Le Contrat Social - anno X - n. 3 - mag.-giu. 1966

....... 160 La superbe opération de contre-espionnage était terminée (...). Pendant près de .six ans, le Trust avait · servi de paratonnerre et fait avorter les complots et tentatives terroristes de l'émigration blanche. Les personnalités du Trust : Iakouchev, Potapov, Langovoï et autres tchékistes, avaient montré une rare habileté manœuvrière dans la guerre secrète imposée à l'Etat soviétique par ses ennemis. Le succès de l'opération était dû au fait· qu'elle avait été dirigée par des hommes remarquables tels que Dzerjinski, Menjinski, Artouzov et Pillar (pp. 348-49). Pour conclure sur une note sentimentale, Nikouline narre le destin, souvent tragique, des principaux tchékistes du Trust. Iakouchev, particulièrement visé par les émissaires terroristes de Koutiépov, fut contraint de se réfugier en province; il mourut de ~a belle mort vers 193 5. Potapov reprit son poste de professeur à l'Académie militaire ; il prit sa retraite en 1938 et mourut en 1946. Langovoï mourut à Moscou en 1964 ; ses souvenirs aidèrent beaucoup Nikouline à rédiger son « roman-chronique ». Roman Birk vécut à l'étranger, où les révélations publiées pat Staunitz le mirent dans une situation difficile ; au début de la deuxième guerre mondiale, il figurait sur la liste noire du Sicherheitsdienst hitlérien ; son sort reste inconnu. Artouzov, « l'homme d'une pureté cristalline », dénonçait hardiment les vices du N.K.V.D. et ne cessait de rappeler les beaux principes de Dzerjinski ; « victime de calomnies », il fut exécuté en 1937 dans une épuration stalinienne ; il a été réhabilité post mortem. Pillar, « authentique révolutionnaire bolchévik », connut en 1937 le même sort que Artouzov et fut, comme lui, réhabilité. Le même destin attendait le tchékiste auquel Nikouline donne le nom de Starov. Quant à V.S. Kossinov-Kiakovski, alias Kolesnikov, il fut Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL assassiné en 1932 en Mongolie par des fanatiques religieux de l'endroit. L'effondrement du Trust provoqua des représailles de la part des Russes blancs. Stau- . nitz-Opperput, Marie Zakhartchenko et Voznessenski, un nouvel émissaire de Koutiépov, furent envoyés à Moscou pour faire sauter l'immeuble du Guépéou de la rue Loubianka. Ils réussirent à installer une charge de mélinite et des bombes incendiaires, mais les tchékistes prévinrent l'explosion. Après cet échec, les terroristes s'enfuirent en deux groupes vers la frontière polonaise. Près de Smolensk, StaunitzOpperput fut surpris et abattu après une résistance acharnée. Zakhartchenko et Voznessenski tombèrent sur une patrouille de caval~rie : Voznessenski fut tué sur place et Zakhartchenko mourut de ses blessures quelques heures plus tard. Radkévitch et un certain Monomakhov franchirent la frontière finlandaise dans la nuit du 4 juin 1927. Ils étaient charg.és d'abattre les tchékistes de la direction du Trust. Dans l'impossibilité de les trouver, Radkévitch finit par lancer une bombe dans le bureau des laissezpasser du Guépéou. Les deux terroristes furent rattrapés près de Podolsk : Radkévitch se suicida et son compagnon fut capturé. Depuis l'affaire du Trust, les méthodes du Guépéou ont beaucoup évolué, elles sont de- . venues plus directes et parfois plus brutales : on se souvient de l'enlèvement, en plein Paris, du général Koutiépov, puis du général Miller. Par la suite, de multiples opérations eurent lieu, où le jeu subtil de Dzerjinski n'était plus de saison, mais cette phase d'activités secrètes ne trouvera son historien qualifié que dans. un avenir imprévisible. E. DELIMARS.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==