de parler d'un « retour au léninisme ». Plus significative est la suppression du passage des statuts qui prescrivait un certain renouvellement périodique des cadres du Parti. Mais de toute façon, les statuts, comme la Constitution, sont des pièces d'archives dont le pouvoir ne s'embar- ' rasse guere. Il ne s'embarrasse pas davantage du programme du Parti, ce prétendu « Manifeste communiste de notre temps » adopté au XXIIt Congrès en 1961 après trente ans d'efforts rédactionnels (car c'est le XVIe Congrès, en 1930, qui avait décidé de refaire le programme). Qui se souvient encore de la 'publicité tintamaresque orchestrée à travers 'le monde au sujet de ce programme annonciateur de la société idéale ? Là aussi, le chœur des commentateurs bourgeois sans, principes, des soviétologues sans compétence et des politiciens sans scrupules n'a pas manqué de faire écho à cette propagande abusive. Nous avons écrit alors : « On ne risque guère de se tromper en classant le nouveau programme du Parti dans la littérature de propagande qui encombre les bibliothèques soviétiques et destinée à tomber bientôt dans l'oubli » (Est et Ouest, n° 267, nov. 1961.). Or sur ce programme faramineux, les rapporteurs et les orateurs du Congrès sont restés muets comme des carpes. Qu'est-ce à dire ? Le programme se donnait essentiellement comme l'expression d'une phase de transition entre le socialisme et l'avènement ·du communisme. Mais déjà le XVIIIe Congrès, en 1939, avait proclamé que !'U.R.S.S. était entrée « dans la phase où s'achève l'instauration d'une société socialiste sans classes passant graduellement du socialisme au communisme ». D'un congrès à l'autre, avec vingtsept ans d'intervalle, cette utopie claironnée d'abord à tout l'univers finit par s'estomper dans le silence. Ainsi se trompe lourdem'ent notre bourgeoisie dégénérée qui, au lieu de considérer les faits et les actes, se laisse prendre aux théories vieillotes et aux discours creux de similicongrès à grand spectacle. B. Souv ARINE.
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