Le Contrat Social - anno X - n. 3 - mag.-giu. 1966

Documents LES ENTRETIENS STALINE - DE GAULLE, 1944 • LE MINISTÈRE des Affaires étrangères de !'U.R.S.S. a publié en 1959 un recueil de documents diplomatiques sous le titre : Relations soviéto-françaises au temps de la grande guerre patriotique, 1941-1945 (Editions de l'Etat, Moscou, 55-1 pp.). Ce volume comprend 272 pièces, plus 16 en annexes et 60 notes explicatives. Il va de soi que la publication, à cette date, répondait à des considérations de haute politique internationale. Mais à sept années d'intervalle, une bonne partie de ladite documentation a gardé toute sa valeur d'actualité, le reste étant matière à travaux d'histoire. Il y aurait lieu d'analyser l'ensemble de ces textes et d'en dégager ce qui a encore trait à la situation présente comme à ses développements possibles, ce que nous ne sommes pas en mesure de faire dans une revue aux moyens aussi mo- (PROCÈS-VERBAL) ENTRETIEN DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DES COMMISSAIRES DU PEUPLE DE L'U.R.S.S. AVEC LE PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 2 décembre 1944 Sont présents : V. MOLOTOV; A. BoGOMOLOV, ambassadeur de !'U.R.S.S. en France; Roger GARREAU, représentant de la France en U.R.S.S.; B. PonTSÉROB. Après l'échange des salutations, Staline demande à de Gaulle s'il a fait bon voyage. De Gaulle répond que ses compagnons et lui ont voyagé dans de très bonnes conditions grAce aux mesures prises par le gouvernement soviétique. Staline demande si de Gaulle est allé à Stalingrad. Biblioteca Gino Bianco destes que les nôtres. Du moins est-il possible d'en extraire trois pièces essentielles, à savoir les procès-verbaux des trois séances de négociations où Staline et de Gaulle ont dialogué sur les problèmes du moment et les perspectives d'avenir. Assez de temps ayant passé, cet avenir est maintenant tout proche, peut-être même imminent, et il importe de savoir de source incontestée sur quelles positions se sont tenus les deux interlocuteurs de 1944 alors que leur échange de vues portait principalement sur l'Allemagne, sur la Pologne et sur l'Europe en général. De part et d'autre, la continuité de vues est certaine, et nul n'est censé ignorer que les successeurs de Staline n'ont jamais retranché un iota de leur héritage en matière de politique extérieure. Après lecture des procès-verbaux publiés ciaprès, on comprendra mieux la suite des relations franco-soviétiques. De Gaulle répond qu'il est allé à Stalingrad et que cette ville dont le nom marque le tournant de la guerre actuelle a fait sur lui une forte impression. Staline demande si de Gaulle a vu les ruines. De Gaulle répond qu'il a vu les ruines, et également le commencement des travaux de reconstruction dans la ville. Puis de Gaulle dit qu'il avait fait savoir à Mos• cou son désir de voir le maréchal Staline par l'aimable entremise de l'ambassadeur Bogomolov, lequel lui avait communiqué que le maréchal Staline était d'accord pour le rencontrer. Puis de Gaulle dit que son premier contact avec le gouvernement soviétique avait eu lieu en 1942 à Londres, où il a rencontré Molotov. De Gaulle ajoute qu'il se rappelle ce dont ils avaient alors parlé. La situation est à présent plus claire.

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