DOCUMENTS victimes de cette guerre ne tombent pas dans la dépendance des pays fournisseurs. Staline dit que, dans l'esprit de Bidault, à l'organisation internationale doit appartenir la fonction de distribuer les ressources. Bidault répond par l'affirmative. Staline dit que c'est très difficile, mais souhaitable. Staline dit que le projet qui a été discuté à Dumbarton-Oaks prévoit des fonctions militaires et économiques pour l'organisation internationale de la sécurité. Tout ce que vient de dire Bidault ne sort pas des cadres de ce projet. · Bidault dit que tout cela ne sort pas des cadres du projet, mais qu'il faudrait que cela ne restât point sur le papier. Staline dit que pour le moment cette affaire est encore« sur le papier», vu qu'il y a eu des difficultés. La position exprimée par M. Bidault · (PROCÈS VERBAL) ENTRETIEN DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DES COMMISSAIRES DU PEUPLE DE L'U.R.S.S. AVEC LE PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 8 décembre 1944 Sont présents : V. MOLOTOV; A. BOGOMOLOV, ambassadeur de !'U.R.S.S. en France; BIDAULT, ministre français des Affaires étrangères; GARREAU, représentant de la France en U.R.S.S.; B. PooTSÉROB. De Gaulle dit que les Français ont demandé une nouvelle entrevue avec le maréchal Staline, car, après les entretiens qui ont eu lieu, ils estimaient utile de l'informer de leurs plans. Staline répond qu'il est prêt à écouter. De Gaulle déclare qu'il voudrait répéter que, dans la période historique actuelle, il n'existe pour la France qu'une question importante, celle de l'Allemagne. La France a subi trois fois l'invasion allemande. Lors de la première invasion, les Français ont été battus, ils ont perdu des provinces et leur prestige. La deuxième fois, après l'invasion allemande, les Français ont remporté la victoire, mais au prix de sacrifices énormes. A la troisième invasion, la France a été entièrement occupée par l'ennemi et peu s'en est fallu qu'elle ne perdre son indépendance. De Gaulle dit qu'il évoque cette possibilité de la perte de l'indépendance parce ~ue, si l'Allemagne avait triomphé, la France n aurait pas été indépendante. Avec beaucoup de difficultés, la France a pu mener une politique qui lui a assuré l'indépendance, même vis-à-vis de ses alliés. Maintenant, cette fois-ci, les Allemands ne gagneront pas la guerre, mais ils la continuent et l'objectif de la politique française est de faire tout Biblioteca Gino Bianco 181 est proche des positions soviétique et anglaise. En ce qui concerne l'assemblée de l'organisation internationale de la sécurité, elle est nécessaire. Il faut tenir compte des exigences de la démocratie. Il faut faire en sorte que l'assemblée confie la direction de l'organisation à un organe élu par elle, dans lequel entreront les grandes puissances. Il faut procéder ainsi. Il ne faut pas créer une assemblée sans droits. L'assemblée doit donner les pleins pouvoirs à l'organe dirigeant pour organiser la sécurité. Il ne faut pas faire en sorte que les grandes puissances s'instituent elles-mêmes les dirigeants de l' organisation. Là-dessus, l'entretien prend fin. Molotov remet à Bidault le projet de pacte franco-soviétique. Bidault promet d'en prendre connaissance. Les représentants français remercient Staline de son accueil. le possible pour vaincre. Les Français le feront tant que l'Allemagne ne sera pas vaincue. Mais, même si les Allemands sont battus, l'Allemagne et le peuple allemand ne seront pas détruits. Le peuple allemand vivra, bien qu'avec des difficultés plus ou moins grandes. Etant donné que le peuple allemand subsistera, la menace allemande subsistera elle aussi. Il faut prendre des mesures pour que ce peuple ne puisse plus devenir un danger pour ses voisins. Il existe pour cela trois moyens. Ce sont : premièrement, le tracé des frontières; deuxièmement, le désarmement; troisièmement, les alliances. Les frontières. Comme d~ Gaulle l'a déjà dit, la Francé est d'accord sur le tracé des frontières orientales de l'Allemagne de la façon dont l'a indiqué le maréchal Staline. En ce qui concerne la frontière occidentale, les Français ont déclaré que la souveraineté allemande ne devait pas s'étendre au-delà du Rhin et ils ont expliqué pourquoi ils pensaient ainsi. De Gaulle dit qu'il pense que le peuple qui est situé au sud de l'Allemagne et qui a rendu à celle-ci des services importants doit être séparé à jamais de l'Allemagne. De Gaulle explique qu'il veut parler de l'Autriche. Le désarmement. Il faut prendre une série de mesures, notamment d'ordre moral et économique, car à notre époque l'économie et le 1noral d'une nation sont les sources de sa puissance militaire. Staline dit qu'il est d'accord et que nous .pensons de même. De Gaulle ajoute que les Français estiment que, du point de vue économique, il serait utile pour la paix d'utiliser le bassin de la Ruhr sous contrôle international. De Gaulle dit ensuite qu'il voudrait traiter la question des alliances. Au cours de la guerre
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